Philippe Barthelet

MENSONGE LITTÉRAIRE ET VÉRITÉ ANGÉLIQUE
CHRISTUS N°204
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Philippe Barthelet
On connaît l'histoire de cet accusé qui se défendait lui-même devant la cour d'assises, comme le code le permet ; et qui finit par se rasseoir : « Tout ce que je vous ai dit est faux, non parce que c'est faux, mais parce que je vous l'ai dit » Le pire mensonge n'est pas la contre-vérité, anti-critère, banalité pascalienne, mais la vérité faussée, et faussée par cette distance en droit infranchissable entre la bouche de qui l'énonce et l'oreille de qui la perçoit. « Pour m'entendre, il faudrait que vous ayez mes oreilles », et Zarathoustra se décourage autant que l'accusé qui avait cru pouvoir se faire entendre de ses juges. Gustave Thibon écrit que « les secrets jetés au vent deviennent autant de mensonges » : c'est ainsi que dans les contes les joyaux usurpés deviennent des serpents. Sortir du mensonge, c'est peut-être sortir pour commencer de l'illusion que tout se peut dire à tous, et sans dommage (à la fois pour ce qui est dit et pour ceux qui l'entendent) ; en d'autres termes, et selon la superstition d'un scientisme de méthode ici ravageur, que des auditeurs interchangeables sont les destinataires indifférents de vérités équivalentes. Pour tous et pour personne : le sous-titre nietzschéen trouve ici son sens le plus nihiliste, où et...
Mots clés : Ange Art (cinéma, peinture, sculpture) Media Mensonge Parole d’homme Réalité Silence
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