Désolation

À MI-PARCOURS
CHRISTUS N°226
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Christine LEFROU
À vingt ans, j’ai eu la chance d’avoir eu à faire des choix dans mes études : choix entre plusieurs écoles après la réussite aux concours, puis choix de la discipline une fois entrée à l’École Nationale Supérieure (ENS). Je ne connaissais pas encore les règles du discernement de saint Ignace, mais j’ai expérimenté de manière forte que le discernement se faisait entre deux choses bonnes. Comment choisir entre Polytechnique ou l’ENS, entre les ma­thématiques, la physique ou la chimie ? Je reste persuadée aujourd’hui que j’aurais été aussi très heureuse après un choix différent posé à cette époque.   Discernements Après avoir soutenu une thèse à caractère fondamental à l’ENS, je suis allée travailler dans le centre de re­cherches d’une industrie française et j’y ai découvert une autre manière de faire de la recherche. Après cinq ans, j’ai quitté la région parisienne pour Grenoble en revenant à la recherche universitaire. Je suis aujourd’hui en­seignant-chercheur en chimie-physique dans une école d’ingénieurs. Ce choix, porté et mûri pendant plusieurs mois, allait encore m’apprendre par l&rsq...
Mots clés : Désolation Discernement Grâce Mission Pédagogie Prière Science Tentation Vérité Temps
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LA TENTATION DU DÉCOURAGEMENT
CHRISTUS N°224
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Dominique SALIN
«Le démon de mon coeur s’appelle : À quoi bon ? » Sous la plume de Bernanos, au moment où il entame Les Grands cimetières sous la lune, terrible réquisitoire contre la répression franquiste et l’agenouillement de l’épiscopat espagnol, l’aveu surprend. Tenté par le découragement, lui, l’indomptable, qui aura mené tant de combats contre la bêtise et la veulerie humaines ? Les familiers de son oeuvre savent jusqu’où a pu aller, chez lui, la tentation de rendre les armes devant les difficultés du métier d’écrivain et d’abord du métier d’homme. Son exemple – sa foi – nous encourage. Sans avoir, peut-être, frôlé les mêmes abîmes que lui, nous connaissons trop bien l’af­freuse tristesse qui peut nous étreindre au spectacle de nos défaites. Grands ou petits combats, nos luttes contre nous-mêmes ou contre l’entêtement de la réalité peuvent se conclure par un : « Je n’y arri­verai jamais ! », ou : « Ce n’est même pas la peine d’essayer », ou : « Après tout, qu’ils se débrouillent sans moi ! », qui, à la longue, enfoncent dans le désespoir. Bernanos aurait beaucoup à nous apprendre. Mais ce n’est pas &...
Mots clés : Courage Démon Désolation Dieu Epreuve Exercices spirituels Expérience spirituelle Foi Miséricorde Tentation
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L’EXPÉRIENCE DU PROPHÈTE ÉLIE
CHRISTUS N°224
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Éliane Poirot
Élie le Thesbite, qui a fermé le ciel par sa parole ; Élie le thauma­turge, qui a multiplié farine et huile pour une veuve qui l’héber­geait, et dont il a ressuscité le fils ; Élie le grand prophète, à qui Dieu répondit en faisant descendre le feu sur son sacrifice devant tout Israël et qui a massacré les prophètes de Baal ; Élie l’homme de Dieu, dont la prière a rouvert le ciel pour en faire descendre la pluie ; Élie qui, au comble de son exaltation, a couru miraculeusement devant le char d’Achab ; ce grand Élie, à la menace d’une femme, Jézabel, fuit au désert. Là, il se laisse choir sous un genêt, il demande la mort et dit : « Assez ! Maintenant, Seigneur, prends mon être ! » (1 R 19,4). Repu de fatigue et de désespoir, il s’abandonne au sommeil, mais un ange vient le toucher et lui souffle : « Lève-toi ! Mange ! » Sitôt redressé, il aperçoit près de sa tête un pain d’épeautre et une cruche d’eau ; il mange, boit, mais se recouche ; l’ange l’invite à se refaire des forces : « Oui, le chemin est trop long pour toi ! » Élie se met en marche, et au terme de quarante jours et quarante nuits de prière et de jeûne, il arrive, exténu&eacute...
