Si l'abandon que nous demandons comme une grâce, avec Charles de Foucauld par exemple, est une désappropriation de soi-même, un « décentrement intérieur » comme l'évoque le pape François, alors il n'est pas une perte de soi qui nous met à l'écart du monde. Il devient au contraire un acte de foi qui appelle à vouloir le monde tel qu'il est, car c'est celui que Dieu aime et sauve depuis le commencement dans la force et la douceur de sa Parole incarnée en Jésus.

Un cœur à l'abandon

Des maîtres spirituels, des « mystiques », comme le père Lallemant et surtout le père de Caussade, ont décrit l'abandon comme une réponse à un souci de soi trop envahissant, qui empêche tout progrès dans la vie spirituelle.

Le père Louis Lallemant (1588-1635) n'utilise pas le mot d'abandon au sens où nous l'entendons. Mais il en évoque la réalité à travers « la docilité à l'Esprit », qui est l'art de se gouverner par le discernement, et la « garde du cœur », un chemin pour y parvenir.

Ce qui étonne Lallemant, c'est la manière dont des religieux et religieuses éprouvés, témoins de la consolation reçue de la prière et du service du prochain, peuvent en même