Voilà une très profonde lecture spirituelle issue d'un dialogue entre deux hommes d'Église d'aujourd'hui. Dans ces lettres qu'ils se sont adressées l'un à l'autre, sans pourtant se connaître, ils se sont donné l'un à l'autre, entrant en résonance, avec eux-mêmes et entre eux, l'un ayant passé du temps au Maroc et l'autre en Algérie. Ils ont tous deux vécu dans un christianisme de marge, l'un pasteur et l'autre évêque. Leur situation leur fait prendre conscience d'un christianisme qui ne vit que par la grâce. Dans cet échange sont discutés quelques thèmes spirituels fondamentaux. La mission, dynamique centrale de l'Église, doit se démarquer du prosélytisme qui regarde l'autre comme quelqu'un à convertir et non comme une personne ayant un cheminement personnel à poursuivre. Il s'agit d'abord d'être témoin d'un christianisme vécu loin du pouvoir. Le pasteur Samuel Amédro remarque que les Églises se posent souvent la question de leur santé : rien ne va plus, les jeunes ne suivent pas, on est trop petit et invisible, avec très peu de moyens ; mais quel manque de confiance, quelle haine de soi sommes-nous capables de développer ! Reprenons force et courage, l'Église peut repartir si elle s'aime vraiment en Christ, si elle connecte son humanité à l'énergie vitale qui vient de Dieu. Nos vulnérabilités, comme notre diversité, peuvent être transformées en ressources, en richesses. L'évêque, Mgr Jean-Paul Vesco, remarque à son tour que toute maladie fait grandir. Affaiblie par l'épreuve, l'Église pourra avancer en humilité, attentive à la fragilité humaine. N'ayons pas peur de la minorité, c'est une chance de revenir à la source, à condition de ne pas se replier sur soi. Ainsi va ce dialogue, de richesses en richesses, bien concrètes, et profondément spirituelles et inspirantes.