DÉSERT, MA CATHÉDRALE
CHRISTUS N°224
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Monique Bellas

Préf. M. L. Fitzgerald. Desclée de Brouwer, 2008, 201 p., 19 euros.
Évêque dans le désert saharien d’une poignée de chrétiens disséminés en terre d’islam : comment est-ce possible ? Pourquoi être restés en Algérie lorsque se multipliaient enlèvements et meurtres ? Il y a dans ce livre bien des réponses aux incompréhensions métropolitaines.
Le jeune Père Blanc, arrivé en Algérie en 1970 comme directeur adjoint d’un Centre de formation professionnelle, va petit à petit s’enraciner, adopter ce pays, ses habitants et sa spiritualité. Pas de confusion, pas d’amalgame, mais la conscience forte de se tourner vers le même Dieu, chacun avec son chemin.
Les figures de Mgr Duval, de Christian de Chergé, des frères de Tibhirine et tant d’autres frères et soeurs moins connus, morts eux aussi, deviennent familières, au point que nous comprenons qu’ils aient pu continuer à vivre là.
Ne pas confondre la population et les extrémistes. Ne pas déserter du Lien de la paix (Rybât Essalâm) qui unit en Dieu des spirituels chrétiens et musulmans. Devant un point de divergence insurmontable, un musulman du Rybât a dit : « Nous ne devons nous exprimer nos différen...
CHEMIN DE PASSION, CHEMINS DU MONDE
CHRISTUS N°219
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Monique Bellas

Bayard, coll. « Panorama », 2007, 390 p., 23 euros.
Quatre livres sont ici réunis. Écrits entre 1986 et 1996, ils ramassent toute la pensée spirituelle de ce prêtre exceptionnel. Renonçant à une brillante carrière universitaire, il avait choisi de vivre dans une communauté de l’Arche, à Toronto. Cet enracinement à l’école des plus démunis colore radicalement son évangile.
Véritable invitation à mettre ses pas dans les pas de Jésus, Chemins de passion, chemin du monde s’ouvre sur le dessin d’un pied en marche, oeuvre de soeur Helen David marquant le chemin de Croix de tous les souffrants du monde : les condamnés à mort, les mères de disparus, les sans terre, les humiliés. Jésus est toujours en chemin vers la Croix, Jésus meurt toujours en eux et ressuscite pour eux et tous avec lui. La Lettre à un ami sur la vie spirituelle voudrait faire un pont vers des non-croyants. C’est déjà une formidable façon de rendre compte de sa propre foi. Dans La foi au quotidien, il s’agit de propos d’un ami que l’on aime méditer, relire, retrouver: un accompagnement de tous les jours. Dans Ma foi comme une histoire, Nouwen raconte comment il a lui-même été évangélisé par la rencontre d’Adam, un adul...
MÈRE TERESA, L’INDIENNE
CHRISTUS N°214
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Monique Bellas

Préf. l’Abbé Pierre.
Le Rocher, 2006, 200 p., 17,90 euros.
Une biographie de plus ? Non, pas vraiment. Daniel Facérias s’est intéressé à la période 1946-1950 lorsque l’engagement de soeur Teresa bascule. C’est en poète qu’il se place aux dernières heures de la vie de Mère Teresa et lui fait revisiter ces années cruciales où le doute et la foi la pousseront hors de la congrégation des Soeurs de Lorette à Calcutta.
Appuyé sur de solides sources, il nous fait pénétrer au coeur de la spiritualité douloureuse de Teresa. Douloureuse car sa confiance absolue, brûlée au feu de la rencontre avec son Dieu, devra tenir les longues années d’une nuit complète, où Dieu ne fait plus signe.
« Elle n’a ni joie, ni peine, mais elle donne le bonheur. » C’est ce mystère que ce livre veut nous faire partager. Les rencontres y sont riches, nombreuses, surtout avec les plus humbles. Et avec les autres religions. Son accueil respectueux est un modèle pour les relations interreligieuses : mêler connaissance, et même reconnaissance, en restant soi-même ancré dans sa foi au Christ. Ne jamais chercher à convertir.
CHRÉTIEN, QUE DIS-TU DE TOI-MÊME ? & BOSE
CHRISTUS N°214
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Monique Bellas

Chrétien, que dis-tu de toi-même ? Trad. M. Wirz. Bayard, coll. « Panorama », 2006, 206 p., 18 euros.
Bose, La radicalité de l’Évangile. Entretiens avec Enzo Bianchi et la communauté. Parole et silence, 2006, 112 p., 13 euros.
« Ou le christianisme est philocalie, amour de la beauté, chemin de beauté, ou il n’existe pas. » C’est par cette affirmation radicale, dans le style d’un saint Paul, qu’Enzo Bianchi, prieur de la communauté monastique de Bose, en Italie, termine sa propre réponse à la question : « Chrétien, que dis-tu de toi-même ? » Sur les pas de Jésus, le chrétien est appelé à vivre bien. Que cette vie passe par des souffrances, mène à la Croix, Bianchi ne le nie pas. Toute vie donnée, toute vie « pour les autres » est marquée par le compagnonnage des hommes jusqu’au martyre.
