Maurice Bellet

... CAR VOUS COMMENCEREZ PAR LE RESPECT
CHRISTUS N°195
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Maurice Bellet
… Car vous commencerez par le respect. Vous ne direz point : la vieille qui brûle un cierge et marmonne est une superstitieuse. Ou : cet homme amoureux d'un enfant n'est qu'un pédéraste. Ou : ce révolutionnaire aigri est un aigri. Ou : ce prêtre qui couche avec une femme est un mauvais prêtre. Ou : cette femme acariâtre et dévoreuse de ses enfants est une malade. Vous ne direz rien de tel. Vous ne mettrez point votre frère et semblable dans une prison. Tu ne tueras pas. Vous commencerez par le respect. Vous ne direz pas : Dieu est ceci et cela, il existe ou il n'existe pas (c'est-à-dire : il est comme je l'imagine, ou : comme je l'imagine, il n'est pas). Vous ne me ferez pas dire ce qui vous convient. Vous ne tirerez pas à vous ce qui, de moi, parvient très lointainement à vos oreilles, pour en faire la justification de vos crimes. Tu ne feras pas d'image de moi. Vous ne vous jetterez pas de-ci de-là, selon l'humeur, le pouvoir qui vous y pousse, la mode, les convenances, la commodité. Vous resterez bâtis sur le roc, intraitables quant à la vérité et la justice. Mais vous saurez que vérité comme justice ne sont pas vôtres et que rien ne me fait tant horreur que le fanatisme, l'odieuse confiscation des biens sans prix. Vous n'aurez en vénération ni l'argent, ni la violence, ni les pouvoirs, ni vos plaisirs,...
Mots clés : Dieu Loi Réconciliation (confession)
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ÉCHANGE SUR LA VIE RELIGIEUSE
CHRISTUS N°62
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Michel RONDET Maurice Bellet Dominique Bertrand Marcel Domergue Henri Holstein Christiane Hourticq Jean-Pierre Jossua Jean-Marie Le Blond Marie Odile Yvonne Pellé-Douël Lucile Rogé
CHRÉTIENS EN MAI 68
CHRISTUS N°60
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Maurice Bellet Dominique Bertrand Roland Calcat Monique Chesnais Dominique Julia Jean-Marie Le Blond Jacques Pouchepadass Bernard Sarrazin
DEUX LIVRES DE MAURICE BELLET
CHRISTUS N°245
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de MAINDREVILLE Remi Maurice Bellet
Longtemps rédacteur à la revue Christus et auteur d’un grand nombre d’ouvrages, Maurice Bellet publie cet automne deux petits livres bien différents dans la forme et le projet. Très proches cependant par l’itinéraire spirituel et le visage du Christ qu’ils proposent. C’est dans un combat pour l’homme, soutenu par une foi en l’humain, qu’on rencontre le Christ dans ce monde en crise qu’est la post-modernité. Notre foi en l’humain est un manifeste, court et de lecture aisée, où peuvent se reconnaître bien des baptisés qui cherchent à vivre activement leur foi dans des domaines où l’humanité de l’homme est menacée, en crise. Qu’il s’agisse du respect de chacun et de l’avenir du lien social au travail ou dans les quartiers contre l’exclusion, ou encore de l’avenir de la famille et du respect de la vie, de la conception à la mort. De l’effort quotidien à reprendre chaque jour ou de la mobilisation pour des manifestations et actions collectives de solidarité, c’est une foi « primordiale » en l’homme et commune à tous qui s’exprime d’abord là. Y « ajouter Dieu », comme une réalité venant d’ailleurs et fondant le sens de l’action, n’y ajoute...
QUI PARLE
CHRISTUS N°258HS
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Maurice Bellet
En quoi elle rencontre le soupçon. À supposer que Dieu existe, comment pouvons-nous croire qu'il nous parle ? N'est-ce pas un anthropomorphisme que la raison détruit ? Objection préalable, mais dont on peut penser qu'elle est extérieure à la foi, qu'au surplus elle dépend d'une notion de « Dieu » que la foi, à son tour, conteste.Toutefois, le soupçon peut prendre un autre style. Telle parole que l'on dit de Dieu, comment ne serait-elle pas parole humaine ? Elle appartient nécessairement à nos langages, elle entre dans nos histoires et nos structures ; sinon, elle serait inaccessible à nos oreilles. Et comment ne serait-elle pas dite par un homme ? Si l'Auteur de la Bible est Dieu, reste que ses auteurs sont des hommes, absolument pas affranchis de la condition commune : ils sont de leur temps, de leur langue ; ils ont leur lieu, leur croyance, leurs composantes personnelles. Le grand scandale de l'exégèse, à la fin du XIXe siècle, c'est qu'elle fit découvrir, à la consternation des croyants, que leur livre saint était, pour la froide analyse, un livre comme les autres. À la question : « Qui parle ? », la réponse est : « l'homme » ; et non point l'homme en général, mais des hommes, dans leurs limites.Toutefois, l'on peut penser que, si sér...
