Journaliste à l'hebdomadaire La Vie, Alexia Vidot appartient à cette nouvelle génération de catholiques soucieux de partager leur expérience croyante vécue dans la dynamique d'une conversion initiale. Après un ouvrage enthousiaste consacré à des figures de convertis, Comme des cœurs brûlants (Artège, 2021), elle se livre à un Éloge spirituel de l'imperfection qui se présente comme un essai mais s'appuie aussi sur son propre témoignage. Puisant chez des auteurs redécouverts par les jeunes chrétiens d'aujourd'hui, Pascal ou Bernanos, Marie Noël ou Thomas Merton, Benoît XVI ou Thérèse de Lisieux, Alexia Vidot souligne d'emblée que la sainteté n'est pas la perfection ou le simple exercice des vertus : les saints sont plongés, eux aussi, dans la vie ordinaire et les défauts de la pâte humaine. Mais, dans cette vie justement, ne sommes-nous pas victimes de nos propres masques, par souci de ferveur ou de performance spirituelle, voire de perfectionnisme moral ou religieux ? La crise des abus l'a montré, les fantasmes de l'angélisme en la matière peuvent avoir des effets redoutables. À nous alors de ne pas déserter le réel et sa pesanteur. La démarche d'amour à laquelle le Christ nous convie obéit à la « loi du mouvement descendant », à une forme de « dégringolade », pour reprendre l'expression du livre. Parmi d'autres, l'exemple des Pères du désert trace un parcours de sainteté qui soit solidaire et pas solitaire, vécu à travers le lien fraternel et la présence du Dieu trinitaire. Le témoignage de l'écrivaine Marie Noël, se débattant avec les conceptions jansénistes de son temps, exprime bien cette quête de Dieu dont la miséricorde nous délivre de la tentation d'être parfait, comme l'illustre aussi l'image japonaise du kintsugi, céramique reconstituée à partir de morceaux épars. Alerte et accessible, bien référencé, ce livre peut être offert à ceux que la vie spirituelle ou la question de la sainteté impressionne ou interroge.