Et pourtant, c’est là source de joie. Le prieur de cette communauté peu ordinaire — mixte et oecuménique — invite chacun à réfléchir sa vie, avant même de prier. Donner sens à notre existence, s’en réapproprier le temps : vivre au lieu d’être « vécu ». Quelques saines interrogations, des réponses personnelles qui appellent les nôtres. Voi...
ET LA VIE SERA AMOUR
CHRISTUS N°212
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Monique Bellas
Sel de la Terre/Cerf, coll. « Biographies », 2005, 214 p., 20 euros.
Le P. Dimitri Klepinine est né en 1904, à la limite nord du Caucase. Russe et croyante, la famille Klepinine prendra la route de l’exil en 1919. C’est en 1925 que Dimitri arrive à Paris pour étudier la théologie au tout nouvel Institut Saint- Serge. Il deviendra prêtre et se retrouvera aux côtés de Mère Marie (récemment canonisée par l’Église orthodoxe) dans son soutien aux juifs et pauvres de la capitale au début des années 40. Cela lui vaudra une convocation fatale à la Gestapo en février 1943 et la mort au camp de Dora un an plus tard.
Toute une vie de foi, d’engagement, de renoncement s’inscrit entre ces dates. Hélène Arjakovsky-Klepinine n’avait que cinq ans lorsque son père est parti. À l’aide des souvenirs de sa mère, d’amis, à l’aide de carnets, de sermons, elle trace une biographie tendre et rêvée, d’un infini respect.
Un destin d’homme, le destin d’un « juste ». Une page d’Histoire à travers une page de vie familiale exceptionnelle : les lettres envoyées de Compiègne par le prisonnier avant son transfert à Dora, dans leur humble confiance et espérance, sont à elles seules leçon...
ENTRER DANS LE MYSTÈRE DE JÉSUS
CHRISTUS N°211
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Monique Bellas
Novalis/Bayard, 2005, 378 p., 19,80 euros.
Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, a trouvé dans l’évangile de Jean la porte d’entrée dans le mystère de Jésus. Cet évangile inspire ce qu’il vit au service des pensionnaires de l’Arche et des amis de Foi et Lumière. Le commentaire méditatif de Jean Vanier rend ce texte lumineux dans le contexte du monde juif ancien et dans notre aujourd’hui — contrepoint à notre monde désenchanté. Cette « lecture » plaira à ceux qui aiment cet évangile, mais aussi à ceux que rebutent ses longues phrases qui tournent beaucoup sur elles-mêmes, renonçant à retrouver le fil qui sous-tend l’ensemble.
La mise en page aérée de Pascale Turmel ajoute en lisibilité, à la façon des textes liturgiques qui retournent à la ligne à chaque respiration. On peut ainsi suspendre sa lecture à tout instant, pour mieux en goûter le sens, s’échapper dans la prière, revenir. Les mosaïques qui illustrent chaque chapitre proviennent de la chapelle de la Mère du Rédempteur, créée pour Jean Paul II. Leur merveilleuse simplicité s’accorde à ce partage d’évangile tendre et familier.
MARIE-MADELEINE
CHRISTUS N°209
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Monique Bellas
Cerf, coll. « Lire la Bible », 2004, 136 p., 23 €.
Régis Burnet enseigne aux universités de Paris VII et VIII. II vient de publier un « Que sais-je ? » sur le Nouveau Testament, et on se souvient de son Paul, le bretteur de l'Evangile (Desclée de Brouwer, 2000) qui nous restituait toute la chair d'un personnage hors du commun. Et le voilà qui trace le chemin allant de la pécheresse repentie des Evangiles à l'épouse de Jésus Ce chemin est plein d'enseignements sur la manière dont les croyants s'approprient les figures des saints, se fabriquent leurs reliques, afin de servir leurs intérêts du moment.
Longtemps, Marie-Madeleine a été la figure de la repentance, celle qui avait été pardonnée, « car elle avait beaucoup aimé ». Le Moyen Age l'avait voulue ermite en Provence. Ses reliques auraient été transportées à Vézelay, faisant la richesse de l'abbaye qui les avait accueillies. Comment est-on passé de cette vénération pieuse aux revendications à succès et non moins fantaisistes d'aujourd'hui? Ainsi Madeleine est-elle tour à tour présentée comme la première apôtre écartée par une Eglise misogyne, un véritable Graal, l'épouse de Jésus ayant porté sa descendance, une &eacu...
AUX SOURCES DE LA MISÉRICORDE
CHRISTUS N°208
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Monique Bellas
Pref P Barbann
Nouvelle Cite, coll « Racines », 2005, 159 p , 17 €
On sait la place de la miséricorde chez Jean Paul II Dans sa deuxième encyclique (novembre 1980), il invitait l'Eglise à prononcer ce mot non seulement en son nom, mais au nom de tous les hommes de notre temps Reconnaissant toutefois le caractère désuet du terme, le P Patrice Chocholski part à la recherche de toutes ses occurrences et de ses synonymes à travers les expressions religieuses et philosophiques. De cette quête, il résulte que la notion de miséricorde (au sens d'un amour tendre, compatissant et fidèle, qui restaure l'autre dans sa dignité) se retrouve dans tous les textes sacrés. Le musulman invoque tout au long du jour le « Très Miséricordieux » ; pour l'hindou aussi, Dieu est infinie compassion, et « la miséricorde de Dieu s'avère déterminante quant à la réception humaine d'une connaissance de Dieu ».
