Thierry ANNE

Le père Thierry Anne, 56 ans, deviendra en septembre 2021 le nouveau rédacteur en chef de la revue Christus. Il a été père maître des novices jésuites durant huit années. Auparavant, il s’était investi principalement dans l’accompagnement des jeunes adultes, d’abord comme aumônier du lycée Sainte-Geneviève à Versailles, puis comme aumônier de Sciences Po Paris et enfin comme directeur du Réseau jeunesse ignatien (devenu « Magis, le réseau »). Au noviciat de Lyon, il a été accompagnateurs d’équipes jeunes de la Communauté de vie chrétienne (CVX), aumônier d’une des communautés de L’Arche… Avant de rejoindre la Compagnie, il avait fait des études de philosophie. Ses études jésuites l’ont conduit à obtenir une maîtrise en théologie spirituelle au Boston College (Chestnut Hill, Massachusetts). De ses origines normandes, Thierry Anne retient un amour de la mer, de la natation et de la voile. Cela l’entraînera notamment à créer puis à animer, avec des amis de la CVX et des compagnons jésuites, des camps « Vie en mer, entrée en prière »…
ACCOMPAGNER TOUT ÉLAN VERS LA PLÉNITUDE
CHRISTUS N°266
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Thierry ANNE
Père maître des novices jésuites à Lyon, l'auteur nous présente les cinq attitudes qu'il importe de respecter, si nous voulons aider celui qui cherche sa voie, tout en respectant chaque itinéraire singulier. L'accompagnateur, lorsqu'il est appelé à cheminer aux côtés d'une personne en recherche vocationnelle, doit tenir une place privilégiée et, tout en même temps, demeurer discret au plus haut point. Au long des lignes qui suivent, je tenterai de relever cinq attitudes qu'il importe de respecter, si nous voulons répondre à la demande d'aide que nous adresse celui qui cherche, tout en respectant son itinéraire. Croire en la belle inventivité Spontanément, quasi à tout coup, lorsqu'un jeune croyant aborde avec nous la question de sa vocation, il nous demande de manière inquiète comment faire, comment ne pas se tromper, à quels moyens faire appel, où lire ce que le Seigneur Dieu attend de lui ? Dans ce contexte, nous sommes à des années-lumière de ce que le Seigneur aime voir à l'œuvre en ses créatures : l'inventivité. Si souvent nous entendons les jeunes se croire attelés à décrypter un projet de vie précis, déjà inscrit quelque part dans le Ciel, ou, pire, déjà prévu pour eux dans le cœur de Dieu. Erre...
FACE À NOS TEMPÊTES IMAGINAIRES
CHRISTUS N°273
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Thierry ANNE
« Vaste empire des mers où triomphe l'horreur / Vous êtes la terrible image / Du trouble de mon cœur […] / Je souffrais dans le port les horreurs du naufrage. » Ces mots prononcés par Émilie dans l'opéra Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau, illustrerait-il ce que beaucoup de nos contemporains endurent en ces jours ? De fait, l'Église et notre société affrontent d'immenses incertitudes, de profonds chamboulements, d'inévitables réformes. Le sol semble se dérober. L'imagination s'engouffre aisément dans le pire ou bien rêve déjà d'avenirs tout différents. L'auteur du livret souligne qu'Émilie qui se projetait dans les tourments de l'amour, comme dans une tempête océanique, considère ce spectacle depuis le port. C'est-à-dire depuis l'extérieur sans être elle-même en danger de mort. Sortilèges de l'imaginaire1 ! Puissions-nous distinguer ce qui relève de la réalité objective et ce qui nous engouffre dans un spectacle étourdissant, mais en partie irréel. Au long d'un essai lumineux, Robert Scholtus invite à apprendre à « danser en plein séisme2 ». Car il ne s'agit pas tant de décrire à l'infini la situation de crise dans laquelle nous sommes plongés, au point de nous en étourdir, que de vivre en des situations que nous ne maîtrisons pas. Personne ne peut prédire, à ce jour, l'état de la planète et encore moins de ses habitants d'ici cinquante ans, les moyens pour moins souffrir des mortelles pandémies, la manière précise avec laquelle l'Église pourra se réconcilier avec...
