Nicolas ROUSSELOT

AUX SOURCES DE LA PRIÈRE D’ALLIANCE
CHRISTUS N°232
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Nicolas ROUSSELOT
NICOLAS ROUSSELOT S.J. Centre spirituel Châtelard, Lyon. A publié : La consolation : les racines bibliques de l’expérience ignatienne (Vie chrétienne, 2007). Qui ne se réjouirait du succès que remporte aujourd’hui la « prière d’alliance » ou « prière de l’examen » parmi les baptisés, bien au-delà des cercles ignatiens ? Même les plus jeunes parmi nous ont pris l’habitude de conclure leur journée par un « Chut, merci, pardon, s’il te plaît ». Ignace de Loyola en est certainement très heureux. De fait, en quelques décennies, la popularisation des cinq points de l’Examen général des Exercices spirituels (n° 43) a favorisé le lien entre la prière du soir et les événements de la journée écoulée, décloisonnant ainsi la foi et la vie. De plus, sa répartition en trois ou quatre étapes offre une excellente initiation à la reconnaissance des motions intérieures. Un cadre est posé où le désir du Créateur peut être entendu, et où peut s’exprimer celui de la créature. Néanmoins, au bout de quelques années, une vulgarisation, même reconnue comme réussie, risque de dévaloriser l’intuition première du fon...
Mots clés : Dieu Expérience spirituelle Grâce Louange Pardon Prière
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PETIT TRAITÉ DE LA JOIE CONSENTIR À LA VIE.
CHRISTUS N°235
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Franck DAMOUR Nicolas ROUSSELOT
Martin Steffens est un jeune professeur de philosophie à la foi chrétienne vivante, voire jubilante. Mais ne nous y trompons pas. Malgré son titre printanier, le Petit traité n’est pas celui d’une joie facile, acquise à bon marché. La joie spirituelle dont il est question s’est purifiée au creuset de la fascinante pensée nietzschéenne, avec laquelle l’auteur ne cesse de rester en dialogue de la première à la dernière page. Comme si, pour demeurer évangélique, ce consentement à la vie qu’est la joie devait se partager en chemin, aussi loin que possible, par celui que Paul Valadier appela si justement « l’athée de rigueur ». Ainsi, en compagnie de Nietzsche, face à cette vie que je n’ai pas choisie, je ne dis pas seulement : « Les choses sont ainsi faites », mais je proclame haut et fort : « Qu’il en soit ainsi ! » L’art de consentir se jouera donc dans cet impératif. Il refusera la résignation, inversera le temps en « créant de la liberté à rebours » et permettra ainsi de vivre libre, par delà la fausse monnaie des dépendances ambiguës. Mais le oui chrétien prendra une autre route, préférant l’espérance à l’espoir, la destinée au destin, et ira jusqu&...
Mots clés : Littérature
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LETTRE À TOUS CEUX QUI CHERCHENT DIEU
CHRISTUS N°247
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Nicolas ROUSSELOT
  L’auteure a enseigné la littérature en lycée public. « Elle n’a jamais consenti au silence sur sa foi, ni à l’imposer de manière discrète », écrit sa préfacière. De ce goût du partage avec les « lointains » est né ce petit livre, scandé de vingt-et-un courts chapitres aux titres évocateurs : « catastrophe », « alliance », « le Ressuscité », « l’enfer », « adoration », etc. À chaque fois, une parole du Premier Testament se frotte à celle du Nouveau, tels deux silex sans lesquels le feu ne saurait jaillir. Pas de lien apparent entre ces chapitres, hormis une douce invitation à entrer dans une spiritualité de l’union et de l’offrande irradiant le quotidien. Les sept derniers chapitres sont particulièrement bien écrits.   Nicolas Rousselot  
COMMENT VIVRE ?
