Maurice Giuliani

LES « LIMINAIRES » DE CHRISTUS
CHRISTUS N°201
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Maurice Giuliani
Le Père Giuliani, fondateur de la revue Christus, a été rappelé à Dieu le 22 août 2003. Il nous laisse un héritage spirituel et un devoir de fidélité. C'est à sa connaissance approfondie des textes et à sa longue expérience d'accompagnateur que nous devons une série d'études fondamentales sur la spiritualité ignatienne. En ces jours qui marquent aussi le cinquantenaire de Christus, nous sommes heureux d'en publier aujourd'hui une sélection dans L'accueil du temps qui vient (Bayard). Après avoir présidé aux destinées de la revue et de la collection « Christus », être ensuite passé à la revue Etudes, puis à Rome où il fut sept ans durant le conseiller du Père Arrupe pour l'assistance de France, le Père Giuliani fonda avec quelques amis laïcs l'Association de la Bienfaisance, dont l'objet demeure de former des accompagnateurs spirituels. Ses réflexions si précieuses sur les enjeux de l'accompagnement ont donné lieu à un autre ouvrage qui, remanié et complété jusqu'à la veille de sa mort, vient d'être publié dans notre collection chez Desclée de Brouwer : L'expérience des Exercices spirituels dans la vie. A sa mémoire, et pour évoquer l'inspiration à laquelle il fut tant...
Mots clés : Action Contemplation Discernement Exercices spirituels Mourir Pauvreté
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EXERCICES « IGNATIENS » ?
CHRISTUS N°192
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Maurice Giuliani
L’accompagnateur d'« Exercices dans la vie » est amené à s'interroger fréquemment au cours de la retraite, sur sa fidélité à la lettre et à l'esprit de saint Ignace. Les retraitants, eux, ne s'en soudent guère, du moins habituellement car seul les anime le désir de trouver Dieu dans la paix et, par là, de mettre pleinement leur vie dans la vérité : la référence à Ignace est pour eux bien secondaire, sinon inutile. Mais, pour celui qui a pris la responsabilité d'« aider » dans cette expérience spirituelle, la question ne manque pas de naître et de renaître, mêlée parfois d'inquiétude. En effet, les conditions dans lesquelles se déroule la retraite « dans la vie » bousculent souvent une « méthode » qu'on aurait pu croire bien établie. De l'une à l'autre rencontre avec l'accompagnateur, plusieurs jours s'écoulent, souvent riches d'événements qui sont venus agiter la conscience de façon imprévue ; des décisions se sont imposées qui, dans le tissu du quotidien, ne pouvaient attendre d'idéales conditions de choix ; l'« histoire » proposée pour la prière au cours des jours suivants s'est trouvée pratiquement occultée par cette autre « histoire &raq...
Mots clés : Exercices spirituels Spiritualité ignatienne
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L'ÉLOQUENCE DES LARMES
CHRISTUS N°187
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Maurice Giuliani
Desclée de Brouwer, 2000, 98 p., 120 F. Parce qu'elles réunissent l'âme et le corps, parce qu'elles expriment la douleur terrestre mais aussi la consolation divine les larmes sont la figure même de l'Incarnation. Certes, il s'agit là des larmes de l'époque baroque, non encore « sentimentalisées » par le xix' siècle, telles que les étudie Jean- Loup Charvet, musicologue et chanteur, dans un court essai laissé inachevé après son décès prématuré. Dans ce texte d'une beauté forte et discrète, la peinture la littérature et, plus encore, la musique sont appelées à témoigner de cette « éloquence des larmes » répandues par l'homme comme par la femme, par le sage comme par le fou, par ,1a Madeleine comme par le Christ. « Comme la grâce, les larmes semblent échapper à la pesanteur ou, plutôt, inverser son mouvement. Elles invitent l'homme à croiser le divin dans son mouvement vers lui. » Ultimes paroles, au-delà des mots, du silence même les larmes, dans leur transparence, sont alors effusion de pur amour. Un CD d'enregistrements de l'auteur accompagne l'ouvrage pour donner à entendre « ces allers et retours entre le coeur et l'esprit, entre l'émotion et la virtuosité ».
Mots clés : Livres
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LE MYSTÈRE DE NOTRE DAME DANS LES EXERCICES
CHRISTUS N°183
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Maurice Giuliani
Ignace eut toute sa vie pour Notre Dame un amour privilégié. Ceux qui vécurent avec lui nous en ont laissé de nombreux témoignages. Avant même les grandes illuminations de Manrèse, il éprouvait, au dire de Lafnez, « une dévotion spéciale pour Notre Dame » — instinct spirituel qui va s'édairant et se purifiant. Depuis les jours où le chevalier, « d'esprit encore militaire » 1, rêvait de « venger l'honneur de Notre Dame », depuis les mystérieuses apparitions où il la voyait « des yeux intérieurs » 2, jusqu'aux sommets de plénitude mystique où la Mère de Dieu « l'aidait auprès de son Fils et auprès du Père » 3, sa vie entière est marquée du signe de Notre Dame. Plutôt qu'il ne parle d'elle (à peine l'évoque-t-il deux ou trois fois dans ses lettres), il se place sous sa protection à tous les moments décisifs de son destin. Offrande de sa chasteté « à Notre Dame », veillée d'armes devant la Vierge de Montserrat, voeux de Montmartre en la fête de l'Assomption 1534, première messe dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, profession à l'autel de la Vierge de Saint-Paul-hors-les-Murs, etc. : c'est toute la vie d'Ignace que nous pourrions suivre pour montrer comment s...