L'ESPERANCE AU BOUT DE NOS LIGNES
CHRISTUS N°275
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Thierry ANNE
Les crises à répétition et les événements récents tendraient à nous faire croire en un éternel retour de l'ombre, en une circularité de l'histoire humaine dans le médiocre, en une trajectoire irrémédiablement tragique. Lorsque plus rien ne nourrit l'espoir, reste l'espérance. Mais comment encourager ce mouvement au plus profond de nous-même ? L'espérance est par définition un don, une grâce divine. Il nous revient de l'accueillir pour en vivre pleinement. Un livre récent, commentant la pensée de María Zambrano, nous épargne toute injonction abstraite en ce domaine. Cette essayiste espagnole « vient nous chercher dans notre solitude, non pour nous en délivrer, mais pour nous inviter à la vivre1 ». En ce lieu de solitude, l'écriture revêt une fonction inégalable, « on écrit, dit-elle, pour regagner du terrain sur la déroute continuelle d'avoir longtemps parlé ». L'écriture dévoile ainsi le secret de nos vies et fait advenir la vérité, par-delà nos passions et nos anxiétés, par-delà les paroles trop vite jetées en l'air. Le long et patient travail de l'écriture apparaît tel un exercice proprement spirituel. Par là se dessine la vie véritable. J'en déduis que, par cet acte, le don de l'espérance se fait entendre. L'espérance est au bout des doigts de celui qui ose affronter la solitude, le silence et l'écoute au plus profond. Nous reviennent à la mémoire tous ces hommes et femmes de prière qui épaississent leur journal spirituel inlassablement, au long des orages comme des éc...
LE REPOS DU LECTEUR
CHRISTUS N°277
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Thierry ANNE
J'aime lire, oui vraiment. L'enfance en fut l'initiation. Ce fut une période bénie où le monde se laissait découvrir page après page. Une période où le temps était peu compté, où chaque journée de lecture prenait goût d'éternité. En découvrant l'oraison, un lien se dessine entre ces moments de bonheur et la vie intérieure habitée par Dieu. Lire, prier, contempler, ne sont-ils pas de la même étoffe ? J'aime ces actes éminemment personnels qui colorent l'âme, qui cultivent et aident à constituer un jugement, mais plus encore édifient la personne tout entière. Et voici que les aléas de la vie conduisent à plonger dans l'action et les relations… à l'infini. Chaque moment de lecture, comme volé aux devoirs du quotidien, fait l'effet d'une bouffée d'oxygène.Car à l'envers de nombreux événements et relations, les mots de l'écriture ne viennent pas à nous, ne nous bousculent, ni n'entrent comme par effraction. La lecture relève d'une approche volontaire. Elle requiert même parfois un combat pour lui ménager un temps et de l'espace. En conséquence, elle est cet instant désiré, aménagé, souvent attendu avec impatience… telle l'oraison ou la contemplation d'une œuvre...
RECHERCHE MAISON !
CHRISTUS N°279
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Thierry ANNE
Le rêve de la plupart des Français est de vivre dans une maison avec jardin. Mais la réalité est que la grande majorité de nos contemporains vivent dans d'étroits appartements en zone urbaine. Parallèlement, nous constatons le délitement du sens de l'engagement communautaire. Familles, paroisses, associations en font les frais. Or je constate que les jeunes adultes vers lesquels nous sommes envoyés à Paris ne cessent de s'émerveiller de la Maison Magis, tiers-lieu chrétien en plein centre de la Capitale où se côtoient migrants, coworkers, jeunes en quête spirituelle, volontaires pour des actions caritatives… Ailleurs, j'entends la joie de bénéficier d'une petite maison en guise d'aumônerie d'étudiants. Les colocations, autrefois repaires d'étudiants, s'étendent aujourd'hui aux jeunes professionnels. Et puis, cette même génération s'est approprié avec joie l'expression du pape François : « Notre maison commune ». Ce qui se perd d'une vie communautaire institutionnalisée semble réapparaître nouvellement sous forme de vie partagée. Je lirais volontiers dans cette aspiration à vivre ensemble l'expression voilée d'un désir spirituel. Ce retour à la « maison » de type familial signerait alors le réveil d'un besoin fondamental, mis à mal par l'abstraction relationnelle des réseaux sociaux, les voyages tous azimuts, la succession effrénée d'expériences. Le désir d'enracinement local, et des liens qui s'y déploient, ne manifeste-t-il pas le travail du Dieu de Jésus Christ dont...
