Salvator, 2023, 192 p., 18 €.

Deux itinéraires proposés par trois auteurs nous invitent à un parcours sur la mort et sur la vie après la mort. Perspective littéraire et philosophique avec Vivre la mort, perspective biblique avec Quelle vie après la mort ?. Dans les deux cas, l'exercice est audacieux, car mettre des mots sur la mort, la souffrance et le deuil est risqué ; combien plus encore quand il s'agit de la résurrection et du jugement.

Blandine Humbert, à travers un itinéraire historique, un détour littéraire (qui convoque Bernanos et Tolstoï) et philosophique (avec Ricœur et Michel Henry) et une méditation sur l'agonie du Christ, amène à entendre que « ce n'est pas la mort elle-même qui nous questionne, mais la façon dont nous allons vivre ce temps particulier qu'est “la fin de vie” ». La manière dont la société moderne traite la mort, en la médicalisant et en la cachant, nous met face à une angoisse, celle du « vertige de la liberté ». La liberté de l'homme est sur un fil, car nous ne désirons pas fuir la mort mais la maîtriser. Au fil des chapitres est envisagée la façon dont on peut faire face à la mort avec une certaine forme de consentement et d'acceptation, tout en reconnaissant les limites de notre compréhension. Apprendre à mourir est, dès lors, une formidable leçon de vie et peut être vu comme un acte de maturité spirituelle et existentielle. « Paradoxes qui s'ouvrent devant nous : contempler la mort nous ouvre à la vie. Découvrir l'impuissance nous ouvre à la puissance. » Le courage d'être nous conduit au courage d'être participant dans un monde qui nous déroute et nous presse.

Gérard Billon et Sophie Ramond traversent les Écritures en commençant par l'Ancien Testament avec l'expérience collective du peuple de Dieu. Ils poursuivent avec le Nouveau Testament où se déploie l'espérance d'une résurrection pour les justes avec l'événement « Jésus Christ ». La foi chrétienne se vit comme « une ouverture à un processus de salut se déroulant sous forme d'histoire ». Il ne s'agit pas de simplifier les propos de l'Ancien Testament en le réduisant à un simple réservoir de textes préparant à l'idée de la résurrection. Les Écritures orientent vers la foi en la résurrection des morts, Pâques étant la nouveauté absolue. Repenser notre relation à la fin de vie nous convie ainsi, dans le livre de la Sagesse, à admettre qu'exister, « c'est aller vers la mort ». L'horizon eschatologique du Nouveau Testament témoigne de la venue du Christ en gloire, de l'espérance en une vie après la mort.

Pour ces trois auteurs, la mort fait partie intégrante de la vie et le consentement face à la mort ouvre à la vie comme don. Elle est don dans le présent comme en fin de vie. Nous sommes donc appelés à la vivre pleinement et à affronter ses défis de manière consciente et responsable, dans l'amour de Dieu et de nos semblables. Car l'avenir se joue au présent. C'est la question du « toujours vivant » avant la mort qui constitue le fil de la réflexion.