La seconde partie de ce livre dense est consacrée à l'approche judéo-chrétienne. Bien des chrétiens allergiques au Dieu vengeur qu'ils croient trouver dans le Premier Testament devraient lire ces pages Elles évoquent, à travers les différents termes hébreux, les entrailles d'un Dieu père-mère dont la bonté infinie est fidél...
PÈRE ARSÈNE : PRÉSENCE DE DIEU AU COEUR DE LA SOUFFRANCE
CHRISTUS N°207
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Monique Bellas
Trad. H. Arjakovsky-Klépinine et alii. Le Sel de la Terre/Cerf, 2004, 358 p., 26 €.
Deux ans après la publication du Tome I, Père Arsène : passeur de la fin, consolateur des âmes (cf. Christus, n° 200, octobre 2003, p. 466), voici la suite et la fin des écrits concernant le P. Arsène (1894-1975). Et c'est comme si nous revisitions un ami très cher, un guide spirituel Pourtant, dans ces écrits, nous n'entrevoyons le P. Arsène qu'à travers les tranches de vie, les récits de conversion de ses enfants spirituels. Et puis, au fil des pages, le P. Arsène s'efface, et seules restent les présences de Dieu et de sa Mère à l'oeuvre dans ces vies bouleversées de Russes, croyants ou devenus croyants, au coeur des guerres, de la Révolution, des persécutions, relégations, déportations..
Ces récits ne sont pas seulement des souvenirs, mais « la vraie vie, la vraie source vivifiante qui donne la foi et la force de vivre ». « Il n'y a pas de petites ni de grandes rencontres : un homme reste toujours un homme ; quel qu'il soit, l'image et ressemblance de Dieu demeure toujours en lui », explique le P. Arsène qui s'extasie des rencontres faites dans sa vie « De chacune j'ai tiré quelque chose de nouveau, d'édifiant, de nécessaire. » Nous aussi, nous sortons de ces...
AU FIL DE L'APOCALYPSE
CHRISTUS N°206
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Monique Bellas
Trad. F. Lhoest. Postf. M. Egger. Cerf/Le Sel de la terre, coll. Spiritualité », 2003,211 p., 25 €.
Pour le P. Alexandre, l’Apocalypse (livre de l'espérance la plus lumineuse), écrite pour tous les temps, s'adresse à chacun de nous. Ce commentaire orthodoxe est une rareté : les orthodoxes se réfèrent peu à l’Apocalypse, qui ne fait pas partie des lectures liturgiques. Verset après verset, le P. Alexandre décrypte le langage symbolique, accompagne la lecture. Les pages sur l'indifférence (commentaire du « ni chaud, ni froid », reproché à l'Eglise de Laodicée, Ap 3,15-17) sont à lire et relire. Certaines images restent vives, par exemple à propos de la rétribution : « La punition n'est pas un procès en justice, qui se termine par un verdict, mais une pierre lancée en l'air et qui retombe sur la tête de celui qui l'a jetée. »
Livre dans le livre, la postface de Maxime Egger reprend les analyses de l'auteur, les commente et ramasse dans un seul souffle ce qui s'égrenait au fil des versets. Alors cette lecture de l'Apocalypse, qui par moment semblait si simplifiée qu'elle en paraissait simpliste, retrouve sa portée prophétique. Notre aujourd'hui aussi habite ces images. Le combat du bien contre les forces mauvaises n'est pas terminé. Mais nous savo...
LA FEMME DES BÉATITUDES & BIENHEUREUSE TERESA DE CALCUTTA
CHRISTUS N°204
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Monique Bellas
La femme des Béatitudes, Trad. C. Barbacci. Salvator, 2003, 177 p., 15 €.
Bienheureuse Teresa de Calcutta, Trad. A. Duval. Mediaspaul, 2003,190 p.,15,95 €.
Qui n'aurait souhaité passer quelques heures en compagnie de la bienheureuse Mère Teresa ? C'est ce que nous offre l'italienne Anne-Lise Borghèse. Son ouvrage reprend tous les autres, qu'elle cite abondamment, sans ressembler à aucun.
La femme des Béatitudes est un hymne à l'amour maternel — amour dont a bénéficié Ganxhe, la future Mère Teresa, et que, Mère des pauvres, elle a su si bien prodiguer. Elle croyait en l'efficacité des petites actions accomplies avec amour. L'essor de son œuvre, son déploiement sur tous les continents prouvent la divine justesse de cette vision. Teresa se réclamait de la « petite voie » de Thérèse de Lisieux. C'est la même joie, la même humilité, le même Amour qui les a conduites, l'une et l'autre — joie qui doit tout accompagner, même les gestes les moins gratifiants. Joie, sourire, sans lesquels il ne faut rien entreprendre.
