Romain SUBTIL

EN PLEINE LUCARNE
CHRISTUS N°247
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Romain SUBTIL
  « Quand on a vu ça, on peut mourir tranquille. » Quelques secondes après la victoire de l’équipe de France de football en finale de la Coupe du monde face au Brésil en 1998, ces mots prononcés par un célèbre commentateur sportif (finalement décédé quatorze années plus tard) sont à mettre sur le compte de l’émotion suscitée par un événement au retentissement mondial et qui a rendu heureux un pays entier. En avoir été le témoin, au stade ou devant la petite lucarne, signifierait l’accomplissement d’une vie humaine. Si un tel aveu nous semble, à tête reposée, disproportionné, il n’en est pas moins révélateur du rapport passionnel reliant le sport à ses (télé)spectateurs. Entre fraternité et violence, le stade Les foules remplissant les stades ne sont pas un phénomène nouveau. Si de grandes enceintes continuent de sortir de terre ou d’être rénovées de nos jours, souvenons-nous de l’adage antique, « du pain et des jeux » : déjà, les Grecs puis les Romains bâtirent des lieux susceptibles d’accueillir un public nombreux pour lui permettre d’assister à l’ancêtre du sport moderne. Ces « jeux », à...
Mots clés : Joie Violence Fraternité Sport
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UN PASSÉ QUI NE PASSE PLUS
CHRISTUS N°257
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Romain SUBTIL
Notre rapport à l'Histoire est problématique quand nous cédons à la tentation de fabriquer un « roman collectif » qui crée un renforcement identitaire et fabrique de l'exclusion. L'Histoire n'est pas un rempart pour nous protéger des autres, elle doit être le fruit d'une élaboration collective qui n'occulte ni n'exalte faussement le passé. « Les Français ne se souviennent pas de ce qui s'est passé il y a six mois, comment voulez-vous qu'ils se souviennent de ce qui s'est passé il y a dix ans ? », s'interroge un Valéry Giscard d'Estaing un brin désabusé, dans un documentaire consacré à l'exercice du pouvoir. « Au moment où l'on devient Français, on vit comme un Français et nos ancêtres sont les Gaulois », tonne Nicolas Sarkozy le 20 septembre 2016, en pleine campagne pour la primaire de la droite en vue de l'élection présidentielle, dans une allusion aux accents de fin de XIXe siècle. Deux anciens présidents de la Cinquième République évoquent le passé. Bien qu'il s'en défende, le premier semble être resté un peu amer de ne pas avoir été reconduit dans ses fonctions en 1981. Le second, sur un ton agressif, convoque l'Histoire afin de galvaniser son auditoire. Les de...