CHRISTUS N°249
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Trop de concepts ambigus, fussent-ils brevetés par les autorités, trop de mots baudruches gonflés aux bons sentiments alimentent les discours politiques et religieux pour qu’on n’en vienne pas à se méfier d’un recours désinvolte au si beau vocable de « bienveillance ». Plutôt que de le transformer en mantra ou d’en faire un mot d’ordre purement rhétorique, mieux vaudrait commencer par le soumettre à un examen critique d’autant plus nécessaire qu’on s’imagine le plus souvent que la bienveillance congédie l’esprit critique alors qu’on reconnaît à la critique la capacité d’être bienveillante. Bienveillante, elle l’est à l’égard de la bienveillance elle-même, en lui restituant son sens premier, en reconnaissant son ambition de vouloir du bien à autrui, quand le langage ordinaire la cantonne quelque part entre tolérance et indifférence, la réduisant à une forme d’indulgence débonnaire et paresseuse. Cette bienveillance « faible » n’est autre que le produit de l’individualisme contemporain et du relativisme ambiant, célébrés complaisamment par les uns et dénoncés violemment par les autres dans un ressassement permanent. Mais aucune théorie sociologique, aucun...
Mots clés :
Humilité
Bonheur
Bienveillance
Bonté
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