LA FOI DU CORPS
CHRISTUS N°229
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Claire-Anne BAUDIN
Dans le corps se joue l’acte de Dieu. Dans le corps actuel ainsi que dans l’histoire corporelle qui nous constitue et qui est unique.
Il agit dans le corps en croissance, dans le corps heureux et dans le corps en souffrance. Dans ce que nous ne suscitons pas et ne dominons guère, il nous crée et nous modèle. La confiance dans l’acte de Dieu à ce niveau tout à fait radical, cette confiance que, par Dieu, la vie travaille à la vie, autorise à en parler un peu, en particulier dans les événements décisifs de l’existence corporelle. L’un d’eux, qui ne concerne pas seulement les femmes, est l’accouchement, la mise au monde par une femme de son bébé. En conduisant une réflexion sur cet événement de la vie, nous porterons notre attention sur les alternances d’activité et de passivité dans l’accouchement ; non pas uniquement l’activité et la passivité nécessaires pour accoucher, mais celles des dispositions intérieures qui accompagnent les différentes phases de cette aventure. Car c’est autant dans l’activité physique que dans la passivité que Dieu agit en nous, mais non pas de la même manière.
Dans la passivité originaire de la vie
La femme qui accouche découvre une puissance qui ne dépend pas particuli&e...
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Amour
Corps
Création
Enfant
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Paix
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Service
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QUAND LA BIBLE PARLE D’ENFANTEMENT
CHRISTUS N°229
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Anne-Marie PELLETIER
Dieu masculin, Dieu féminin ? Dieu père, mais aussi mère ? Ces propositions, impensables pour les générations passées de lecteurs de la Bible, sont aujourd’hui communes. Retombées d’une histoire qui, au XXe siècle, s’est rendue sensible à la différence des sexes comme noeud de la condition humaine ? Certainement, et heureusement. Les Écritures bibliques ne pouvaient échapper au débat, en notre culture, sur la domination symbolique, qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin, comme l’énoncent benoîtement nos grammaires. C’est ainsi qu’un imaginaire tacitement masculin de Dieu comme les schémas patriarcaux en sous-main des récits bibliques se sont vus placés sous les feux d’une conscience critique. C’est par là aussi que s’est gagnée une perception plus sensible d’un versant de la révélation qui avait été ignoré ou négligé, et qui concerne tout ce dont faisait peu de cas une tradition qui trouvait ses avantages à ne nommer Dieu qu’à travers des références masculines : roi, juge, berger, guerrier, ou encore « père » dans l’acception la plus patriarcale du mot. Quitte à contrebalancer l’image ainsi formée par de prétendus adoucis...
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Bible
Corps
Création
Dieu
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Jésus-Christ
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Salut
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LE LIEN MATERNEL
CHRISTUS N°229
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Nicole JEAMMET
Emmanuelle MAUPOMÉ
Christus : Le rôle de la mère n’est-il pas d’abord engagé dans la chair, alors que celui du père le serait davantage dans la loi, donc dans une certaine séparation d’avec la chair ?
Nicole Jeammet : Au départ, la mère doit faire croire à l’enfant que c’est lui qui fait advenir les choses qu’il désire, qui crée le monde – illusion, en quelque sorte, du même que lui. S’il désire le lait, aussitôt le sein arrive dans la bouche. S’il est mouillé, aussitôt la mère le change, etc. C’est, selon Winnicott, la « préoccupation maternelle primaire ». Mais la mère ne sera « suffisamment bonne » que si, ensuite, elle peut « désillusionner » l’enfant. C’est aussi bien le rôle de la mère que du père. Car pour accepter l’altérité, accepter la différence, accepter que je ne crée pas le monde, et qu’à un certain moment c’est exactement le contraire de ce que je désire qui se passe, il faut avoir fait des expériences suffisamment sécures. C’est la sécurité qui permet la confiance.
Emmanuelle Maupomé : Il me semble que les deux, père et mère, sont engagés dans un rapport à la chair et à la loi vis...
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Amour
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Famille
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Loi
Mère
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Pédagogie
Psychologie
Désir
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L’AUTORITÉ DANS LE COUPLE
CHRISTUS N°218
-
Yves ROULLIÈRE
Une fois tous les trois ans, lors de la fête de la Sainte Famille, les fidèles admirent la manière dont le prédicateur passe sous silence la deuxième lecture. À sa décharge, il faut bien avouer qu’insister sur Colossiens 3,12-21 ne serait pas à même de contribuer à la paix des ménages, en tout cas en contexte occidental et en cette période de Noël où les familles, cahin-caha, tentent de se réunir, voire de se reconstituer. On connaît les deux versets les plus problématiques : « Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle » (v. 18-19).