TROUVER DIEU EN TOUTES CHOSES
CHRISTUS N°6
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Maurice Giuliani
C'est un drame que d'être partagé entre deux appels également irrésistibles et cependant contradictoires. "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit", dit l'un soulevant toute une procession d'images : le désert, le silence, les yeux clos sur le seul-à-seul avec Dieu. "Tu aimeras ton prochain comme toi-même", répond l'autre dans un cri qui semble jailli du sein de la souffrance humaine et qui ne tolère pas qu'on sursoie plus longtemps à la soulager. Drame réel, certes : combien de chrétiens le vivent chaque jour, incapables de choisir, plus incapables d'assurer leur union à Dieu en même temps que la fidélité à leur action ! Mais drame dont il faut résolument refuser d'être victime : le second commandement est "semblable" au premier. Ce dilemme est trop simpliste pour être vrai, et Dieu ne veut point être servi dans de telles gênes : les saints en portent témoignage, eux qui ont creusé assez profond dans leur âme pour atteindre à l'unité. Parmi eux, il semble que ce fut la grâce particulière de saint Ignace de rappeler que la vie spirituelle n'est point d'abord problème d'oraison ni problème d'action, mais une fidélité à Dieu qui exige la fidélité aux tâches divines. C'es...
TROUVER DIEU, ICI ET MAINTENANT
CHRISTUS N°260
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Maurice Giuliani
Nous touchons là, me semble-t-il, à l'ultime secret d'Ignace. L'accueil du temps qui vient, libérant en lui des forces toujours renouvelées, l'ouvre pleinement à l'Esprit de Dieu. […] Ce temps, qui est toujours à mieux déterminer et qui est déjà porteur d'un temps nouveau, n'est rien d'autre que le temps de la rencontre avec Dieu. Ou plutôt, pour garder le vocabulaire ignatien, c'est là, et là seulement, en ce point d'exacte vérité, que l'homme « trouve Dieu ». Non pas dans une contemplation qui l'écarterait de sa tâche humaine, mais dans la soumission à l'Esprit qui le purifie de tout égoïsme et le met au service des autres. Saint Ignace, on le sait, répète inlassablement que « l'homme ne sert pas Dieu seulement quand il prie » ou alors, poursuit-il, « elles seraient bien courtes, les oraisons qui n'atteindraient pas vingt-quatre heures par jour (si c'était possible !), puisque l'homme doit se donner à Dieu aussi complètent qu'il le peut ». Et il confiait lui-même à la fin de sa vie qu'il « croissait toujours en dévotion, c'est-à-dire dans la facilité à trouver Dieu, et maintenant plus que jamais durant toute sa vie. Toutes les fois et à toute heure où il voulait trouver Die...
LE DISCERNEMENT DES ESPRITS
CHRISTUS N°258HS
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Maurice Giuliani
Nous sommes constamment sous l'influence des esprits. […] Sans même nous en douter, nous sommes tous les jours à la croisée de chemins et de routes […]. C'est un vieux thème de l'Antiquité et de l'Écriture sainte, des psaumes en particulier. Il y a tout le temps deux voies : la voie droite et la voie large, la voie de l'esprit et la voie de la chair (cf. Rm 7,15 sqq). Nous sommes ainsi écartelés, divisés : il y a deux hommes en nous. Il est nécessaire de discerner facilement l'Esprit de Dieu, parce qu'il ne faut pas rester perpétuellement en suspens. Il faut agir et souvent vite, dans l'instant qui vient, dans les minutes qui suivent. Dans le monde et dans l'apostolat, nous sommes au milieu d'innombrables choix à faire, que seule une prudence selon Dieu peut rendre certains. De plus, il faut diriger les âmes, et alors la nécessité d'être mû par l'Esprit et de le reconnaître est évidente. […]Il faut dire que tous les états, même les plus élevés, mystiques, peuvent être posés à la fois par le bon et par le mauvais esprit, parce que tous ont un côté sensible par lequel Satan peut pénétrer en nous. Un état de ferveur, de grande générosité n'est pas forcément une garantie du bon esprit. C'est un premier principe qu...
LES SIGNES DU BON ESPRIT
CHRISTUS N°258HS
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Maurice Giuliani
D'une manière très générale, comment une âme se comporte-t-elle devant une inspiration qui vient du bon esprit : une grande décision, un désir de changer de vie, ou bien une action généreuse pour une œuvre, un sacrifice, telle forme d'apostolat ?Lorsque l'esprit de Dieu dicte quelque chose à une âme, le premier signe, c'est l'humilité. C'est l'attitude de la Vierge Marie, troublée, qui se demande : « Comment cela se fera-t-il ? » (Lc 1,34). L'apaisement aussi : c'est l'attitude d'Élisabeth lorsqu'elle reçoit la Vierge Marie : « D'où me vient que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » (Lc 1,43). C'est l'attitude de tous les prophètes quand ils sont appelés : « Je ne suis pas digne… », « Je ne sais pas parler » (Moïse ; Ex 3,11 ; Ex 4,10). C'est ce que répète Jérémie : « Je ne sais pas parler » (Jr 1,16). C'est l'attitude spontanée de celui qui est choisi par Dieu pour une œuvre, et qui sait qu'il ne peut pas, qu'il n'a pas la force – attitude d'humilité, qui ne va pas à une passivité et à une espèce de paralysie, mais à un sentiment religieux devant Dieu, devant l'œuvre à accomplir. L'&...