Proposer une pastorale de la moisson, c'est envisager la situation actuelle comme une opportunité inédite pour la récolte et non comme une cause de désolation, c'est repérer les semences d'Évangile partout où elles poussent.

« La moisson est abondante », nous dit l'évangile1. Les temps sont mûrs pour la récolte. À l'opposé du sentiment d'impuissance, peut-être nous faut-il changer de regard et adopter une pastorale que j'appellerai ici « de la moisson » : une pastorale qui découvre et promeut dans la société les valeurs évangéliques qui y sont déjà répandues, en invitant à y reconnaître, au nom de Jésus Christ, le règne de Dieu qui s'est approché de nous.

Pour la penser, je prendrai pour guide un passage de l'évangile de Luc (10,1-12)2 qui relate l'envoi des disciples en mission, afin d'y trouver une inspiration ainsi que l'occasion d'évoquer notre actualité :

Après cela, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais, dans toute maison où vous entrerez, dites d'abord : « Paix à cette maison. » S'il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l'on vous sert ; car l'ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous sera présenté. Guérissez les malades qui s'y trouvent et dites-leur : « Le règne de Dieu s'est approché de vous. » Mais, dans toute ville où