Mots clés : Bible Désolation Humilité Mystique Prophète Providence Souffrance Théologie Oecuménisme
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UN TRÉSOR DANS DES VASES D’ARGILE
CHRISTUS N°224
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Gómez Dolores Palencia
Comme dans toute histoire person­nelle, j’ai eu à connaître des étapes heureuses et d’autres malheureuses. Après certains moments-clés, après une blessure ou une confrontation avec mes manques et mes faiblesses, après des expériences « frustrantes », j’ai pu commencer un nouveau chemin de croissance, des portes se sont ouvertes lorsque toutes les fenêtres semblaient se fermer. Expériences positives et ex­périences négatives m’ont amenée à développer des potentiels que j’ignorais ; j’ai découvert de nouvelles facettes de ma personnalité, de mon tempérament, et j’ai beaucoup appris sur l’être hu­main. La relation pleine de délicatesse avec des amis, accompagnateurs, soeurs de communauté ou simples gens du peuple m’a révélé quelque chose de nouveau afin de poursuivre le chemin. « Lève-toi et mange, car le chemin est long » (1 R 19,7).     Du dynamisme à la crise La première expérience qui me vient à l’esprit et au coeur est celle j’ai vécue in­tensément entre les années 1975 et 1977 – années d’élan conciliaire. La vie reli­gieuse entra dans un grand renouveau, et cela bouleversa tout ce qui avait ét&eacu...
Mots clés : Combat spirituel Désolation Discernement Eglise Expérience spirituelle Foi Miséricorde Pauvreté Souffrance Connaissance
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RUPTURES ET DÉSOLATION SPIRITUELLE
CHRISTUS N°220
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Remi (de) MAINDREVILLE
Les ruptures sont multiples dans nos vies personnelles ou sociales, mais il en est qui nous touchent davantage, car elles engagent notre liberté et notre affectivité. Il en est même que l’on redoute parce qu’à l’arrachement qu’elles provoquent, on ne voit pas d’autre issue que la destruction d’une part de notre existence. Ainsi, le départ d’enfants du foyer familial peut éveiller de la douleur, voire une certaine peur devant le vide ainsi créé ; mais la joie de leur li­berté et l’engagement de leur avenir sont source de consolation et de foi. À l’inverse, un échec imprévisible dans la vie conjugale ou la vie de travail peut plonger dans une spirale de désolation d’où il est parfois difficile de se dégager. Toutes les ruptures ne conduisent pas forcément à la désolation spirituelle ou morale. Certaines sont portées par l’espérance ou vé­cues dans la joie, comme des libérations : rompre avec une pratique qui nous aliène. La vie spirituelle elle-même n’éclôt-elle pas à notre conscience à partir d’une rupture dans le déroulement quotidien de nos pensées, désirs, activités ? Comme Abraham et d’innombrables croyants à sa suite, elle nous met à l’&eacu...
Mots clés : Affectivité Choix de vie Démon Désolation Discernement Epreuve Esprit Foi Liberté
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RENONCEMENT ET HAINE DE SOI
CHRISTUS N°216
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Remi (de) MAINDREVILLE
«Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses soeurs, et jusqu’à sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Lc 14,26). Cette parole de Jésus pose aujourd’hui question, et même si « haïr » indique ici plus une préférence qu’un sentiment violent, il n’empêche qu’au moment décisif Jésus préconise la capacité d’écarter des amours légitimes et naturels au profit de lui-même. Or cela ne semble pas avoir dé­couragé ses disciples à travers l’histoire. Comment comprendre cette parole ? De quelle haine s’agit-il ? Et comment a-t-elle été entendue et comprise au long des siècles ? Quelles formes de vie spirituelle a-t-elle nourries ? Comment s’est-elle traduite culturellement ? Il est difficile de répondre, parce que l’on rencontre peu la notion de haine dans la tradition spirituelle, mais aussi parce que, intimement liée à l’amour, la haine de soi peut être source d’illusion et aisément glisser d’une purification de l’amour à un enfermement narcissique sans avenir.   Dans les Écritures La haine proprement dite bénéficie d’un enracinement scripturaire dense et fort d&eg...