José Luis Gonzalez Balado a eu accès aux documents versés au procès en béatification. Cela colore différemment les récits concernant les débuts de l'activité de Mère Teresa auprès des plus pauvres....
PÈRE ARSÈNE : PASSEUR DE FOI, CONSOLATEUR DES ÂMES (I)
CHRISTUS N°200
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Monique Bellas
Introd. B. et H. Bobrinskoy. Trad. M. Lopoukhine et alii. Cerf/Le Sel de la Terre, coll. Biographies », 2002, 464 p., 28 €.
Qui est le Père Arsène ? Nul ne connaît son identité. A-t-il existé ou est-ce un personnage composite ? Les nombreux témoignages recueillis, ceux qui arrivent encore, plaident en faveur d'une seule personne : un hiéromoine qui reçut le nom de Père Arsène au monastère d'Optyna Poustin. Ceux qui l'ont connu, à la fin des années 20, prêtre à Moscou l'ont retrouvé en 1958 à Rostov-le-Grand. De même ceux qui ont séjourné avec lui dans les différents camps où il fut interné.
Croire qu'il est encore possible de croire, du fond même de l'enfer des camps à régime spécial. Croire que Dieu reste à l’œuvre et fait des miracles par l'intermédiaire de ses saints, encore maintenant, dès ici-bas. À lire Dostoïevski, on peut se dire que la force de ses personnages doit beaucoup à la qualité de l'auteur. Ici, la même force s'exprime sans littérature « simple » présence de Dieu à travers un homme entièrement donné.
Toute la vie du Père Arsène a été tendue par l'idée d'« apprendre aux chrétiens à croi...
RÉCITS DES PREMIERS PÈLERINS CHRÉTIENS AU PROCHE-ORIENT (IVE-VIIE SIÈCLES)
CHRISTUS N°199
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Monique Bellas
Ed. et trad. P. Maraval. Cerf, coll. « Sagesses chrétiennes », 2002, 301 p., 24 €.
Que la façon de raconter un pèlerinage ait changé au cours des siècles est normal : les hommes changent mais aussi les lieux et les rapports que les hommes tissent entre les lieux et les textes saints. La lecture de cet ouvrage éclaire le fossé culturel qui sépare la démarche des origines de celle d'aujourd'hui.
Aux premiers siècles de la chrétienté, les récits de pèlerinage sont très concrets : le nombre d'étapes, à cheval, d'un lieu à l'autre. Et les noms de chaque halte sont notés. Utile lorsque les cartes sont absentes. Arrivés sur les lieux saints, tout est saint et tout est « inventé [retrouvé] conformément aux Écritures ». D'un récit à l'autre sont vénérés le fragment de la Croix, l'écriteau, la pierre sur laquelle eut lieu la multiplication des pains, la grotte où Marie priait l'autel sur lequel Abraham s'apprêtait à sacrifier Isaac, l'endroit où se tenait Moïse lors de la bataille contre Amalec... À chaque fois, les dévotions se multiplient : il faut en prendre la bénédiction, repartir avec un peu de terre, de bois, d'eau...
Cette façon de scruter l'Écriture au...
N'AIE PAS PEUR
CHRISTUS N°199
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Monique Bellas
Introd. O. Clément. Le Sel de la Terre/Cerf, 2002, 378 p., 27 €.
Le P. Cyrille (1918-1994) a marqué, durant les quarante-quatre années de son ministère, la communauté orthodoxe marseillaise.
Son inlassable charité est à l'origine du Centre Saint-Irénée et d'une maison de retraite. Sa passion pour la liturgie où chacun participe (si chacun n'appelle l'Esprit, comment sera-t-il là ?) lui valut un mémorable combat pour obtenir la permission de célébrer la liturgie en français (et non en grec).
En 1964, au sortir d'une longue maladie, il est invité à faire des conférences. C'est alors que s'étoffe sa pensée théologique sur la Trinité, ses développements sur la liturgie et la conciliante. Cet ouvrage en rassemble l'essentiel. À la fois suffisamment distants pour apporter du neuf au lecteur catholique et suffisamment proches pour que ce neuf lui soit utile, ces textes sont une façon de revisiter les bases de nos certitudes. Moins d'un mois avant de naître au ciel, le Père Cyrille écrivait : « Tout le reste est vanité, mais le Christ est vraiment ressuscité. »
LETTRES À UNE PRINCESSE
CHRISTUS N°196
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Monique Bellas
Migne, « Les Pères dans la foi », 2 002,319 p., 22,87 €.
Théolepte a été évêque de Philadelphie (en Asie Mineure) de 1283 à 1322. Évêque et quasi-gouverneur de sa cité, il fut tantôt bien en cour, tantôt en disgrâce. Mais sa vie ne se résume pas à ces combats politiques. Homme de Dieu, il lutte contre les arséniates, est très présent et influent au synode de Constantinople en 1297, qui s'interrogea sur la « procession » du Saint-Esprit. Saint Grégoire Palamas le reconnaît comme un de ses maîtres spirituels.