LES DEUX VOLONTÉS
CHRISTUS N°275
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Maurice Bellet
Ma dignité, c'est de ne pas redoubler ce que j'éprouve, de ne pas m'en faire complice, de ne pas m'en servir à des fins tortueuses. Mais l'éprouver ou pas, je n'y puis rien. Il faut commencer par s'accepter comme on est. Sinon, que peut-on faire ? On est à côté de soi-même. « Détendez-vous. Décontractez-vous. Prenez-vous en charge. Un peu de courage. Il y a pire que vous. » Les bons apôtres, ils supposent le problème résolu. C'est comme de dire : « Si vous étiez plus calme, vous seriez plus tranquille. » Quant au courage : oui, bienheureux ceux qui ont la chance d'être courageux ! C'est un don comme de chanter juste ou de courir vite. Taisez-vous, vous ne savez pas ce que c'est, moralistes insupportables, toujours à croire, ou faire semblant, que la volonté peut tout. La volonté peut, en effet, mais dans les limites qui lui sont accordées. Et nul n'est maître de ces limites. Nul ne peut, par exemple, être sûr de ne pas crier quand on lui fera ça. Il est insupportable de s'entendre expliquer qu'on ne devrait pas être comme on est, pas sentir ce qu'on sent, pas souffrir ce qu'on souffre. Honnêtement, je dois dire que je n'ai pas trop subi ce genre d'aide intolérable. Mais si peu que ce soit, on en perçoit, furieusement, le caractère injuste et imbécile. J'irai vers l'autre volonté. La première volonté est raide et raidie par l'effort. Bien utile quand il s'agit de forcer le passage. Mais complètement impuissante pour tenir le cap, quand on est englouti dans la faiblesse. L'...
FALSIFICATIONS DE LA CHARITÉ
CHRISTUS N°250HS
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Maurice Bellet
Aux défaillances de la charité, il y a certes bien des causes, à commencer par notre volonté mauvaise, notre inertie et nos paresses, nos compromissions et nos sottises. Mais à ces causes surtout morales, incessamment rappelées par les exhortations des prédicateurs, il faut bien reconnaître que s'ajoutent des causes objectives. Ainsi, la rareté des biens a été pendant longtemps un obstacle majeur à une pleine reconnaissance de la dignité d'autrui, dans la mesure où elle tendait, presque inévitablement, à créer et maintenir l'exploitation de l'homme par l'homme. Les problèmes non résolus de structure et d'organisation peuvent paralyser une société techniquement capable de satisfaire les besoins des hommes. Le mal proprement psychique, qui relève de la psychothérapie, peut enfermer des sujets humains dans la souffrance et la stérilité, dans l'inconscience du sens de leur comportement réel ; il arrive alors que, croyant être bons, ils sont malgré eux égoïstes, cruels, destructeurs.Immenses champs de recherche où, malgré bien des échecs et des erreurs, s'annonce la possibilité d'une libération effective de l'homme. Est-ce l'importance de telles causes objectives, avec les tâches qu'elles font surgir, qui fait que, pour certains chr&ea...
QUAND LA PAROLE NE PARLE PLUS
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Il arrive que la charité soit irréelle. Comment ? On parle de l'amour du prochain dans la prière, les réunions, l'enseignement, le dialogue. Or il arrive (pas toujours grâce à Dieu) mais enfin il arrive que ce ne soit pas vrai. On n'aime pas, on n'est pas aimé, la « charité » est une pieuse fiction.Situation scandaleuse. Car la parole du Christ, en l'Évangile, est efficace. Comment peut-elle donc devenir inoffensive et vaine ? Il faut qu'il y ait là, devant Dieu, une attitude telle que ce que Dieu dit et fait devienne sans portée réelle. Mais encore, comment ? Eh bien, en faisant de cette parole un discours au passé, un langage qu'on vénère, mais qui ne dit actuellement rien. On suppose que cette parole a agi, a rempli son rôle, que tout est fait. […] Point de mouvement, point de rupture réelle en la vie, lors même, bien sûr, qu'on affirme le mystère et la transcendance.C'est bien là le point : le langage dont on use pour parler de Dieu ou à Dieu dit tout, tout ce qu'il convient de dire. Il est on ne peut plus satisfaisant. […]Mais ce genre de respect ou de soumission fait de la parole vivante de Dieu une parole morte, supprime la distance, l'altérité vraie, le dialogue. Mieux vaudrait que je ne sois pas d'accord, que je m'oppose, que je résiste, tels les Apôtres...
