Pierre-Jean Labarrière

L'HOMME MORTEL, UN ÊTRE POUR LA VIE
CHRISTUS N°184
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Pierre-Jean Labarrière
Comme tout ce qui compte dans l'ordre de la pensée, la mort demande à être prise d'abord dans sa dimension d'expérience et de fait. L'homme est mortel : voilà qui s'inscrit en lettres de feu et de cendres à l'horizon de toute réflexion sur « le sens de l'existence ». Il me souvient d'un prédicateur, pas si ancien que cela, qui commençait par ces mots un discours solidement charpenté : « Nous mourrons tous, mes frères : l'Ecriture le révèle, et l'expérience le confirme... » Encore que nul ne puisse jamais être, à strictement parler, contemporain de sa propre mort : la connaissance que nous en avons ne peut être qu'indirecte, dans l'étonnement ou dans la brûlure que cause en nous la disparition de nos proches. A moins qu'il ne s'agisse d'une intuition de fond qui s'éprouve au lointain du coeur — mais c'est là une autre affaire... Communément, donc, le discours que nous risquons à son propos ne manque pas d'être boiteux, même lorsqu'il se garde des pièges de l'imaginaire. Mais, au vrai, les seules réalités dont il soit nécessaire de parler, ne sont-elles pas paradoxalement celles qui relèvent de l'indicible ? J'ai entendu un médecin, familier de cet indicible, dire un jour, en guise de « consolation » face à un d&eacut...