On aura beau « les replacer dans le contexte de l’époque », ces injonctions feront immanquablement grincer des dents. D’une part, les femmes modernes ne pourront qu’être offusquées par cette soumission qui est exigée d’elles, comme si elles étaient incapables de s’assumer elles-mêmes, et les hommes ne pourront qu’être agacés par le lourd soupçon, assené comme une évidence, qu’ils manquent de sentiment et font souffrir leur femme (chose d’autant plus irritante qu’elle est en l’occurrence énoncée par un homme). Ce...
METTRE AU MONDE
CHRISTUS N°217
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Brigitte PICQ
Expérience la plus partagée qui soit, la venue d’un enfant au monde ne peut être évoquée hors d’une expérience à chaque fois singulière. Le lot commun, devant la naissance, est donc d’avoir recours à des mots qui ne peuvent surgir que d’une histoire personnelle, pour dire cet événement, toujours identique, toujours différent, d’une mère à l’autre, et, pour la même mère, d’un enfant à l’autre. Une naissance, n’est-ce pas avant tout une émotion bouleversante qu’accompagne le plus souvent la joie ? Cette joie est faite d’étonnement, d’admiration, d’émerveillement, et même de contemplation devant cet enfant qui semble venir d’ailleurs, mais elle peut être aussi faite de crainte. C’est donc une joie un peu tremblante, consciente de sa fragilité devant l’immensité du don reçu, devant la fragilité aussi de ce petit être qui vient d’apparaître et devant l’inconnu de la vie qui se présente comme promesse. Cependant, cette joie est le plus beau signe de l’espérance, car le désir d’enfant, que réalise la naissance, se montre toujours plus fort que la conscience du risque qu’il pourrait y avoir à transmettre la vie.
Nouveau et autr...
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Parole de Dieu
Parole d’homme
Pédagogie
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FACE AU MYSTÈRE DE LA VIE
CHRISTUS N°213
-
José Raul Arbelaez
Ce que je vais vous raconter s’est passé à l’Hôpital Universitaire de Manizales, à l’est de la Colombie. On autorisait des novices jésuites à y faire ce qu’on appelle traditionnellement « le mois d’hôpital ». En mai 1995, nous étions trois à traverser la porte de l’hôpital, pleins d’enthousiasme à l’idée de commencer ce mois. C’était un lundi matin.
Quelqu’un nous a dit que nous devions rester dans la salle des urgences pour aider les infirmiers à ce qu’ils pourraient nous estimer capables de faire ; et puis, nous pouvions chercher à parler aux personnes malades pour essayer de leur apporter un peu de réconfort et d’adoucir leur souffrance.
Les cris de douleur de la femme
Je me trouvais là lorsqu’un après midi j’ai reçu l’autorisation que j’attendais depuis quelques jours. Très vite, une infirmière m’a amené à l’étage indiqué. Nous sommes entrés dans une salle. Sans me donner trop de renseignements, on m’a donné un vêtement chirurgical. Je me le suis mis à toute vitesse sans cacher mon anxiété. Ensuite, j’ai suivi l’infirmière tout au long d’un couloir assez large. Elle s’est arrêtée fac...
TYPOLOGIE HISTORIQUE DE LA VIE CONSACRÉE
CHRISTUS N°210
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Barbara Beaumont
« Comment ne pas faire mémoire avec reconnaissance envers l'Esprit de l'abondance des formes historiques de vie consacrée suscitées par lui et présentes aujourd'hui dans le tissu ecclésial ? Ces formes ont l'aspect d'une plante aux multiples rameaux, qui plonge ses racines dans l'Evangile et produit des fruits abondants à tous les âges de l'Eglise » 1. Puisque « l'histoire est autant explication que description et reconstitution » 2, il peut être opportun de considérer les origines de certains types de vie consacrée 3, depuis les ermites du désert égyptien jusqu'aux nouvelles « communautés plurielles ». Cette évolution n'étant certainement pas terminée, la connaissance du passé permet de mieux affronter les problèmes présents et de préparer l'avenir. En effet, certaines étiquettes affichées de nos jours témoignent d'un flou dans les définitions : par exemple, le label « moniale » est employé assez librement par des femmes qui font de l'évangélisation des plages, l'été, ou bien qui travaillent à mi-temps en entreprise.