NE JUGEZ PAS
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Moi, je ne juge personne (ou, s'il m'arrive de juger, moi, mon jugement est valable, parce que je ne suis pas seul…).Jésus, parlant de lui-même, en Jean 8,15-16Ne jugez pas, pour n'être pas jugés ; car, du jugement dont vous jugez, on vous jugera ; de la mesure dont vous mesurez, on usera pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère : « Attends que j'enlève la paille de ton œil », alors qu'il y a une poutre dans le tien ? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l'œil de ton frère.Matthieu 7,1-15Montrez-vous miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ; remettez, et il vous sera remis.Luc 6, 36-42Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car, en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges, et nous savons que le jugement de Dieu s'exerce selon la vérité sur les auteurs de pareilles actions. Et tu comptes, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ?...
L'INITIATION ET SON ABSENCE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
En ce qui suit, j'userai du terme « initiation » comme du plus commode pour ce que j'ai à dire. Je reconnais que cet emploi pose bien des questions que je ne peux malheureusement pas aborder dans les dimensions d'un article. Initiation désignera donc ce qui permet, en une culture donnée, à des jeunes de passer convenablement à l'âge adulte.Le grand vide, le faux souciLes adultes ont souci des jeunes. Souci, bien entendu, suspect – comme les jeunes se chargent de le leur faire sentir. N'est-ce pas de leur jeunesse plus ou moins manquée que les adultes ont en réalité souci ? Ne veulent-ils pas imposer leur loi, leurs propres désirs ? « C'est pour ton bien » veut dire souvent : « C'est ce qui me donnera, en toi, l'image de moi que j'ai manquée. » Et, même quand ils sont transis de bonne volonté, est-ce que les adultes, inconsciemment, n'ont pas une compulsion navrante à répéter ce qu'ils ont connu, même lorsqu'ils le critiquent et le désavouent ? Que les adultes s'occupent plutôt d'eux-mêmes. Après tout, le plus grand service que les parents peuvent rendre à leurs enfants – et des « éducateurs » à leurs « éduqués » –, c'est d'être « bien dans leur peau &r...
LA MEMOIRE DU CHRIST
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Nous sommes, tout le monde le sait et le répète, en une période de mutation, de changements accélérés et sans doute profonds. Les chrétiens, après avoir eu longtemps une attitude défensive ou résignée devant le changement, semblent vouloir se tourner beaucoup plus résolument vers le présent et l'avenir. Ainsi, la contestation se fait dure envers le conservatisme, les archaïsmes, l'attachement au passé, l'impuissance à regarder les choses en face, à risquer, à aller de l'avant. L'essentiel du christianisme, n'est-ce pas le « novum », la nouveauté du nouvel homme ? Renaissance significative de « l'eschatologie » : le Christ est l'avenir du monde, non le passé des chrétiens.À cet égard, est significatif encore le rapprochement, voire l'identification chez certains, entre foi « authentique » et combat révolutionnaire. La révolution, c'est la liquidation d'un monde ancien et vermoulu, la mise à bas de « superstructures » survivant par leur inertie, ou par la puissance des intérêts et des peurs, à un changement réel des rapports sociaux et du rapport de l'homme à la nature. La révolution construira un monde neuf, tout neuf. Elle n'a que faire de « se souvenir ...
LE MOUVEMENT DE L'UNIVERSEL
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
« L'Évangile pour tous » : beau programme. Mais si l'on se tourne vers ce qui se passe en fait, il semble bien se heurter à des difficultés profondes. Difficultés externes, sans doute : que ce soit la « civilisation moderne », pas toujours accordée à l'esprit évangélique (c'est le moins qu'on puisse dire) ; ou bien la critique menée en Occident contre le christianisme ; ou bien l'opposition de peuples ou de cultures à ce qui leur paraît, précisément, comme « la religion de l'Occident » ; etc.Doutes sur l'universalité de notre foiMais il y a aussi des difficultés internes qui se ramènent finalement à ceci : bien des chrétiens doutent que leur foi ait un sens et une vérité vraiment universels. Ce n'est pas toujours un doute affiché ni même conscient. Il se dit plutôt par un sens si vif de la relativité des choses chrétiennes, doctrine, rite, morale, et un tel souci de reconnaître la « différence » du judaïsme, de l'islam, etc., que la conclusion non dite s'impose peu à peu : le christianisme est une tradition spirituelle éminente et, de toute façon, c'est la nôtre. Il n'est pas question de l'abandonner au profit d'un exotisme facile ou d'un syncrétisme illusoire ;...