Mots clés : Ascèse Corps Désolation Gloire Sainteté Tradition Désert
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LE SECRET DE LA JOIE SELON SAINT BERNARD
CHRISTUS N°201
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Pierre-Yves Emery
Austère, ascétique, exigeant, saint Bernard ? Certes, mais tout en laissant chez ses moines le souvenir d'un homme non seulement joyeux, mais rayonnant d'un certain bonheur et répandant la joie autour de lui. Un bon connaisseur nous en a assurés en parlant, à propos de cet homme, d'une « dévotion joyeuse » 1. Un mémoire récent, en Faculté des lettres, s'intitule : La joie spirituelle chez saint Bernard 2. Et Lytta Basset cite cet auteur comme un témoin de la joie imprenable 3. La question peut donc se poser : quel est le secret — ou peut-être les secrets — de la joie pour Bernard de Clairvaux ? Nous en cernerons la réponse dans un certain nombre d'approches. L'ivresse à venir La joie dans sa plénitude, Bernard la situe très précisément dans l'avenir de Dieu : « Nous nous enivrerons alors de l'abondance de sa maison, et au torrent de ses délices il nous abreuvera (cf. Ps 35,9). Il nous sera dit : "Buvez et enivrez-vous, très chers" (Ct 5,1). » On éprouvera ainsi les délices de la droite de Dieu (cf. Ps 15,11), laquelle signifie la vie bienheureuse qui ne connaît que la joie et dont nous ne pouvons rien dire, sinon ceci : « On parle de toi pour ta gloire, cité de Dieu » (Ps 86,3). Double joie, car elle se réalisera dans l'illumination de l'&acirc...
Mots clés : Désolation Extase Joie Larmes Mourir Mystique Spiritualité monastique Temps
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LA JOIE SPIRITUELLE CHEZ FRANÇOIS D'ASSISE
CHRISTUS N°201
La plus suave défense contre les mille embûches de l'ennemi, c'est, affirmait le saint, la joie spirituelle. Il avait coutume de dire : « Quand le diable a pu ravir à un serviteur de Dieu la joie de l'âme, il est au comble de ses vœux. Il porte avec lui une poussière qu'il peut, à son gré, souffler dans les recoins de la conscience pour obscurcir le clair regard de l'esprit et l'éclat d'une vie pure ; mais quand le cœur est plein de la joie spirituelle, c'est en vain que le serpent répand son venin mortel. Les démons n'ont aucune prise sur les serviteurs du Christ qu'ils voient remplis d'une sainte allégresse. Si, au contraire, son âme est éplorée, désolée, chagrinée, facilement elle se laissera absorber par la tristesse ou entraîner par les vaines joies. » Aussi le saint s'appliquait-il à vivre toujours dans la joie du cœur, à conserver l'onction de l'esprit et l'huile de l'allégresse. Il évitait avec le plus grand soin cette maladie si funeste de la mélancolie, et quand il s'apercevait qu'elle commençait à s'infiltrer dans son âme, il recourait bien vite à la prière. Il disait encore : « Lorsqu'un serviteur de Dieu ressent un trouble quelconque, comme cela peut arriver, il doit sur-le-champ se lever, prier et demeurer en présence du P&egra...