Cette direction spirituelle est ici exprimée dans toute sa limpidité, avec les conseils donnés pas à pas à la jeune princesse Eulogia. Veuve à 16 ans, Eulogia se retire du monde et fonde un couvent sur lequel Théolepte veillera attentivement. La tradition hésychaste imprègne ces conseils d'une pure lumière. Retrait du monde, coupure avec la famille, garde du coeur, prière incessante il s'agit d'être et de se garder parfaite, agréable à Dieu, tout en sachant que le but est hors de portée
Peut-on aujourd'hui, au supermarché des pratiques, suivre tel conseil sur le jeûne ou la fréquentation de l'église tout en se détournant de ce qui paraît tellement contrai...
SAINT SILOUANE DE L'ATHOS
CHRISTUS N°195
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Monique Bellas
Préf. Archimandrite Syméon. Cerf, coll. Epiphanie », 2001, 404 p., 23 €.
Le starets Silouane est un des grands saints orthodoxes du XX siècle. Ses écrits reflètent son expérience spirituelle. Favorisé de visions du Christ et de la Mère de Dieu, mais aussi harcelé par des démons, il était d'une grande simplicité et humilité. Lui qui n'était allé que deux hivers à l'école écrivait sans effort sur Dieu, car, disait-il, « le saint Esprit m'a instruit... et me porte à écrire ».
L'étude de J.-C. Larchet scrute sept thèmes centraux dans l'expérience spirituelle de Silouane : tenir son esprit en enfer ; aimer les ennemis ; salut personnel et salut du monde ; l'expérience de la déréliction ; le repentir et l'humilité ; le visage du Christ ; la pédagogie de l'Esprit. Sur les premiers points, il opère une confrontation serrée avec les écrits des Pères de l'Eglise, et c'est l'occasion de revisiter des grands spirituels comme saint Jean Chrysostome ou bien Syméon le Nouveau Théologien.
Par-delà cette filiation directe, les accents propres à saint Silouane n'en ressortent que mieux, et les pages sur l'amour des ennemis ou l'humilité y gagnent une clarté, une évidence brûlante. Les d...
JEAN DE CRONSTADT
CHRISTUS N°194
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Monique Bellas
lntr. M. Egger. Trad. M. Redhon. Cerf/Le Sel de la terre, 2000, 306 p., 22 €.
La traduction de l'ouvrage d'Alla Selawry rend l'inestimable service de présenter aux lecteurs francophones cette grande figure du Christ qui a marqué la Russie, il y a cent ans maintenant.
Maxime Egger compare le Père Jean à Vincent de Paul. Né en 1 829 dans une famille paysanne très pauvre, il rayonnera, devenu prêtre, tant auprès des pauvres que des puissants. A la fois pasteur, confesseur, père spirituel, fondateur de monastères, bâtisseur d'oeuvres sociales, il attire à lui les foules en quête de guérison physique et spirituelle, et la puissance de sa prière opère des miracles. Tour à tour contesté et adulé, il reste un homme simple, bon, ouvert à chacun, lumineux de la joie de la résurrection.
Considéré comme un saint de son vivant, il a été canonisé dès 1990, c'est-à-dire dès que l'Eglise russe s'est retrouvée libre de toute tutelle étatique. Maxime Egger s'est chargé d'un contrepoint discret dans son excellente introduction . le Père Jean était un homme de son temps et ses prises de position politiques sont farouchement opposées aux idées révolutionnaires. Qui s'en étonnerait ? Il n'y voyait que le danger repré...
PORTRAIT D'ETTY HILLESUM
CHRISTUS N°194
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Monique Bellas
Desclée de Brouwer, 2001,224 p., 20 €.
Etty Hillesum, cette jeune femme juive qui se proposait d'« aider Dieu » au sein de l'enfer des camps, a quelque chose à nous apprendre. Tirer cette leçon, nous inviter à lire et relire le journal laissé par Etty, tel est le but d'Ingmar Granstedt.
Paul Lebeau, dans Erry Hillesum, un itinéraire spirituel (cf. Christus, n° 182, avril 1999, pp. 222-223), s'effaçait devant les citations pour nous laisser entendre la voix d'Etty. I. Granstedt, qui a eu accès à davantage de lettres, puisqu'il a pu lire tous les originaux en néerlandais, se refuse à couper, choisir, morceler : il fait une lecture de la vie d'Etty pratiquement sans citations. Cinq axes sont retenus et entrecroisés : le contexte social, et notamment la persécution nazie ; le libre choix d'Etty de ne pas fuir ce « destin de masse » ; sa relation avec Julius Spier ; son rapport à Dieu ; son sens de « cette vie si bonne, malgré tout ». La dimension amoureuse est centrale dans cette étude. C'est de l'effort d'accueil, dans l'honnêteté et le dépassement, de cet amour qui flambe entre Etty et Julius, que naît la force spirituelle d'Etty, cette capacité d'amour étendue au-delà du cercle naturel.
Le rapport à Dieu vient ensuite. Non qu'il soit second. C'est Julius Spie...
MOI, DOMINIQUE
CHRISTUS N°193
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Monique Bellas
Desclée de Brouwer, 2001, 128 p., 12,96 €.