SUR LA BONTÉ DU CHRIST
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Or Jean, dans sa prison, avait entendu parler des œuvres du Christ. Il lui envoya deux de ses disciples pour lui dire : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont guéris et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! »Matthieu 11,2-6 (cf. Luc 7,18-28)Qui est Jésus ?La question posée dans ce texte est, par excellence, la question évangélique. « Qui est-il ? » Les évangiles, et tout spécialement celui de Jean, en sont pleins. Est-il Élie ? Est-il le Messie ? Est-il de Dieu ? Est-il du Mauvais ? Jésus lui-même la pose aux siens en ce moment décisif qui suit la multiplication des pains : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Et, finalement, c'est sur la réponse que se joue toute la foi chrétienne.Or, ici, la question est posée par le Baptiste, le précurseur, celui dont Jésus lui-même dit qu'il est, avant le Royaume, le plus grand parmi les enfants des hommes. Le Baptiste est en prison, à la veille de sa propre passion. À la di...
SI L’ON VEUT AIDER LES HOMMES
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Si le christ n'est pas pour nous indifférent, si nous cherchons notre place dans l'Église, si nous souhaitons que Dieu vive, c'est parce que le mystère de l'amour de Dieu a encore pour nous un sens. Ce sens, nous avons à le déchiffrer. Dans l'immédiat, nous avons foi que la vie est là, mais nous ne savons peut-être pas dire en quoi et pour quoi. Et quand d'autres, par leurs questions, nous mettent au pied du mur, nous en sommes alors réduits à des réponses théoriques, donc l'assurance et la rigueur cachent mal le caractère abstrait et indécis qu'elles ont pour nous-mêmes. Mais ne nous résignons pas à cet immédiat, tâchons de découvrir ce qui nous retient auprès de Jésus Christ. […]Cependant, si l'on veut de quelque manière aider les hommes, ne faut-il pas partir de ce qu'ils éprouvent ? Il ne suffit pas que notre pensée soit correcte, par rapport aux exigences imprescriptibles de la foi : il faut encore qu'elle soit intelligible, qu'elle puisse être reçue, s'inscrire dans l'existence de ceux qu'elle concerne. Il ne suffit pas d'exposer la vérité : il faut tâcher d'y introduire par un chemin praticable.Au surplus, que serait pour nous la vérité divine si elle ne pouvait nous faire comprendre notre propre vie ? Ne deviendrait-elle pas une théorie...
LE TEMPS DEVORE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
« Je n'ai pas le temps », c'est un gémissement universel. (Sauf de ceux qui en ont trop : malades, chômeurs, vieillards abandonnés…) Mauvais théâtre ? Fausse excuse ? Moyen commode de se dérober à ce qui gêne ou déplaît ? Il se peut. Toutefois, le manque de temps peut être aussi une situation durement subie. On est pris dans le presse-purée, le laminoir des existences humaines. Travail, transports, démarches administratives (cette plaie bureaucratique). L'argent, la maison, les enfants. Les loisirs eux-mêmes. Le médecin, les soins. Le moindre imprévu fait alors figure de catastrophe. On en vient à craindre ses amis.C'est particulièrement dur pour les femmes. Leur accès aux tâches naguère réservées aux hommes cumule souvent avec la persistance de leurs tâches d'autrefois ! L'électroménager ne résout pas tout : la machine à laver, c'est plus rapide que la lessiveuse d'antan, mais ça demande quand même du temps.Le temps de travail a diminué depuis l'époque de Marx. Mais il reste encore très souvent un temps rigide, à heures fixes et au contenu continuellement imposé. Bienheureux encore quand c'est pour des tâches qu'on aime ou que, du moins, on estime ; et quand ce n'est pas dans la hâte, le bruit, l'exa...