Mots clés : Désolation Joie Prière Saint François d’Assise
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L'INDIFFÉRENCE RELIGIEUSE
CHRISTUS N°200
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Franck DAMOUR
Nous vivons un temps béni : un siècle religieux s'ouvrirait devant nous. À lire les journaux, nos sociétés postmodernes seraient celles d'un retour du spirituel. Les signes en sont nombreux, des grands rassemblements catholiques à l'essor des monastères bouddhistes, des cours sur l'icône aux stages de yoga, des Bibles succès de librairie aux collections de spiritualité. Bref, notre temps serait plus éveillé à la foi que celui de nos aînés. Un article récent 1 a pris le contre-pied de cette analyse. En plein débat sur les racines chrétiennes de l'Europe à inscrire ou non dans la future constitution, le journaliste constatait que, « partout en Europe, l'indifférence religieuse gagne donc du terrain, donnant à l'opposition entre valeurs chrétiennes et laïcité une vague odeur de renfermé. Le débat, pour les Européens, est clos et leur Europe n'est ni chrétienne ni laïque, elle est... post-religieuse, areligieuse, multireligieuse, post-laïque ? Il revient aux philosophes et aux intellectuels de rayer la mention inutile. Pas aux journalistes ». En 1817 déjà, Lamennais se posait la même question dans son célèbre Essai sur l'indifférence. En dénonçant la « léthargie » et la « brutale insouc...
Mots clés : Ascèse Athéisme Désolation Indifférence
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MARIE-THÉRÈSE DE SOUBIRAN
CHRISTUS N°199
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Geneviève PERRET
La vie de Marie-Thérèse de Soubiran frappe par ses paradoxes. Elle rêve d'entrer au Carmel, tout en se donnant avec ardeur et finesse à l'apostolat. Son oncle, prêtre plein de zèle, la convainc de se lancer dans la fondation d'un béguinage et l'envoie se former à Gand où subsiste encore cette forme de vie consacrée. C'est un projet aventureux, « tombeau de tous ses attraits ». Marie-Thérèse finit par y reconnaître la voix de Dieu. Voici donc en route le nouveau béguinage. Nous sommes en 1854, à Castelnaudary ; la fondatrice n'a que vingt ans. Et tout va bon train, contrairement à ce qui pouvait être humainement escompté. Mais le béguinage n'a pas vraiment d'avenir. À la suite d'un grave incendie, Marie-Thérèse pressent l'appel à franchir un autre passage. « Mais c'est de nuit » (Jean de la Croix). Ce qui germe à l'obscur, c'est une nouvelle orientation donnée à la fondation, le choix d'une authentique vie religieuse. L'institut de « Marie-Auxiliatrice » y prend naissance en 1864. Pendant dix ans, d'abord à Toulouse puis en d'autres agglomérations urbaines, Marie-Thérèse va « travailler à sa formation et extension ». Formation profondément ancrée dans la tradition ignatienne, avec l'Eucharistie au c&oe...
Mots clés : Cœur de Jésus  Consolation Choix de vie Désolation Election Jésus-Christ Paix Pauvreté Tentation Vie religieuse
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DÉSOLATION SPIRITUELLE ET/OU DÉPRESSION
CHRISTUS N°197
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Brigitte-Violaine Aufauvre
Tant que l'on ne peut pas nommer correctement ce qui se passe en nous, il est difficile de savoir comment se comporter face à certains phénomènes ou certains états. Tout accompagnateur spirituel ignatien veille à ce que la personne qu'il écoute parvienne à reconnaître ce qui est à l'origine de son vécu. Or, de nos jours, nombreux sont ceux qui appellent « dépression » ce qui n'est que lassitude, épuisement ou surmenage. De même, il arrive que d'autres nomment « désolation spirituelle » ce qui est simple déception par rapport à une vie spirituelle idéalisée ou parfois véritable dépression. Pareilles confusions ne sont pas sans conséquences, mais elles s'expliquent par le fait que la vie spirituelle chrétienne bien qu'ayant sa réalité propre s'exprime à travers l'activité des facultés psychiques. Pour éviter ces confusions, il est nécessaire d'avoir un minimum de critères afin de pouvoir distinguer la désolation spirituelle de la dépression. Cela nous est facilité par les règles du livret des Exercices spirituels d'Ignace de Loyola qui nous a légué un précieux petit traité de la désolation spirituelle Par ailleurs, dans sa Métapsychologie, au chapitre « Deuil et m&eacute...