Savoir, écriture et foi s'allient heureusement pour nous livrer, de l'intérieur, ce que Dominique de Guzmân, fondateur de l'ordre des prêcheurs, aurait pu nous dire au soir de sa vie.
Bouffées de poésie tout autant que d'histoire, les souvenirs de Dominique nous mènent de Castille au Danemark, de Toulouse à Rome, en poursuivant inlassablement une reconquête des âmes à la « vraie foi », au coeur de cette chrétienté contestée sur son propre terrain : la vie à l'imitation du Christ que mènent les « parfaits » cathares. L'intuition de Dominique et de son évêque Diègue est qu'il n'y aura de combat efficace du catharisme qu'en abandonnant les fastes de l'Eglise. C'est pieds et mains nus qu'il faut aller porter la contradiction et la vérité.
Toute la force de Dominique est dans ce don de soi pour apporter le pardon et la réconciliation. C'est ainsi que se forme autour de lui une fraternité : « le laissais venir à moi ceux qui souhaitaient contribuer sans armes à la reconquête. Nous leur donnions une robe de laine, un manteau long, un Evangile. » Sa douleur incessante est de voir et de pressentir ce que feront soldats et légats : « Je savais aussi que même si les prélats bottés s...
TERRE BLANCHE
CHRISTUS N°192
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Monique Bellas
Préf. R. Pernoud. Sarment/Fayard, 2000, 504 p, 140 F.
Un jeune homme quitte ses études parisiennes pour rejoindre les siens dans la montagne libanaise à l'automne 1983. Pris dans la tourmente, il restera otage treize mois durant. « La prison transforme l'écriture en un exercice spirituel de patience et de résistance. » Quinze ans plus tard, il se décide à en publier le fruit. Ce journal, fidèlement tenu, offre un portrait du Liban des années 1983-84, un Liban sous les bombes, occupé, où massacres, enlèvements, marchandages créent une réalité parallèle monstrueuse. Mais c'est surtout l'impressionnant témoignage d'un chemin de libération par la foi. Ouvrage composite donc, de l'analyse journalistique au récit mystique.
A ceux qui en arriveraient à douter de la réalité de ce qui est décrit, A.-J. Assaf répond que « seule la fiction, la distance et le détachement sont capables de recréer la réalité ». A celui qui peut dire : « J'ai vécu l'heure de la mort... sans mourir », Dieu se révèle. « L'épreuve dure, tout doit donc durer. La joie au risque de l'intériorité, la joie au risque de la souffrance. Je continuerai le chemin jusqu'au bout comme une âme que le Crucifié travaille. »...
LE PAUVRE D'ORIENT
CHRISTUS N°190
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Monique Bellas
Presses de la Renaissance, 2000, 339 p., 119 F.
Avez-vous fait le siège de Damiette avec les croisés en l'an 1219 ? Etiez-vous présent lors des entretiens qu'eurent François d'Assise et Malek al-Kamel ? Non ? Et pourtant c'est ce que vous croirez au sortir de ce livre. Le talent d'Alain Absire (auteur entre autres romans de L'Egal de Dieu, Calmann- Lévy, 1987), c'est d'avoir tiré d'une minutieuse documentation la matière puissamment évocatrice d'un récit impressionnant. François prend chair devant nous ; le feu dévorant qui l'anime nous brûle aussi.
Le livre s'ouvre sur l'Illuminé de Riéti venu annoncer à François qu'un bateau part d'Ancône pour Saint-Jean-d'Acre et qu'ils peuvent embarquer. Nous ne les quitterons plus que pour quelques incursions, seuls, dans les appartements et les pensées de Malek al-Kamel. La foi de François n'a pas été partagée par Malek, mais le respect mutuel a fait des miracles. Cependant, autour d'eux comme de nos jours, peu voyaient leur foi de cette façon.
La rencontre du pauvre d'Assise et du sultan d'Egypte peut encore nourrir le dialogue entre croyants des deux religions, pour peu que chacun soit, comme eux, fidèle à rechercher, au coeur de ses convictions religieuses, le plus grand bien pour l'homme.
ALEXANDRE MEN
CHRISTUS N°189
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Monique Bellas
PAUL
CHRISTUS N°188
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Monique Bellas
Préf. M. Dubost. Desclée de Brouwer, coll. « Biographies », 2000, 188 p., 120 F.
Certes, personne n'a attendu Régis Bumet pour découvrir Paul, mais une synthèse vivante des recherches pauliniennes les plus récentes nous est ici livrée. Avec Paul, c'est toute l'histoire des Eglises naissantes, de leurs doutes et de l'élaboration de la théologie chrétienne, qui nous est ainsi restituée
L'ouvrage bien documenté, permet de mesurer combien cette pensée — si familière — s'est forgée dans la lutte au fil d'accueils mais aussi de rejets successifs grâce auxquels, précisément tant de lettres ont été écrites et nous sont parvenues. Echecs et rejets ont donné plus de fruit qu'un succès immédiat.