JUBILATION
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
La première façon de remercier, c'est de montrer de la joie pour ce qu'on a reçu.Si vous offrez, pour les fêtes ou pour un anniversaire, un cadeau et que, le paquet ouvert, vous voyez le visage de l'autre s'illuminer, montrer du premier coup, sans fard, sa joie, sa satisfaction – c'était justement ça qu'il désirait, qu'il n'osait pas se payer ! – alors vous êtes vous-même, vous le donateur, comblé.Tandis que si la déception ou l'indifférence ont d'abord paru, toutes les effusions de gratitude, les remerciements répétés (d'autant plus répétés qu'il faudra compenser le premier mouvement), toute cette politesse vous sera plutôt amère.Car le cadeau, c'était vous-même, c'était ce que vous aviez cru qui ferait plaisir, c'était votre désir d'être accordé au désir de l'autre. Vous vous faisiez une joie de sa joie. S'il n'aime pas, c'est raté. Une irrésistible tristesse reflue vers vous, à la mesure même du sérieux de votre don. (Bien sûr, entre grandes personnes et qui s'aiment bien, on saura surmonter le malentendu, et même en rire ; c'est le cœur qui compte, tout de même…).Si la reconnaissance est un dû…Il est vrai qu'il y a peut-être des gens qui tiennent davantage aux « marques ext&eac...
CONSEILS AUX RETRAITANTS
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Il est de la dernière impertinence de donner des conseils à ceux et celles qui s'en vont faire retraite. N'y vont-ils pas poussés par l'Esprit saint ? Comment prétendre mêler ses recommandations à ce souffle-là ? Il est vrai qu'on peut se tromper et donner le nom d'Esprit à la fatigue, au rêve douteux, à la funeste envie de bien faire, à l'obligation mollement consentie. Et à d'autres misères.N'empêche : donner des conseils, en général et plus encore ici, est une entreprise désespérée. On voudra donc bien n'en retenir que ce qui plaît. Au besoin, on en prendra résolument le contre-pied. À chacun sa grâce !Oubliez toutSi vous vous écartez du train du monde et des choses ordinaires de la vie, ce n'est pas pour amener, au lieu de retrait, votre agenda (c'est-à-dire, littéralement, « les choses à faire »). Ni vos soucis. Ni vos regrets. Désencombrez. Soyez vide. Pas seulement des préoccupations temporelles, mais des spirituelles aussi. Ne soyez pas pré-occupé, c'est-à-dire occupé par avance. Laissez même à la porte votre désir de faire une bonne retraite : rien n'est plus encombrant. Ainsi peut-être y aura-t-il quelque chose de neuf. Mais peut-on oublier ? Ne faut-il pas faire retour sur soi ? Ne faut-il pas...
DE L'EXPERIENCE A LA PENSEE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Pourquoi donner ce rôle à « l'expérience » ? On en voit bien le motif par l'hypothèse inverse : que se passe-t-il quand on parle de Dieu sans que cette référence à l'expérience soit posée ? Dieu paraît lointain, abstrait, un être théorique dont on peut savoir correctement les « preuves » et les attributs, mais qui est comme séparé de l'existence réelle.Donc, ce n'est pas mauvaise chose de partir de l'expérience. On peut même penser qu'il faut y rester : Dieu, c'est de l'ordre du « vécu » ; tout ce qu'on y « ajoute », et qui se veut réflexion, spéculation, pensée, est pour le moins suspect.La force d'une telle position – et il ne faudra pas l'oublier –, c'est qu'elle veut écarter toute fuite dans la cogitation, qu'elle refuse tout « savoir de Dieu » qui pourrait se délier d'une connaissance concrète, engagée dans la pratique, bref, d'une foi vraie et agissante. Elle s'oppose, par exemple, à ce « déisme » cher au siècle des Lumières, qui n'a pas peu contribué, jusque chez les chrétiens qu'il a séduits, à « irréaliser » Dieu1.Mais la faiblesse de cette même position, c'est, si...
SUR LA BONTE DU THERAPEUTE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Il paraît certain qu'une des occasions majeures où la bonté doit s'exercer, c'est la souffrance à soulager, le soin à donner. Nous envisagerons ici non la maladie organique, mais la détresse ou le trouble psychique. Il semble alors qu'on soit pris entre deux exigences : celle, trop claire (trop, en effet), d'être bon ; et celle, venant de thérapeutes de métier, d'une rigueur qui semble fort s'éloigner de la bonté. Or il se pourrait qu'il y ait là un double péril d'illusion. Voyons un peu1.Être simplement bonN'est-il pas évident qu'envers le déprimé, l'angoissé, le « malade », il faut être bon ? C'est-à-dire accueillant, dialoguant, indulgent, prêt à se mettre à sa place, à porter ce qu'on peut de sa charge insupportable ? Qu'il faut avoir du cœur et ne pas craindre, quand l'autre souffre trop, de le lui montrer et accepter de « s'impliquer dans la relation » (comme on dit !), jusqu'à parler honnêtement de soi-même, pour que l'autre soit à l'aise en constatant qu'il n'est pas le seul à « avoir des problèmes » ?Il ne manque pas, à une telle attitude, de références évangéliques. L'amour, d'abord, évidemment. Quel soin fondamental des grandes détresses psychi...