Mots clés : Désolation
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LA PAROLE, LA CHAIR ET LE NOM
CHRISTUS N°197
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Denis Vasse
Dès lors que l'homme est conçu dans une rencontre, au creux des entrailles de la femme la parole se fait chair. La parole incarnée distingue le genre humain des autres espèces. Dans le genre humain, la Vie s'engendre et se révèle. Elle parle. Et en parlant le monde, elle le fait vivre. L'homme est un dans cette différence-là : son nom est sa chair. Dès que le corps n'est plus animé par le souffle de la parole par l'esprit il n'est plus un homme de chair et de sang. C'est si vrai qu'il suffit qu'un nouveau-né reste insensible à la voix ou ne sourie pas pour que les parents se trouvent remis en cause dans leur identité d'hommes. L'homme naît à la vie lorsqu'il est appelé par son nom dans un corps : il est engendré. « C’est pourquoi, en entrant dans le monde le Christ dit : Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation, mais tu m'as façonné un corps. (...) Alors j'ai dit : Voici, je viens, car c'est de moi qu'il est question dans le rouleau du livre pour faire ô Dieu, ta volonté" » (He 10,5.7). Osons la métaphore : la chair est le rouleau du livre dans lequel s'inscrivent les vivants. Nous éprouvons notre naissance comme la paradoxale initiative d'une réponse à ce qui parle en nous. Quand l'homme obéit à ce qui parle en lui en esprit et en vérité, il fait l...
Mots clés : Amour Chair Corps Désolation Enfant Grâce Haine Incarnation Joie Mensonge Père Parole de Dieu Parole d’homme Paternité Psychologie Vérité Désir
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LÉON TOLSTOÏ : LA VIE EN CHEMIN
CHRISTUS N°195
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Brigitte PICQ
La lumière qui vient de s'éteindre a été, pour ceux de ma génération, la plus pure qui ait éclairé leur jeunesse » : ainsi commence la biographie de Tolstoï qu'écrivait Romain Rolland en 1911, quelques mois après la mort de celui-ci. Evoquant son groupe d'amis étudiants, il ajoute : « Chacun l'aimait sans doute pour des raisons différentes : car chacun s'y retrouvait soi-même ; et pour tous, c'était une porte qui s'ouvrait sur l'immense univers, une révélation de la vie » 1. Nombreux sont les échos de cette époque, venant de lecteurs ou visiteurs de Tolstoï, qui s'accordent dans la reconnaissance de « la figure d'un génie littéraire qui a été également la conscience morale du monde et le héraut de l'intégrité de la personnalité humaine » 2. Son autorité était telle de son vivant que le directeur du plus grand quotidien de Russie écrivait : « Nous avons deux tsars, Nicolas II et Léon Tolstoï », ajoutant que Nicolas II ne pouvait rien contre Tolstoï qui lui, au contraire ébranlait certainement son trône 3. Est-ce un tel danger que craignait Lénine devant le rayonnement, même posthume, de Tolstoï ? Il publia une série d'articles en 1908, à l'occasion du 80'...