Une leçon pour aujourd'hui ? C'est ce que pense Mgr Dubost dans sa préface où il voit une similitude entre la situation judéo-chrétienne des années 70 et la désillusion idéologique engendrée par la chute du communisme en notre fin de siècle.
LA SPIRITUALITÉ DU MARTYRE & UN SIÈCLE DE TÉMOINS
CHRISTUS N°187
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Monique Bellas
La spiritualité du martyre, Saint-Paul, 2000, 158 p., 89 F.
Un siècle de témoins, Fayard, 2000, 431 p., 120 F.
Ne pas perdre la mémoire des martyrs et des confesseurs de la foi est un des trois axes du grand lubilé. Parti de la huitième béatitude : « Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera à cause de moi... », le père Pinckaers la présente comme le sommet, l'accomplissement des sept auttes. Le martyre reproduit la Passion du Christ et suscite de nouveaux témoins. C'est encore le Christ qui vit, souffre et vainc en eux. Une partie de l'ouvrage est consacrée à la citation et au commentaire de textes essentiels à la compréhension de ce mystère • les Lettres d'Ignace d'Antioche, celles de Clément de Rome, de Tertullien, les Sermons d'Augustin et la théologie du martyre de Thomas d'Aquin Confrontés à ce qu'ont vécu les chrétiens persécutés tout près de nous, ces textes n'ont pas pris une ride. Il n'y a pas deux Eglises — l'une persécutée et admirable dans son combat, et l'autre se laissant engluer dans un monde d'indifférence — mais une seule.
On pourra le constater dans l'enquête de Didier Rance (directeur en France de l'AED), qui a recueilli à uavers le monde les témoignages de ce si&egrav...
JEAN DE LA CROIX, FOU DE DIEU
CHRISTUS N°187
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Monique Bellas
Grasset, 1999, 284 p., 125 F. Après Thérèse d'Avila ou le divin plaisir (cf. Christus, n° 177, p. 91), Elisabeth Reynaud nous donne une biographie de Jean de la Croix. Même flamboyance dans le récit pour camper ce Siède d'or espagnol qu'elle connaît bien. Le combat mené par Thérèse pour réformer l'ordre des carmes est assumé jusqu'au martyre par Jean de la Croix. La résistance féroce des carmes chaussés, les intrigues, les voyages incessants exigés par les fondations font un contrepoint agité et violent au surgissement de ces chants épurés que sont la Nuit obscure ou la Vive flamme d'amour. Pour notte siède, certes dans un tout autre contexte mais aux vies sollidtées par mille excitations extérieures, Jean de la Croix est un maître exigeant et fascinant. Totalement engagé dans l'action (il dessinait, bâtissait, soignait, toujours disponible pour la direction spirituelle ou une lettre d'amical soutien), il témoigne de ce qui nourrissait cette présence aux choses et aux êtres : ce possible et sublime retrait en Dieu seul.
TÉMOINS DE LA LUMIÈRE & JÉSUS, LE MAÎTRE DE NAZARETH
CHRISTUS N°186
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Monique Bellas
Témoins de la Lumière, Cerf/Le Sel de la terre, 1599,308 p., 130F.
Jésus, le Maître de Nazareth, Trad. G. Guaîta. Nouvelle Cité, 1999, 399 p., 139 F.
Six biographies pour rendre compte de la vie souterraine du christianisme à l'époque soviétique avec leurs points communs : la 'clandestinité, le rayonnement, les dénonciations suivies le plus souvent d'arrestations, d'interrogatoires, d'années de camp... Et, à travers cela, l'espérance, la foi la charité à l'oeuvre Presque tous ces témoins sont nés dans les dernières années du xix' siècle. Ils ont pris sciemment le risque d'être prêtres ou moines durant le plan quinquennal de l'athéisme, suivant lequel « le nom de Dieu devait être oublié au 1" mai 1937 ». A partir de leurs écrits ou de témoignages, les enseignements de ces starets nous atteignent nous aussi. On pourra choisir de suivre Tavrion, qui aimait les liturgies joyeuses et la communion fréquente plutôt que le sévère Kholtchevqui insistait sur l'humilité et la contrition. Mais chacun a un message fort, que l'urgence de la persécution a simplifié. « Dans les années 70, croire en Dieu était considéré comme une anomalie et pouvait entraîner l'internement en hôpital psy...
LA VOIX D'UNE AUTRE SERBIE
CHRISTUS N°186
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Monique Bellas
Prés. V. Zielinsky et R. Masson. Parole et silence, 1999, 174 p., 92 F.
Dans la Serbie en guerre, un homme seul, médite. Et témoigne du désarroi de celui qui voit les dirigeants de son pays, mais aussi les intellectuels, les artistes et l'homme de la me, se fourvoyer dans un rêve sanglant de « nouveau peuple élu ». Que faire ? Sa résistance passe par la lecture des journaux (ceux qui mentent et ceux qui mentent moins, tous effarants) et l'écriture de sa douleur, de sa révolte. Que faire ? « Il faut parler sans haine. Mais à qui ? Ici, la haine règne partout. » Ses conférences et articles ne servent à rien. Il faut pourtant parler, même si « nul n'écoute ». Ecrire parler, prier ? Prier sans se lasser. Car « je suis sûr que la vérité se trouve là, dans notre Evangile ». Alors que « tous contre tous, il n'y a que des victimes », Djordjevic continue d'espérer : « Une autre Serbie va naître. Comment ? D'où ? De nos prières, mon ami. »
PASSAGE PAR L'ABÎME
CHRISTUS N°184
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Monique Bellas
Arfuyen, 1998, 70 p., 75 F.