UNE ETRANGE MALADIE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Je voudrais ici aborder l'étude d'une étrange « maladie » qui peut atteindre l'institution. On peut la décrire ainsi : l'institution y va à contresens de ce qu'elle prétend faire, de ce qu'elle prétend être ; et non pas du tout par décisions ou perversions conscientes et voulues, mais par une sorte de pente irrésistible, au point que même les efforts pour remonter la pente peuvent être entraînés dans la maladie. Bref, c'est pour l'institution une sorte d'inversion inconsciente de signification (indications encore abstraites : nous en verrons tout à l'heure la portée pratique).Quand je dis « institution », c'est d'abord d'institution d'Église que je parle. Et c'est aux problèmes du christianisme et des chrétiens que je penserai en cet article : j'y trouverai mes exemples. Toutefois, cette « maladie » ne me paraît pas être le triste privilège de l'Église : je la vois s'exercer ailleurs, spécialement partout où l'institution a de grandes ambitions, comme de libérer l'homme, servir la vérité, aller dans le sens de l'histoire, etc. Qu'on ne voie donc pas en ce qui suit une condamnation (une de plus !) de l'institution ecclésiale. Comme on dit, « ce n'est pas le problème ». Il s'agit plut&ocirc...
REALISME ET LIBERTE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Misère de la langue française : nous n'avons qu'un mot, « homme », pour désigner à la fois l'être humain en général et le viril, le masculin. D'où la plaisanterie connue : « N'oublions pas que la moitié des hommes sont des femmes. » Plaisanterie sérieuse, si j'ose dire. Car il arrive qu'en fait on l'oublie, cette vérité si élémentaire. Bien des discours « sur l'homme », lus d'un peu près, sont écrits au masculin. Et il n'y a pas que les discours ! C'est devenu un lieu commun, au moins dans bien des milieux, de dénoncer le caractère excessivement masculin de la vie sociale, de la morale, du pouvoir, etc.Il ne s'agit donc pas d'un débat « sublime », où le concept grandiose de l'Éternel féminin brillerait au ciel des grandes idées. Il ne s'agit pas d'une « exaltation » de la femme – la mère, l'épouse, voire l'amante –, la Femme à majuscule, que beaucoup de femmes dénoncent au contraire comme un fantasme typiquement masculin. C'est affaire très concrète.Qu'on songe un peu, par exemple, à ce qu'est l'emploi du temps de la femme ordinaire, dans nos pays dits développés. On constatera que la conception reçue du travail, de la pro...
ÊTRE AVEC
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Le premier point, c'est d'être avec les hommes, l'un des leurs. Oui, dit-on, il faut aller à eux : cela suppose un départ, une distance qu'il est vain de nier. Cette distance, nous allons la parcourir.Mais il y a là une équivoque. Aller à, c'est savoir quitter son pays, dépasser sa culture, joindre les étrangers et les opposants. Or, quelquefois, on a le sentiment qu'il s'agit pour le prêtre de devenir un homme parmi les hommes. Il ne le serait donc point ? Que croit-il être ? Un ange ? Ou bien devons-nous admettre que nous sommes à ce point séparés de la réalité humaine qu'il nous faut y accéder ? Si cela est vrai, c'est être ange. Car un prêtre est d'abord un homme et d'abord un fidèle : c'est un laïc ordonné. Ces truismes nous feraient-ils difficulté ?Séparés, nous le sommes et devons l'être, comme l'Esprit l'est de la chair et de ce qu'elle inspire : la cruauté, la bassesse, le mensonge, la bêtise, la bestialité. Mais si, par sottise et par lâcheté, nous nous enfermons dans notre petit monde à nous, fût-ce seulement une « mentalité ecclésiastique », alors nous sommes prêtres selon la lettre, non selon l'Esprit.Homme avec les hommes et, répétons-le, avant même d'aller aux « étranger...
