David-Marc d'Hamonville, auteur de Marc, l'histoire d'un choc (Cerf, 2019), nous offre à présent la traduction et le commentaire des sept premiers chapitres de l'évangile de Matthieu dans une langue simple et teintée de poésie. L'ouvrage est une sorte de vagabondage dans les livres du Premier Testament ainsi que dans les autres évangiles synoptiques sous la forme d'une lectio divina. Il en ressort une lecture qui nous en apprend beaucoup sur l'histoire et l'exégèse mais qui permet aussi la méditation. Le commentaire prend son temps : l'auteur explique avec des mots clairs et simples le vocabulaire emprunté au monde vétérotestamentaire et aide ainsi le lecteur à entrer dans les livres du Premier Testament convoqués par Matthieu. Par exemple, au début du commentaire, les références à Genèse, Isaïe, 2 Rois et Exode permettent de comprendre les récits de l'enfance de Jésus ; puis les livres de Daniel, Samuel, Nombres, Michée et les psaumes sont relus pour expliquer le « casting matthéen » de Matthieu 2. Par ailleurs, des rapprochements avec les deux autres évangiles synoptiques donnent des informations éclairantes au sujet notamment des récits d'enfance, du baptême et du Sermon sur la montagne. Ces retours sur le Premier Testament et ces parallèles synoptiques débouchent sur une réflexion qui porte aussi bien sur les traditions, la liturgie et les sacrements que sur le mal, le Diable, la pauvreté, la justice ou encore la clairvoyance. Sur le plan exégétique comme sur le plan théologique, voire spirituel, David-Marc d'Hamonville donne des clefs de lecture sur ce qu'il appelle cette « parole pleine à craquer » du Jésus de Matthieu. Il développe notamment l'idée que le rapport à l'autre, au frère, à la sœur comme à l'ennemi conditionne notre rapport à Dieu car « le don du Père est sa présence en plénitude ». Il est « débordement », « excès » qui s'offre. L'auteur aborde aussi des sujets de discussion actuels comme la place du croyant face au sacrement. Il affirme : « Théologien confirmé ou néophyte, on n'est jamais à la hauteur du mystère » car nous sommes tous infiniment dépassés par le don de Dieu. C'est lui qui nous rend dignes, et non l'inverse. Enfin, David-Marc d'Hamonville met en garde contre une obéissance crédule, sans prudence, ni discernement, car elle est « le lit de toutes sortes d'abus ». On espère la suite de ce commentaire nourrissant.