CONNAÎTRE AU SENS BIBLIQUE
CHRISTUS N°213
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Xavier Lacroix
Aimer, faire alliance, s’unir sexuellement : la convergence entre ces trois attitudes a été un des apports les plus caractéristiques de l’inspiration biblique au patrimoine éthique de l’humanité. Alors que beaucoup de cultures les dissociaient, la tradition juive et chrétienne, depuis plus de vingt-cinq siècles, appelle à les unifier. Il y a là une source de sens qui peut aisément se traduire en termes contemporains. Si aimer c’est vivre dans l’autre, si l’alliance est l’entrée de deux histoires l’une dans l’autre, si la rencontre sexuelle est enveloppement mutuel, la convergence est évidente. L’image des deux anneaux entrelacés parle sur les trois registres. Plus même — chose étonnante —, à chacun peut s’appliquer la parole par laquelle l’Évangile signifie la plus haute forme de l’amour : « Toi en moi et moi en toi » (Jn 17,21). Mais pour que cette visée se réalise pleinement, un chemin est nécessaire. Tout n’est pas donné immédiatement. L’expression « ne feront qu’une seule chair », souvent interprétée de manière bien sommaire, demeure et doit demeurer énigmatique.
Quand l’amour prend racines
Dans le désir et le plaisir sexuels, l’a...
Mots clés :
Amour
Chair
Corps
Choix de vie
Mariage
Connaissance
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LE CORPS DE L'AMITIÉ
CHRISTUS N°209
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Xavier Lacroix
L’amitié est une expérience discrète Elle s'avoue rarement d'une manière directe. Elle préfère les expressions indirectes : gestes symboliques, signes de connivence, rituels...
A la différence du sentiment amoureux qui appelle la déclaration, elle s'accompagne de pudeur sur elle-même, quand bien même elle serait par ailleurs le lieu de confidences intimes L'écrit toutefois est favorable à son expression. Tout se passe comme si l'absence physique du destinataire favorisait l'aveu explicite du sentiment. « Mon cher », « chaleureusement tien », « ton frère », « tibi »...
Que signifient alors cet adjectif ou ce pronom dits « possessifs » ? Que dis-je lorsque j'écris à mon ami qu'il est « mien » ou que je suis « sien » ? Certainement pas la possession au sens de propriété pouvant s'appliquer à un objet, ni l'appropriation ou la mainmise. Est signifiée ici une appartenance, à entendre comme une forme d'unité, de victoire sur la dualité, de lien reposant sur la confiance, la fiabilité : tu peux compter sur moi, comme je peux compter sur toi. Plus même, tu vis en moi comme je vis en toi.
Mais l'on pressent que cette inhabitation mutuelle n'est pas tout à fait celle de l'amour — à entendre comme sentiment...
Mots clés :
Action
Affectivité
Amitié
Amour
Chair
Corps
Communion
Incarnation
Silence
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VISAGES DU PÈRE
CHRISTUS N°202
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Xavier Lacroix
La paternité se trouve aujourd'hui confrontée au paradoxe suivant : la génération où la plupart des pères manifestent un souci marqué de présence à la croissance de leurs enfants est aussi celle où la figure du père est devenue incertaine. Rarement le sens de la paternité, de ce qui la caractérise en propre par rapport à d'autres liens a-t-il été aussi flou. Mais le paradoxe n'est peut-être qu'apparent : dès lors que les pères s'engagent davantage dans la vie quotidienne, leurs tâches et leurs rôles tendent à ressembler à ceux de la mère. Si, par hypothèse, la figure classique du père impliquait une certaine distance, nous aurions là une des clés de l'estompement de la différence entre paternité et maternité, sur le fond de tableau plus général des doutes quant à la portée de la différence entre hommes et femmes. D'autres facteurs interviennent dans cette incertitude, car le lien paternel est indissociable d'autres liens : lien conjugal, lien social, lien religieux. Or, à l'évidence, ces derniers sont eux-mêmes devenus précaires. Le sens de la paternité serait-il alors englouti dans les sables mouvants de la culture libérale ?
Les transformations ne doivent pas devenir fascinantes au po...
Mots clés :
Communion
Foi
Loi
Méditation
Père
Paternité
Pédagogie
Trinité
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L’ÉPREUVE DE VÉRITÉ : CONSENTIR AU MANQUE
CHRISTUS N°180
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Xavier Lacroix
SEXUALITÉ ET ANIMALITÉ
CHRISTUS N°241
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Xavier Lacroix
Aujourd’hui, la sexualité est interprétée surtout en termes de fantasmes, d’affects ou d’images. La science psychologique privilégie les représentations. C’est ainsi que la psychanalyse interprète le désir comme le résultat d’identifications, d’investissements, de modèles. Certes, elle en traite aussi en termes de pulsion, de décharge, d’énergie. Mais le premier point de vue l’emporte bien souvent. Le paradoxe est que cette priorité cohabite avec un fond de pensée matérialiste, qui comprend les gestes de l’union, dans les catégories du stimulus et de la récompense, comme quasi animaux.
La contradiction en question est au cœur de notre culture. Elle est renforcée en contexte chrétien, où l’activité sexuelle est placée sous le signe de l’amour, et appelée à exprimer non seulement l’amour mais une relation d’alliance. En même temps, cette activité est dite « œuvre de chair », comprise comme une expression majeure du corps – de la chair et de ses attraits.
Il apparaît déjà que ce que l’on nomme la « sexualité », c’est-à-dire la mise en œuvre du corps désirant, est à la fois le lieu majeur d’a...