« Ainsi s'établit un vertige de l'avilissement qui marque le comble de la crise. » Qui a vécu une dépression comprendra ces lignes qui évoquent, en postface, la « saison en enfer » pendant laquelle sont nés certains des aphorismes ici réunis. Mais beaucoup d'autres émergent, au conttaire, de la résurrection qui s'ensuivit : « Lorsqu'on a connu la débâcle et bu les eaux de la mort, la confiance a une beauté qui ne s'efface plus. » Les courtes sentences sont regroupées par thèmes ascendants : du malheur à la nouvelle naissance, en passant par l'agonie, l'oubli de soi, le don, l'amour d'autrui et la confiance.
Telles sont les étapes de la pédagogie divine dont Bastaire rend ici compte « Je n'ai nul autre dessein que d'émouvoir en nous ce lien qui participe à l'éternité » Et lorsqu'une expérience intime rejoint notre propre vérité intérieure, n'est-ce pas que « Dieu aimante Dieu » ? Alors, une phrase peut résonner longtemps, et panser une blessure, dès lors qu'on se laisse saisir • « Dieu le veuille ? Si tu le veux, il sera possible à Dieu de le vouloir. »
THÉRÈSE D'AVILA, QUI ES-TU ?
CHRISTUS N°183
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Monique Bellas
Préf. T. Alvarez. Editions du Carmel, coll. « Témoins de vie », 1999,229 p., 120 F.
Jean Abiven, qui a longtemps enseigné à ses frères carmes les chemins de la spiritualité thérésienne, procède du plus éloigné au plus intime. Il situe le contexte historique (le Siècle d'Or espagnol, les conquêtes, mais aussi les échos de l'avancée de la Réforme protestante), les influences reçues et recherchées auprès des spirituels et théologiens de son temps. Une fois ce terrain balisé, il peut mieux dégager ce qui nous concerne aujourd'hui, dans l'exploration de ce Château intérieur où chacun est invité à rencontrer son Seigneur. La qualité esthétique et iconographique de l'ouvrage ajoute à l'intérêt de cette introduction qui renvoie à la lecture directe des textes mêmes de Thérèse (cf. aussi Thérèse Nadeau-Lacour, Thérèse d'Avila, Fides, coll. « L'expérience de Dieu », 1999, 142 p., 80 F).
ETTY HILLESUM : UN ITINÉRAIRE SPIRITUEL
CHRISTUS N°182
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Monique Bellas
Fidélité/Racine, 1998, 209 p., 145 F.
Publié près de quarante ans après la disparition de son auteur, le journal d'Etty Hillesum (Une vie bouleversée, Seuil, 1985) a laissé une forte impression sur tous ses lecteurs. Cette jeune intellectuelle juive avait vingt-sept ans en 1941.
Paul Lebeau a étudié et retraduit lui-même les huit cents pages de son journal et de ses lettres. Si la lecture linéaire du journal a une poésie, une qualité littéraire que perdent les regroupements opérés par l'auteur, le lecteur y gagne en références, en comparaisons très éclairantes. On a beaucoup souligné qu'Etty écrivait son expérience en dehors de toute « tradition », mais elle lisait énormément et aimait recopier ce qui l'avait marquée Rilke, mais aussi Augustin, l'évangile de Matthieu, des psaumes, Thomas A Kempis, Dostoïevski..., bref une culture très judéo-chrétienne.
Le grand intérêt de ce livre est de mettre en évidence la genèse, chez Etty Hillesum, de la possibilité de penser ensemble Dieu et l'Holocauste. Intuitions qui précèdent les conceptions des théologiens de l'après-Auschwitz l'expérience d'un Dieu faible et caché, auquel l'homme a la responsabilité de conserver une...
AU COEUR DE LA FOURNAISE
CHRISTUS N°181
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Monique Bellas
Préf. O. Clément. Le Sel de la terre/Cerf, 1998, 160 p., 100 F.
Le père Lev Gillet (1893-1980), bénédictin devenu orthodoxe, se référait toujours à l'Eglise indivise et s'était fait pèlerin entre plusieurs mondes croyants et incroyants. Le présent ouvrage regroupe des textes inédits ou épuisés où souffle l'Esprit Saint, qui nous entraînent « au coeur de la fournaise », là où « nous ne pouvons rester (...) qu'en communiquant à ceux qui nous entourent la flamme dont nous sommes porteurs ». Certains textes donnent une idée impressionnante des qualités de prédicateur du père Gillet. D'autres laissent le coeur aussi brûlant que celui des pèlerins d'Emmaùs un certain soir. Le cheminement suivi va de l'appel personnel à la vision cosmique, méditation très teilhardienne du Psaume 104.