Dans le foisonnement des nouvelles spiritualités, entre New Age, développement personnel et pratique du yoga, comment s'y retrouver ? À côté de la religion traditionnelle et du matérialisme athée, ce troisième pôle qu'Adrien Bouhours nomme « nouvelle spiritualité » est un défi redoutable. Il obéit en effet à l'idée « qu'il est possible pour n'importe quelle personne d'accéder directement à une dimension divine sans passer par des médiations institutionnelles ». Largement favorisée par la sécularisation et la perte d'influence du catholicisme, cette « nouvelle spiritualité » correspond parfaitement à l'air du temps, qui insiste sur le progrès, le corps, l'écologie, la mondialisation et la réalisation de soi. Un parcours historique permet ensuite à l'auteur d'en retracer les origines, liées notamment aux courants ésotériques et gnostiques (la fraternité de la Rose-Croix ou la franc-maçonnerie moderne). Mais les promesses de cette « nouvelle spiritualité » ne sont-elles pas un miroir aux alouettes ? Fondées souvent sur des approches déformées des traditions orientales (comme le bouddhisme ou l'hindouisme), elles conduisent surtout à un « consumérisme spirituel » qui ne laisse guère de place à l'altérité et à la dignité de la personne. Un risque existe même de dilution de la personne. Voilà pourquoi Adrien Bouhours plaide in fine pour un christianisme ancré sans complexe dans sa tradition propre, sachant réaffirmer son sens de l'Incarnation, de la Croix et de la Résurrection. À l'Église et aux chrétiens de témoigner de cette espérance plus solide, chemin de salut authentique. Si le propos est incontestablement très clair et structuré, pointant de nombreuses dérives, n'est-il pas parfois trop systématique ? Toutes les quêtes spirituelles ou pratiques ne sont sans doute pas réductibles à un modèle unique. Ne constituent-elles pas parfois aussi des pierres d'attente pour une démarche de discernement et d'évangélisation, qui pourrait concerner nos communautés d'Église au premier chef ?