L'HONNETE HOMME AU VOLANT
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
On demandait au responsable de la sécurité routière ce qu'il comptait faire pour diminuer le nombre des accidents de la route.« – Quels accidents ? dit-il. Les accidents, c'est si rare…– Comment ? Mais tous ces morts sur la route ?– Ah, fit-il, vous voulez parler des meurtres ? »L'automobile tue, sur la route et dans la rue. Elle blesse : combien y a-t-il en France de handicapés graves à la suite d'accidents de voiture ? La réponse est terrifiante.La violence au volantDu côté des causesMais d'où vient cette violence ? On peut lui trouver toutes sortes de causes, à commencer par l'« agressivité », commune semble-t-il aux humains. Il faut bien, dit-on, qu'elle trouve exutoire.Or notre société, par les tensions qu'elle exige, par ses conditions artificielles, par toute son ambiance, est chargée d'agressivité. En même temps, elle prétend bien policer les mœurs, réprimer toute brutalité. Que reste-t-il ?… La route. L'homme au volant est le successeur (toutes différences gardées) du chevalier médiéval sur son destrier. Et les énormes migrations automobiles de l'été – « les vacances » – correspondraient, dit-on, aux déplacements guerriers qui se faisaient, autrefois, quand venait la...
QUI EST LE CHRIST ?
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Si le Christ a sens pour l'homme, s'il est sens, c'est en l'humanité de l'homme. Lapalissade. Voyons pourtant. Où l'homme est-il vraiment lui-même, sinon lorsqu'il se trouve confronté aux aspects décisifs de son existence, renvoyé aux décisions premières, à ce qui le fait homme, lorsqu'il accède à ce qui fait que l'homme peut reconnaître l'autre homme (et non le traiter en animal, en chose, en sous-homme) ? […]Le Christ […] dit que le « grand passage » par où l'homme sort de ses enfances et affronte le tout de sa vie, et le rien de ce qui échappe, c'est entrer en « l'amour », si nous pouvons encore risquer ce mot-là, c'est vivre avec autrui cette relation impossible : de désirer qu'il existe, qu'il vive, qu'il s'accomplisse, de le juger digne infiniment d'être (c'est-à-dire, pour toutes nos vues habituelles, ne pas juger). Qui est le Christ ? La relation « d'amour » la plus concrète au lieu même de l'Inaccessible, cet Inaccessible reconnu par là hors de toute pensée, même pieuse, même croyante, même mystique.S'il en est ainsi, alors la vérité du Christ est pour nous notre relation avec l'autre, quel qu'il soit, et relation telle que nous soyons pur respect, service sans arrière-pensée, dévouemen...
UNE MORALE DE LA FECONDITE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
La morale est assez généralement conçue comme une exigence de conformité. Le niveau peut être plus ou moins haut : vouloir se rendre conforme à un idéal de sainteté demande un peu plus que s'en tenir au minimum de conformisme social exigé pour éviter les poursuites judiciaires ! Mais, à travers ces différences si importantes, peut demeurer un certain style, que désigne le mot « conformité ».On peut imaginer d'autres styles. Que devient la morale, par exemple, si l'accent y est mis non sur l'exigence d'être conforme, mais sur la fécondité ?Une morale de l'exigence ou de la fécondité ?On peut en suggérer quelque chose en comparant le bureaucrate et l'artiste. La comparaison sera forcée, j'en conviens : on peut l'accuser d'injustice… De toute façon, comparaison n'est pas raison. Qu'elle soit donc prise avec humour, comme un moyen un peu facile de faire percevoir la différence entre les deux styles.Si j'ai à faire une tâche « bureaucratique » (et au sens plutôt péjoratif du terme), qu'est-ce qui m'est demandé ? Comment puis-je correctement l'accomplir ? Cela s'indique par la tâche même. Elle veut que je sois ponctuel, régulier, constant : arriver et partir à l'heure, m'appliquer. Surtout pas de zèle. L'inv...
LA RIGUEUR MALHEUREUSE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
La rigueur est fille de l'étonnement. Je veux dire qu'elle ne vient qu'à celui qui accepte de s'étonner, encore et à nouveau, d'interroger, de se laisser interroger, plutôt, par l'inédit, le déconcertant, l'impensable. Tout le contraire de la pensée qui se croit rigoureuse, parce qu'elle ne dévie pas d'une ligne des schémas établis : ce n'est là qu'impuissance et, bientôt, pour camoufler les failles inévitables, il faudra violenter ce qui résiste ou objecte : on voit ainsi des défenseurs de la vérité manquer à la vérité. Aveu involontaire : ce n'est pas le vrai qui les intéresse, mais eux-mêmes où leur faction.Donc, si l'on veut de la rigueur, souhait légitime, que ce soit… rigoureusement. Sans craindre ce paradoxe que la vraie rigueur peut vouloir, quand il convient, le laisser-aller, les détours, l'apparente faiblesse. […]Qui n'a connu de ces gens pétris de bonne volonté et de volonté tout court, attentifs à la morale et à leur vocation, soucieux au plus haut point de bien faire et même le mieux possible, et qui avaient pourtant dans leur propre vie comme dans leurs actions sur les autres, un aspect véritablement consternant ? Une irréparable tristesse, un « comme si » constant, vivant comme s'ils aimaient...
