Patrick ROYANNAIS

L'EXPÉRIENCE SPIRITUELLE ET SON LANGAGE
CHRISTUS N°247
-
Patrick ROYANNAIS
De façon assez spontanée, les chrétiens comprennent la vie spirituelle de manière très affective, sans rapport avec les spéculations de la théologie. Cette opposition entre prière et intelligence de la foi a une histoire qu’il faut étudier. Dans la prière comme dans la théologie, on est démuni à considérer celui que l’on ne peut avoir sous la main. Pour parler de Dieu, la grammaire de la pensée fait défaut. En outre, aucune philosophie ou conception du monde ne s’impose dans le pluralisme contemporain : impossible de parler unanimement des hommes en ce monde dans leurs rapports entre eux et avec Dieu. Il faut alors visiter quelques grands moments de la tradition spirituelle, depuis Maître Eckhart au XIVe siècle jusqu’à François de Sales au XVIIe, et même un peu au-delà. On y voit comment on a fait toujours plus de place aux sentiments dans la spiritualité. Celle-ci concerne alors de moins en moins toute l’existence, notamment corporelle et fraternelle, pour se réduire de plus en plus à un mouvement de l’âme vers le surnaturel. À partir du XVIIIe, la spiritualité ainsi comprise est grandement disqualifiée, tant pour les athées que pour une majorité de chrétiens. Puisque ce qui s’y éprouve n’est pas ob...
THÉRÈSE DE JÉSUS
CHRISTUS N°258
-
Patrick ROYANNAIS
Thérèse de Jésus (1515-1582) est maîtresse de vie dans l’Esprit. L’auteur propose de se mettre à son école. Il est question de désir de Dieu, d’amour fraternel, de femmes dans l’église, de prière... Le monde est confronté, les croyants eux-mêmes, les chrétiens et l’Occident en particulier, à  l’indisponibilité de Dieu. Il se pourrait que ce ne soit pas nouveau et constitue la condition même de la foi, du moins une de ses expressions. Thérèse de Jésus, en plein XVIe siècle, vit la foi sur ce mode. Dieu n’est jamais là où l’on pense le trouver. La vie dans l’Esprit et la foi se font alors fondamentalement quête.Vivre la foi sur le mode de l’indisponibilité de Dieu et du manque passe par une critique de l’Église. Non que l’on se situerait en dehors d’elle mais que la sorte d’arraisonnement de Dieu, à laquelle une institution à son service ne peut jamais totalement échapper, apparaît comme une évidence scandaleuse. Affirmant la place de Dieu dans la vie des hommes, l’Église est structurellement confrontée au danger de prendre sa place, indépendamment de la sainteté ou du péché de ses membres, ministres compris.Le chrétien est mystique ou n&...