Au commencement était la vie monastique
Au commencement était la vie monastique elle est en fait présente dans toutes les grandes religions. Des hommes ou des femmes se...
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Catholicisme
Choix de vie
Eglise
Expérience spirituelle
Femme
Spiritualité monastique
Vie religieuse
Temps
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CHIARA LUBICH ET LE MOUVEMENT DES FOCOLARI
CHRISTUS N°201
-
Jean-Pierre Rosa
La vie de Chiara Lubich 1 se confond avec le Mouvement des Focolari — ou « œuvre de Marie » — qu'elle a fondé il y a juste soixante ans. Paradoxalement assez peu connu en France, le Mouvement des Focolari est sans doute un des mouvements les plus originaux et prometteurs nés dans l'Église du XXe siècle. Pour le comprendre, nous commencerons par souligner trois traits spécifiques, et particulièrement étonnants, du Mouvement des Focolari. Puis, après avoir exposé la spiritualité et la vie de Chiara Lubich, nous essaierons de pointer quels défis attendent encore la fondatrice et son Mouvement.
Les paradoxes du Mouvement
D'un côté, avec plus de 80000 membres répartis en plus de 182 pays, les Focolari sont clairement un « mouvement de masse ». Surtout si l'on tient compte des divers rassemblements (Mariapolis) ou de la pratique de la « Parole de vie » (un extrait de l'Écriture, le plus souvent du Nouveau Testament, commenté et vécu pendant un mois) qui touche près d'un million de personnes dans le monde. D'un autre côté, les Focolari mènent une vie communautaire exigeante. Le Focolare, qui est un peu l'âme du Mouvement, réunit, par communautés de trois à huit personnes, des célibataires — auxquels s'agrègent des personnes mari&ea...
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Célibat
Charismes
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Evangélisation
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Marie
Volonté de Dieu (volonté)
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LE MÉPRIS COMME UN BROUILLARD
CHRISTUS N°195
-
Jacques ARÈNES
Durant les deux premières années de mon mariage, mes rapports avec ma femme furent, je puis aujourd'hui l'affirmer, parfaits. Je veux dire que pendant ces deux années l'accord complet et profond de nos sens s'accompagnait de cet obscurcissement ou, si l'on préfère, de ce silence de l'esprit qui (...) suspend toute critique et s'en remet à l'amour seul pour juger la personne aimée. (...) L'objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l'aimer et à ne pas la juger, Emilia au contraire découvrit ou crut découvrir certains de mes défauts, me jugea et, en conséquence, cessa de m'aimer » 1.
Dans Le mépris, Moravia décrit le processus de « désidéalisation », qui s'avère le passage délicat auquel de nombreux couples ne survivent pas. L'idéalisation amoureuse met, dans un premier temps, le jugement en suspens. En ce temps de la « cristallisation », chère à Stendhal, même les défauts de l'aimé(e) semblent aimables. La sortie de l'illusion souligne durement les traits de caractère, autrefois amusants, qui deviennent d'affreux défauts. La désillusion devrait permettre d'aboutir à un point de vue plus nuancé sur l'aimé(e), à un accès à l'ambivalence qui serait la nécessaire reconnaissa...
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Affectivité
Amour
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Culpabilité
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Femme
Grâce
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Mensonge
Psychologie
Réconciliation (confession)
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L'IMPOSSIBLE PREMIÈRE PIERRE
CHRISTUS N°192
-
Pierre-Marie Hoog
La femme adultère
Jésus partit au mont des Oliviers.
Mais à l'aurore, de nouveau, il arrivait au Temple et tout le peuple venait vers lui et, assis, il les enseignait.
Or les Scribes et les Pharisiens lui amènent une femme surprise en adultère et, l'ayant placée au milieu, ils lui disent :
« Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a commandé de lapider de telles femmes ; toi donc, que dis-tu ? » Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir motif de l'accuser. Mais Jésus, se penchant, du doigt écrivait sur la terre.
Comme ils continuaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché, le premier jette sur elle une pierre. »
Et, se penchant à nouveau, il écrivait sur la terre. Mais eux, ayant entendu, sortirent l'un après l'autre, à commencer par les plus vieux ; et on le laissa seul, et la femme étant au milieu.
S'étant redressé, Jésus lui dit : « Femme, où sont-ils ?
Personne ne t'a condamnée ? »
Elle dit : « Personne, Seigneur. » Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Pars ; désormais, ne pèche plus. »
Jean 8,1-11
Une double indication e...
