PEUT-ON GUÉRIR DE LA HAINE ?
CHRISTUS N°216
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Nicole Fabre
Je me trouve sollicitée dans la même période pour deux articles. L’un concerne la fin de la haine, l’autre s’interroge sur : comment sortir du mal ? Et je m’aperçois qu’un thème peut éclairer l’autre. Du moins, pour moi, en moi, ces deux questions se tissent l’une avec l’autre.
Le mal que j’ai subi n’est-il pas bien souvent la cause d’une haine qui à son terme produit du mal et me fait du mal — et me conduit peut-être à porter le mal chez l’autre ? Le mal dont souffre notre monde n’est-il pas souvent le terreau de la haine — dans nos microsociétés, dans les familles, dans les États ?
Et je m’interroge : avons-nous le désir de sortir de la haine ? Comment se fait-il que, malgré parfois le désir que nous en avons, nous n’y parvenions pas ? Comment est-il possible de quitter un jour le monde de la haine, d’abandonner au bord du chemin la vieille dépouille de la haine ?
Avec en miroir une autre interrogation : comment puis-je sortir du mal dont j’ai souffert avec des blessures qui ne saignent plus, même si les cicatrices demeurent ? Ou plus précisément, comment la blessure devient-elle une blanche cicatrice, rappel de l’épreuve et de la haine éprouvée ou subie, trace non douloureuse mais trace malgré tou...
LA BLESSURE DE RAPHAËLLE
CHRISTUS N°208
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Nicole Fabre

Discerner nos réactions
Dans nos sociétés hyper sélectives, l’humiliation se banalise à l’encontre des plus faibles, dès l’enfance. Relisons « la blessure de Raphaëlle », article de Nicole Fabre, qui ouvre le numéro 208 de Christus L’homme humilié. Victime des propos humiliants de son environnement familial et social, une petite fille blessée retrouve un amour d’elle-même qui la transforme. Comme une nouvelle naissance. Nos jugements à l’égard des plus faibles, relèvent-ils d’un désir juste d’aider à progresser, ou de pulsions mal contrôlées qui perpétuent la violence ? La frontière est souvent ténue nous dit N. Fabre.
Ils m'ont traité de gros. » « Ils m'ont traité de con. » « Ils m'ont dit que je suis la pire. » « Ma mère, elle m'aime pas. Y'a qu'à voir ses yeux ! Je passerais sous terre. » « Mon père, il m'a "déchirée". » « Il a regardé mon carnet et il a dit : "Pff !" » « Tes fleurs, tu pourras les garder ! Ça salit tout. » « Tu t'es regardée ? Tu voudrais quand même pas sortir avec moi ? » « Tu mets quatre fois plus de temps que ton...
Mots clés :
Amour
Culpabilité
Enfant
Famille
Guérison
Humilité
Mal
Maladie
Pédagogie
Psychologie
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VENIR À LA PAROLE : ASCÈSE ET CRÉATION
CHRISTUS N°147
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Nicole Fabre
L'ENFANT ET LES JOUETS
CHRISTUS N°84
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Nicole Fabre
EDUCATION SEXUELLE, ÉDUCATION SEXUÉE
CHRISTUS N°66
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Nicole Fabre
DU BON SEIN AU PALAIS DE DAME TARTINE
CHRISTUS N°238
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Nicole Fabre
«Je regardais notre bébé, me raconte un jeune père au cours d’une séance de psychothérapie, je l’ai regardé téter, frotter son nez, sa joue, sa bouche, trouver le bout du sein de sa mère, l’engloutir… J’avais l’impression qu’il allait l’avaler tout entier, avec sa toute petite main posée dessus… Et ma femme qui ne le quittait pas des yeux… qui laissait faire… Et puis, ça s’est arrêté tranquillement… comme ça… Il était… comment dire ?… repus et béat… contre le sein de sa mère… gorgé de lait… gorgé d’elle… » Après un long silence, il ajoute : « J’étais jaloux ! »
Jaloux de ne pouvoir, lui, s’emplir de sa femme avec la même évidence et la même volupté ? Oui, sûrement. Jaloux aussi de la simplicité de cette satisfaction immédiate du désir. Jaloux du désir lui-même primaire, un désir qui cherche son objet, le trouve offert, s’en repaît et, dès lors, trouve le calme, la quiétude. « Quelle chance ! », sommes-nous tentés de dire.
Avatars
Hélas, il arrive que ce plaisir simple (éprouver un besoin vite converti en désir et...
"TON PEUPLE SERA MON PEUPLE"
CHRISTUS N°253
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Nicole Fabre
« Ton peuple sera mon peuple et ton Dieu mon Dieu. » Sur ces paroles, Ruth décide de suivre Noémie (Rt 1,16). Quittant son pays et ses dieux, elle devient étrangère dans le pays de sa belle-mère, se met sous la protection du Seigneur et trouve une fécondité qui lui avait jusque-là été déniée par la mort de son mari.
Le livre de Ruth est un petit livre : quatre chapitres seulement ! Avec le livre de Job, il est le seul à porter le nom d'une personne étrangère au peuple d'Israël. Car Ruth est Moabite. Sa figure se détache peu à peu sur fond d'une migration familiale qui a viré au cauchemar.
Élimélek – nom qui signifie « Dieu est roi » – quitte Bethléem avec sa femme, Noémie, et ses deux fils. Il prend cette décision car il y a famine au lieu même où l'on devrait trouver du pain (un des sens possibles de Bethléem est « maison du pain »). Le texte débute donc sur des contradictions insoutenables : Dieu est-il vraiment roi alors que la mort menace cette famille du peuple d'Israël ? Les lieux d'enracinements et d'histoires sont-ils des leurres s'ils ne peuvent plus nourrir la vie ? Ce départ s'accompagne d'emblée du poids de ces lourdes questions. N'est-ce pas parce qu'il se...