Mots clés : Amour Désolation Espérance Expérience spirituelle Foi Volonté de Dieu (volonté) Littérature
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L'ATTENTION AU PRÉSENT
CHRISTUS N°191
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Jean Caron
Il n'y a qu'un seul temps : le présent. Le passé n'est plus et le futur n'est pas encore ; ils ne peuvent être saisis, vécus, ils ne peuvent être que dans la mémoire ou dans l'attente, c'est-à-dire au présent et pour une conscience. Seule la présence du présent — la présence au présent — donne réalité à la totalité du temps et consistance au flux du devenir. Approfondissant les paradoxes de la condition temporelle de l'homme, saint Augustin, au livre XI des Confessions, vient convertir notre appréhension du temps en nous découvrant le privilège insigne du présent. Et pourtant : « Que chacun examine ses pensées, écrit Pascal, il les trouvera toutes occupées au passé et à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent » 1. Incapables de nous « tenir au temps présent », nous sommes accaparés par un passé qui nous retient et par un avenir que nous anticipons constamment, comme si nous brûlions d'être où nous ne sommes pas. Car si le présent est bien le point de tangence de l'être et du temps, il est aussi cette tête d'épingle, ce fil de rasoir tranchant où nous ne pouvons pas nous installer ; il manque à l'instant présent la durée qui permettrait de l'habiter afin de...
Mots clés : Désolation Souffrance Vanité Temps
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TENIR DEBOUT QUAND TOUT BASCULE
CHRISTUS N°186
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Agnès Hedon
En France, aujourd'hui, il est possible d'être chrétien sans mettre en péril sa vie sa liberté, son travail. Etre croyant n'est pas un crime, ni même un risque, tout juste une originalité. Nous vivons notre foi dans un contexte de tolérance et de facilité. Mais l'expérience intérieure ne reflète pas ce calme extérieur. Notre foi est fragile, vulnérable, inquiète, tourmentée, et nous ne savons pas vraiment pourquoi. Nous pourrions nous surprendre à penser qu'il nous manque la vitalité et la simplicité que confèrent les situations de persécution : le combat serait plus clair, les partenaires du conflit plus nettement identifiés, les interpellations plus franches. Mais ce rêve nous ferait manquer le rendez-vous de Dieu. Ce qui est bien réel, c'est l'interpellation profonde et continue que l'accélération des mutations techniques, économiques et sociales, adresse à notre foi. La foi est bel et bien mise à l'épreuve, et ce dans un contexte où il n'y a plus d'évidence culturelle ni sociale sur laquelle prendre appui. Il semble que ce combat de la foi subisse une mutation comparable à celle que connaît la stratégie militaire depuis la chute du mur de Berlin. Les manuels de stratégie ne peuvent plus identifier l'ennemi à celui qui se tie...
Mots clés : Athéisme Combat spirituel Crainte Désolation Dieu Eglise Espérance Foi Mission Réalité Temps
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LES LARMES DANS LA PRIÈRE
CHRISTUS N°185
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Geneviève PERRET
On répugne souvent à expliquer — au cours des retraites ignatiennes où sont commentées les règles du discernement des esprits — la consolation par les larmes telle qu'en parlent les Exercices. A tout le moins, on hésite à traiter le sujet au-delà de son aspect de « consolation douloureuse ». Ce n'est pas sans raison : trop s'y attarder pourrait conduire les auditeurs à des erreurs fâcheuses, surtout s'ils sont émotifs. Mais aussi les larmes gênent. Beaucoup y décèlent quelque chose de suspect. On aaint le trouble pathologique ou l'égarement d'une sensibilité mal contrôlée. Par ailleurs, se retenir de pleurer est souvent perçu comme une expression de maîtrise de soi. Enfin, ce n'est guère sans embarras que certains accompagnateurs supportent les pleurs pendant les entretiens. Voilà qui ne contribue pas à donner sa vraie place à la fonaion des larmes dans la prière, que saint Ignace situe comme une manifestation de la consolation. Les Exercices spirituels, en effet, font souvent mention des larmes. On peut en trouver dix-sept occurrences dans la version manuscrite, qu'il s'agisse du substantif « Idgnmas » ou du verbe « llorar ». Elles sont toujours considérées comme une chose désirable, une grâce à demander expresséme...
Mots clés : Chair Consolation Désolation Evangile Exercices spirituels Expérience spirituelle Femme Grâce Humilité Larmes Prière Tentation
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