CHRISTUS N°255
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Nicolas ROUSSELOT
      Lorsque paraît un petit livre sur Jésus, on ouvre celui-ci avec circonspection, craignant que l'auteur tirera du trésor des évangiles plus de l'ancien que du neuf. En refermant le livre d'Anne Fortin, l'impression est différente. Du neuf surgit, spécialement là où on ne l'attendait pas. On se demande aussi : « Mais qui est donc cette professeure québécoise, dont on aperçoit le jeune et joli visage en couverture, pour avoir fait une telle expérience spirituelle ? » Certes, la lecture du livre est exigeante. Il faut se battre avec certaines pages. Ici et là, certains paragraphes semblent mal écrits, sans doute parce que trop profonds. L'écriture n'est pas sans rappeler à tel ou tel moment celle de grands devanciers, Denis Vasse ou Michel de Certeau. « L'exégèse de nombreux passages de l'Évangile est bouleversante de justesse », écrit Dom Jean-Pierre Longeat dans une longue et louangeuse préface. Comment vivre ? Comme si le Christ s'adressait au lecteur dans chacun des récits, lui demandant : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Au lecteur de répondre en naissant de nouveau. Pour l'auteure, la mission de Jésus tourne autour de la phrase énigmatique dite par l'ange à Zacharie : « Il ramène...
UN CHEMIN DU COEUR
CHRISTUS N°258
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Nicolas ROUSSELOT
Récemment, l'antique « Apostolat de la prière » confié de la Compagnie de Jésus est devenu le « Réseau mondial de prière du pape ». Chaque mois, le réseau est chargé de diffuser les intentions de prière du Saint-Père. Celui-ci a encouragé ses trente-cinq millions de membres à emprunter un itinéraire de conversion en neuf étapes appelé « Chemin du cœur ». Le jésuite italien Tommaso Guadagno a enrichi ce parcours spirituel par des questionnaires méditatifs et surtout des enseignements inspirés de la spiritualité du Cœur du Christ. S'il semble au début quelque peu décousu (une préface, une introduction puis un avertissement, puis deux introductions), l'ouvrage pourra aider l'animation de groupes partageant une intuition datant de plus de cent cinquante ans : l'offrande d'une vie, même très ordinaire, peut être missionnaire, en prenant à cœur les grandes intentions du monde. « Frapper au cœur de Dieu est d'une tout autre efficacité que celle d'agir soi-même en fournissant une aide : prier, c'est inscrire l'amorce en Dieu de l'action d'un autre dans la communion des saints. »
LA SAGA D'ABRAHAM
CHRISTUS N°259
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Nicolas ROUSSELOT
Au fil des années, le nom de Bruno Régent devient familier à ceux qui aiment les Écritures. Prenant appui sur les travaux de Paul Beauchamp, de Marie Balmary et d'André Wénin, l'auteur reconnaît aussi qu'il rédige ses textes avec seulement devant lui une bible ouverte et un écran tout blanc. Après ses derniers commentaires de la Genèse et de quelques paraboles, puis son stimulant guide De la vie spirituelle : repères (Fidélité, 2017), voilà qu'il se penche ici sur l'itinéraire d'Abraham et de Sarah. Sa méthode est originale : paragraphe après paragraphe, il interviewe les personnages en présence et, de temps à autre, le narrateur. Chacun s'exprime comme s'il se confiait au micro de l'auteur, ce qui donne à la lecture un ton familier, presque joyeux, malgré des drames pathétiques. En effet, dès les premières pages, on est frappé par l'imbroglio familial dans lequel s'emmêlent les destinées d'Abraham et de Sarah. Le fameux changement de nom d'« Abram » en « Abraham » et de « Saraï » en « Sara » devient le fil rouge du récit et met au jour d'étonnants secrets cachés au détour de versets apparemment anodins. Et voici qu'on découvre, étonnés, &agra...