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Faute
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Pardon
Passion
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UNE FOI TRANSMISE PAR LES FEMMES
CHRISTUS N°190
-
Robert SCHOLTUS
Et si l'on commençait par se réjouir que des femmes en grand nombre, après des siècles de soumission institutionnelle, de retrait domestique ou de silence conventuel, aient osé prendre la parole que les clercs leur avait confisquée, se soient engagées à participer activement à l'« office prophétique » du Christ et à l'animation de son corps ecclésial ! C'est par centaine de milliers que se comptent aujourd'hui en France les femmes, mères de familles, célibataires, religieuses et consacrées, qui ont investi le meilleur d'elles-mêmes, leur foi, leur savoir-faire, leur temps et, de plus en plus fréquemment, la formation théologique qu'elles ont eu le courage d'acquérir, au service de l'éveil de la foi, de la catéchisation des enfants, de la pastorale des sacrements de l'initiation chrétienne, de l'animation des aumôneries de jeunes et des communautés paroissiales, de la formation permanente des chrétiens...
Déséquilibre des polarités masculine et féminine
Il n'est sans doute pas illégitime de s'interroger sur les conséquences de ce que l'on nomme, par analogie notamment avec l'Education nationale, la « féminisation des personnels d'Eglise », et singulièrement celle des « agents de la transmission de la foi &r...
QUAND LA MYSTIQUE RÉCONCILIE LE MASCULIN ET LE FÉMININ
CHRISTUS N°190
-
Michel RONDET
Vous tous, en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous, vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus » [Ga 3,27-29). Voilà la nouveauté de l'Evangile pour Paul ! Faut-il alors comprendre que Jésus est venu abolir toutes les différences qui peuvent marquer nos existences historiques ? Paul nous permet d'y voir plus clair quand il précise, dans un autre contexte : « En sa personne, il a tué la haine » (£p 2,16). Il est venu renverser les barrières que l'envie, la jalousie, le ressentiment ne cessent d'élever entre les humains, y compris entre les hommes et les femmes. Il n'a pas aboli pour autant l'oeuvre même du Créateur : « Homme et femme, il les créa. » Il s'y réfère dans son enseignement et, s'il ne fait pas acception de personne, il sait bien reconnaître hommes et femmes dans leur singularité même. Quand il s'adresse à Simon le pharisien : « Tu vois cette femme... » {Le 7,44), il sait discerner avec délicatesse tout l'amour qu'expriment ses gestes très féminins 1. Les évangiles, sans s'y attarder, soulignent qu'hommes et femmes n'ont pas les mêmes réactions devant Jésus. A l'annonce de la passion, Pierre réagira en se pr...
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Femme
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« HOMME ET FEMME » IL LES CRÉA
CHRISTUS N°190
-
Marie Vidal
Comment entendre cette première parole de la Bible sur l'homme et la femme ? Peut-être avec l'accent de Jésus dans sa parabole dite « du mauvais riche et du pauvre Lazare » (Le 16). Enseignant l'importance de l'écoute, Jésus met dans la bouche d'Abraham ces appels : « Ils ont Moïse et les Prophètes, qu'ils les écoutent ! », puis : « S'ils n'écoutent ni Moïse ni les Prophètes, quelqu'un ressusciterait d'entre les morts, ils ne seraient pas convaincus. » Moïse, c'est la Torah. Les disciples de Jésus ont la Torah, les Prophètes et des oreilles. Il convient qu'ils écoutent la richesse des mots de la Torah, car, en recevant leurs sens multiples, ils accueillent simultanément l'identité et les relations des humains.
L'expression traduite hâtivement par « homme et femme » ou « mâle et femelle » appartient aux onze premiers chapitres de la Torah écrite (Gn 1-11). Une lettre hébraïque inversée par rapport à sa position habituelle les clôt. La Torah orale enseigne que les paroles mises ainsi en exergue sont universelles. Elle ne les situe pas en une chronologie linéaire mais à tout moment de la vie des humains, afin que le monde tienne.
La Torah énonce deux noms féminins pour désigner la terre : 'èrèts (Gn 1,2)...
LA MYSTIQUE AFFECTIVE EST-ELLE FÉMININE ?