AVEC LA BIBLE TRAVERSER LES ÉPREUVES
CHRISTUS N°278HS
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Thierry ANNE
En ces jours où trop de nos contemporains se découvrent travaillés par le désespoir, nous avons désiré faire réentendre la voix biblique. Car il en faut des encouragements et des éclairages pour retrouver le cours de la vie, faire émerger un sens lorsque souffrances et injustices nous assaillent ! La Bible ne nous raconte-t-elle pas des sorties de cauchemar, après des tunnels traversés et des déserts arpentés ?Une époque éprouvanteNous percevons l'état d'anxiété ambiante, voire le désespoir de certains autour de nous, et la situation de crise qui place nos contemporains dans l'inquiétude. Nous observons d'ailleurs l'intérêt de nos lecteurs lorsque nous abordons ce thème. Cette situation de crise n'est pas nouvelle. Car il n'y a pas de vie sans crises ni épreuves, pas d'existence droite sans difficultés à surmonter. La liste des épreuves physiques, psychologiques ou spirituelles qu'endurent les humains se révèle infinie : maladie, pauvreté, vulnérabilité, mise en péril, guerre, exil, découragement, silence de Dieu, perte de sens… Les difficultés sont concrètes mais aussi intérieures, souvent les prolongements de ces obstacles rencontrés. Jean-François Baudoz remarque par exemple que &l...
VERS L'UNIFICATION
CHRISTUS N°276HS
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Thierry ANNE
En janvier 2003, la revue Christus publiait un numéro intitulé « Psychologie et vie spirituelle » qui remporta un tel succès qu'en 2006, la rédaction le transforma en hors-série, afin d'en enrichir le dossier. Au lieu de le réimprimer tel quel une nouvelle fois, nous avons préféré en offrir une version revue et augmentée. Car, seize années plus tard, plusieurs éléments ont évolué, du nouveau est advenu en nos comportements et en notre environnement.« Distinguer pour unir »Le numéro initial était sous-titré « Distinguer pour unir ». Il s'agit bien en effet d'aller explorer cette zone énigmatique au plus profond de nous-même, car il y a là un enjeu de maturité et de liberté.Oser regarder les mouvements ou pensées qui nous débordent, nous dérangent et même nous déplaisent peut demander un certain courage. Nous n'avons pourtant pas à craindre de considérer ce qui se déroule dans notre vie intérieure, tant dans sa dimension spirituelle que dans sa dimension psychique. Pour ce qui est de la dimension spirituelle, une connaissance de nos arcanes intérieurs s'appuie sur un discernement continu ; ce travail ne nous épargne pas le combat spirituel. Pour ce qui est de la vie psychiq...
L'ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL
CHRISTUS N°274HS
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Thierry ANNE
Joie pour nous de vous présenter de nouveau ce hors-série qui a remporté tant de succès depuis sa première édition en 1992. Ce dossier sur l'accompagnement spirituel, devenu un best-seller de Christus, manifeste vos centres d'intérêt. Il témoigne aussi des attentes de l'Église et de nos contemporains. Voici donc une sixième réédition. Cependant, en trente ans, du nouveau est apparu ou, du moins, nous ne pouvons plus parler de cette mission si singulière de manière tout à fait identique. En ce sens, nous avons revu et augmenté le dossier, au point d'en redessiner le rubriquage.Au fil des articles, nous remarquons premièrement que l'appellation varie : accompagnement spirituel, direction spirituelle, paternité spirituelle voire maternité spirituelle. Nous pourrions y percevoir comme une hésitation. En famille ignatienne, la première expression est devenue classique. Pour autant, les autres ne sont pas à bannir trop rapidement. Car elles indiquent chacune un caractère propre à cette situation où deux êtres de foi se rencontrent en vue de mieux écouter le Seigneur, en vue d'interpréter les signes de son Esprit. Ainsi nous pourrions parler de « direction » spirituelle, lorsque la personne reçoit des conseils ou des directives pour formaliser sa pri&egr...