L'ÉTERNITÉ REÇUE DE MARTIN STEFFENS
CHRISTUS N°261
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Nicolas ROUSSELOT
Martin Steffens fait partie désormais du paysage catholique. Chroniqueur à La Croix et à La Vie, il a le don de tirer d'un petit fait de vie une leçon de philosophie, à la fois printanière et magistrale. Mais, de livre en livre, il creuse son sillon dans le champ dangereux de l'alliance de l'amour avec la souffrance et la mort. Dans L'éternité reçue, il réalise un tour de force philosophique en dégageant les fondations existentielles cachées derrière les mots de l'Église inaudibles à la raison : Résurrection, Jugement dernier, Paradis, et même « les pleurs et les grincements de dents » dont parle Jésus ! Pour ce faire, il commence par tordre le cou aux systèmes de pensée qui, trop facilement, apprivoisent ou évitent la mort et qui, en cela, empoisonnent la vie. Restant attentif à ceux qui refusent ces théories de la résignation, mais se perdent dans la lutte (Œdipe) ou la supplication (Orphée) désespérée, l'auteur s'appuie sur ses penseurs favoris, Nietzsche et Simone Weil, pour se confronter au gouffre final qu'est la mort, en reprenant la subtilité du mot « usage », mis en valeur par Pascal dans sa célèbre prière « pour demander le bon usage des maladies ». C'est en faisant «...
CONFESSION D'UN JEUNE MOINE D'OLIVETO GÉRARDIN
CHRISTUS N°261
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Nicolas ROUSSELOT
Bayard, « Spiritualité », 2017, 404 p., 16,90 €.On fronce un peu les sourcils en ouvrant ce livre de quatre cents pages écrit par un presque jeune homme ayant à peine quinze ans de vie monastique. Le lecteur honnête commence à lire et, très vite, il est conquis par la simplicité du ton. L'auteur n'a pas trouvé d'alibi pour se répandre. Il souhaite partager seulement les motivations de son choix si extraordinaire, à une époque où nombreux sont ceux qui souhaitent faire de leur vie une expérience authentique, mais en restant leur propre père abbé. Au fil des pages, l'impression se confirme. L'auteur se laisse lire et donne l'impression qu'il est en train de nous faire visiter le monastère, en entrant sans effraction dans son intimité. Le plan de sa visite est bien pensé. Avec beaucoup d'à-propos, le frère nous décrit les lieux conventuels. Puis, il nous dirige vers le quasi-miracle de la vie communautaire, pour aller ensuite plus profondément aux abords du « cœur » du moine (qu'on ne visite pas), face à lui-même et face à Dieu. Beaucoup ressortiront de cette visite avec la conviction que la vie monastique est le pari le plus fou de toutes les figures d'Église ; et qu'en même temps, tout ce qui est dit dans ce livre vaut pour tou...
THÉRÈSE DE LISIEUX, UNE BAPTISÉE À PART ?
CHRISTUS N°275
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Nicolas ROUSSELOT
Thérèse de l'Enfant Jésus pourrait déconcerter un ignatien quant à sa manière de faire des choix. Il semble qu'un choix fondamental datant de son enfance éclairera toutes les décisions ultérieures. Thérèse, malgré des forces adverses incessantes, n'opérerait que des élections selon le premier temps ! Thérèse de Lisieux, une baptisée à part ? Thérèse de Lisieux serait-elle une baptisée à part ? En effet, dans ses manuscrits autobiographiques, on ne la voit guère faire la diakrino, le tri entre ses pensées, en accueillant certaines et en en rejetant d'autres. Pour elle, contrairement à nous tous, tout semblerait tracé d'avance, les grandes décisions de l'existence seraient prises dès le début… Grâce à l'étude de plusieurs de ses choix, nous allons tenter de comprendre cette énigme. ​Le premier grand choix de vie Il y a quelques années, Denis Vasse mettait en lumière une étape cachée de la vie de Thérèse, non rapportée dans son Histoire d'une âme, mais relatée dans les lettres de Zélie, sa mère. Peu de temps après sa naissance, Thérèse souffrait d'anorexie, refusant de téter le sein. Elle fut emmenée in extremis chez une nourrice, Rose Taillée, à Sémallé, petit bourg près d'Alençon. Là-bas, Thérèse fait une expérience décisive. À distance de sa mère marquée douloureusement dans son inconscient par les deuils successifs de quatre de ses enfants, Thérèse reprend vie. « Quand elle rentre définitivement chez les Martin, le 11 mars 1874, la petite Thérèse a quatorze m...