CHRISTUS N°190
-
Paul Verdeyen
Il est très difficile de définir la « mystique » en général, ce mot ayant eu tellement de sens différents au cours des siècles. Evoquer la « mystique affective » du Moyen Age, en outre, n'est pas sans danger, car aussitôt de nombreux lecteurs se remémorent les visions et aberrations de certaines femmes névrosées et hystériques. Pourtant, les témoignages d'une mystique affective abondent chez les cisterciennes et les béguines du XIHC siècle. Leurs textes sont d'une telle qualité psychologique, littéraire et religieuse, qu'il ne serait pas honnête de les reléguer dans les oubliettes de l'histoire
La mystique de Béatrice de Nazareth
La mystique affective du Moyen Age est-elle féminine ? Pendant de longues années, j'ai pensé pouvoir donner à cette question une réponse affirmative. J'étais fasciné par les textes en moyen-néerlandais de Béatrice de Nazareth (1200-1268) et d'Hadewijch d'Anvers (1200- 1260). Qu'on me permette de présenter quelques textes-témoins. Je commence par un texte de Béatrice, prieure cistercienne de Nazareth près de Lierre dans la province d'Anvers. Je le traduis et le subdivise d'une nouvelle manière :
« Parfois, il arrive que l'amour s'éveille doucement dans l'âme...
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SPIRITUALITÉ AU FÉMININ ?
CHRISTUS N°190
-
Claude Langlois
Auteur d'un monumental ouvrage, Le catholicisme au féminin, sur l'expansion des congrégations apostoliques féminines au xix" siècle, le professeur Langlois se concentre ici sur les dimensions masculines et féminines des pratiques dévotionnelles au cours de ce siècle.
Voilà plus de quinze ans, dans l'introduction de ma thèse consacrée aux congrégations religieuses 1, je m'interrogeais sur la féminisation du catholicisme au XIXe siècle J'en distinguais trois aspects : la féminisation de la pratique, déjà connue par quelques exemples et attestée depuis à mesure que l'information nous parvenait sur les autres diocèses de France ; la féminisation des « permanents » par l'arrivée massive des religieuses, maintenant en plus grand nombre (plus de 130 000 vers 1880) que les prêtres, religieux et frères enseignants ; la féminisation, enfin, de la piété. Sur les deux premiers points, la démonstration a été faite, même si, pour le premier dossier, il n'y a pas unanimité sur l'évolution au XXe siècle et si, pour le second, il faut évidemment rappeler que la réalité du nombre ne supprime pas la différenciation des statuts, et notamment la masculinité de l'accès au sacerdoce.
Mais que peut-on dire d...
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Cœur de Jésus
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Saint Jean de la Croix
Sainte Thérèse de Lisieux
Spiritualité monastique
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LES LARMES DANS LA PRIÈRE
CHRISTUS N°185
-
Geneviève PERRET
On répugne souvent à expliquer — au cours des retraites ignatiennes où sont commentées les règles du discernement des esprits — la consolation par les larmes telle qu'en parlent les Exercices. A tout le moins, on hésite à traiter le sujet au-delà de son aspect de « consolation douloureuse ». Ce n'est pas sans raison : trop s'y attarder pourrait conduire les auditeurs à des erreurs fâcheuses, surtout s'ils sont émotifs. Mais aussi les larmes gênent. Beaucoup y décèlent quelque chose de suspect. On aaint le trouble pathologique ou l'égarement d'une sensibilité mal contrôlée. Par ailleurs, se retenir de pleurer est souvent perçu comme une expression de maîtrise de soi. Enfin, ce n'est guère sans embarras que certains accompagnateurs supportent les pleurs pendant les entretiens. Voilà qui ne contribue pas à donner sa vraie place à la fonaion des larmes dans la prière, que saint Ignace situe comme une manifestation de la consolation.
Les Exercices spirituels, en effet, font souvent mention des larmes. On peut en trouver dix-sept occurrences dans la version manuscrite, qu'il s'agisse du substantif « Idgnmas » ou du verbe « llorar ». Elles sont toujours considérées comme une chose désirable, une grâce à demander expresséme...
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« DANS L’HÉRITAGE DE QUI VAIS-JE SÉJOURNER ? » (SI 24,7)
CHRISTUS N°233
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Yves SIMOENS
Yves SIMOENS s.j. Exégète, Institut biblique (Rome) et Centre Sèvres (Paris). A récemment publié aux Éditions Facultés jésuites de Paris : Le corps souffrant : de l’un à l’autre Testament (2005), Apocalypse de Jean, apocalypse de Jésus Christ : une tradition, une interprétation (2008) et Croire pour aimer : les trois lettres de Jean (2011). Dernier article paru dans Christus : « La médiation du serviteur : sur Isaïe 52,13–53,12 » (n°228, octobre 2010).
Le premier intérêt du verset de Si 24,7, provient de la question ainsi posée. C’est notre question à tous : quelles sont les conditions pour hériter de la Sagesse ? Mais il faudra revenir sur les nuances de cette formulation. Son deuxième intérêt consiste à faire porter la question sur la Sagesse avant toute autre considération spirituelle et religieuse plus particulière ou contingente. Troisième intérêt de ce verset enfin : il instaure une hiérarchie parmi les sujets qui concernent le rapport à une tradition, à un lieu, à une époque. La Sagesse cherche à intégrer cet ample faisceau de réalités. Elle nous introduit au coeur du sujet. La question posée prend place dans un discours de la Sagesse sur elle-même. Son an...
ET SI L’AMOUR DURAIT
06 MARS 2012
Il y a quelques années, Alain Finkielkraut publiait un petit ouvrage : Et si l’amour durait. A la fin du titre ni point d’interrogation, ni trois petits points. Tout le livre a pout but de faire que le lecteur s’interroge sur le statut de l’amour dans notre société contemporaine.
L’air de ne pas y toucher, lisant avec empathie et finesse quatre œuvres apparemment ‘purement’ littéraires, Finkielkraut fait œuvre de moraliste et presque de théologien. Il part de la question centrale : vouloir bâtir une union qui dure toute une vie avec un autre être humain est-il un projet moral viable ? Est-ce un objectif crédible et désirable ? La fragilité du lien amoureux, encore plus visible en notre époque, ne condamne-t-elle pas les prétentions d’un lien conjugal qui se veut sans limites temporelles ? Selon ces mots : « Qui ose croire que deux êtres vivants depuis longtemps ensemble ne finissent pas l’un ou l’autre, voire plus fréquemment, l’un et l’autre par se lasser ? » (42).
Au travers des quatre œuvres lues, une du XVIIIe siècle, La princesse de Clèves, et trois du XIXe siècle (Bergman, Roth, Kundera), Finkielkraut met en lumière l...
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BARBARA OU LES SENTIERS D'UNE DÉCISION
26 JUIN 2012
Nous retrouvons cette atmosphère oppressante et grise des dictatures communistes, la surveillance humiliante et bête à la fois de la Stasi, la soif de liberté qui se cache en certains êtres, quel que soit leur âge ou leur profession, « ce climat propre à la société totalitaire, où la suspicion généralisée règle les rapports sociaux et où l'abjection, domestiquée, devient pure affaire de routine » (J. Mandelbaum). Le personnage central, celui de Barbara, est celui d’une femme médecin qui vient d’être mutée de la capitale dans un obscur petit hôpital au bord de la Baltique pour des raisons que nous devinons vite mais qui restent quelque temps vagues… Nous découvrons peu à peu qu’elle a demandé à émigrer en Allemagne de l’Ouest pour épouser un homme d’affaires de l’Ouest rencontré on ne sait comment et qu’elle retrouve secrètement avec des précautions dignes d’un super espion. Cette demande lui vaut d’être surveillée en permanence.
Le drame du film est intérieur et, pour une large part, nous n’y avons pas accès. La profondeur étonnante des êtres humains, l’alchimie étrange d&...
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DEMEURER VEUVE : UNE DÉCISION À RECEVOIR
CHRISTUS N°236
-
Marie-Dominique Corthier
Dans les premières années du veuvage, quand on se retrouve seul, la première difficulté est d’apprivoiser un état de vie que l’on n’a pas choisi et qui renvoie à une nouvelle identité : Qui suis-je désormais ? Quelle est ma place au sein de la famille et dans la société ? Il faut aussi apprivoiser la solitude – apprendre à penser et à agir seul. C’est un apprentissage qui ne va pas sans hésitation, un peu comme un enfant qui fait ses premiers pas et avance en titubant.
Re-choisir sa vie
Pour ma part, ce n’est qu’au bout d’un certain nombre d’années, lorsque s’est installé un nouvel équilibre de vie, que j’ai commencé à m’interroger vraiment sur mon avenir, et sur les choix à poser pour le construire librement.
Je m’interrogeais d’abord au niveau humain : Comment l’être affectif que je suis va-t-il poursuivre sa route ? Comment rester une femme vivante et continuer à aimer ? N’y a-t-il pas quelqu’un avec qui je puisse faire un bout de chemin ? Je ne me fermais pas à cette hypothèse, et quand j’acceptais de l’envisager, je sentais même un véritable élan intérieur, bien qu’il n’y ait personne à l’horizon. Mais il y avait aussi des questions plus profond...
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