PETIT TRAITÉ DE LA PRIÈRE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Prier est impossible. […] Le commencement, c'est donc de reconnaître la prière impossible : non en déclaration, et surtout pas dans des déclarations à Dieu, mais en acte. Au commencement est la non-prière : le grand silence sans Dieu ou toute parole pieuse se perd. […] Là, l'homme est nu comme à sa naissance. Peut-être lui sera-t-il donné de naître à ce que, par son obstination et sa peur, il ne cesse d'écarter en prétendant le prendre ? Ne me demandez pas ce que c'est : qui le sait ? Peut-être est-ce l'espace ouvert ou chaque humain a enfin le droit et la force d'exister ? Ou tout simplement, dirons-nous : c'est être, être et attendre ?Tout ce que l'homme ou la femme ont pu vivre y est enfin accepté : colères, angoisses, appétits, désir de la femme et de l'homme, raison et folies, espoirs et dépressions. Il n'y a ici de vérité qu'à faire la vérité, jusqu'où l'on peut aller.Simplement, ce n'est pas sans confiance, ni sans humilité. Accepter que la vie soit un don, et qu'il est bon qu'elle nous soit donnée, et que nous avons à la vivre. Même la déchirure, même l'atroce, pourvu que l'oreille demeure prête à entendre une parole de vie, n'y a-t-il pas moyen que ce soit encore, même si nous ne le savons pas, chemin de v...
L'IRREMISSIBLE
CHRISTUS N°262HS
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Maurice Bellet
Aussi, je vous le dis, tout péché et blasphème sera remis aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas remis. Et si quelqu'un dit une parole contre le Fils de l'homme, cela lui sera remis ; mais s'il parle contre l'Esprit saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde, ni en l'autre.Matthieu 12,31-32Un péché impardonnable ?Ce passage de l'évangile de Matthieu laisse bien des lecteurs chrétiens dans la perplexité, quand il n'est pas, pour eux, source de scandale. Comment, ce même Christ qui nous demande de pardonner soixante-dix-sept fois sept fois semble formellement affirmer qu'il existe, aux yeux de Dieu, un péché sans pardon, « ni en ce monde, ni en l'autre » ? Dieu nous demanderait-il une générosité qu'il serait incapable de pratiquer ?À l'arrière-plan se dessine d'ailleurs l'image d'un Christ sévère et redoutable, prophète du malheur qui va accabler Israël pour son incrédulité, mettant les hommes devant un choix accablant, entre une perfection qui leur paraît inaccessible – celle du Sermon sur la montagne – et une perdition totale1. Mais ce texte-ci semble porter au comble la dureté : car, ailleurs, le pardon reste du moins offert et, si la porte est étroite, elle demeure du moins ouverte. Ici, tout espoir semble perdu et tout chemin barré.Qu...
D'ABORD S'AIMER SOI-MEME
CHRISTUS N°276HS
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Maurice Bellet
Parution initiale dans Christus n° 119 (juillet 1983).Il est frappant de voir combien de gens s'aiment peu, mal ou pas du tout. Quelquefois, c'est manifeste, jusqu'aux attitudes suicidaires. Ou bien, c'est indirect, c'est masqué, y compris sous l'étalage des prétentions et l'inflation du « moi ». Tel cet homme célèbre et comblé, dont la « vanité » exaspérait. Vue de près, sa vanité était angoisse : il lui manquait toujours quelque chose pour être sûr de sa valeur.Savoir s'aimer, savoir se haïrCombien de gens se mésestiment eux-mêmes, se jugent incapables, encombrants, mauvais ! Leur extrême susceptibilité, au moindre reproche qu'on leur fait, en est symptôme : vous appuyez là où ça fait mal.Il arrive que des vies en soient détruites. Le refus de soi est alors si intense que tout se retourne contre celui qui en est là, y compris ce qu'on lui donne de bon et ce qu'il fait de mieux. Il n'est pas digne qu'on l'aime et il a tort de réussir.Le malheur du manque d'amourLes causes ? Si quelqu'un ne s'aime pas, c'est sans doute qu'on ne l'a pas aimé, au moment où c'était nécessaire, pour que, déjà, il s'accepte lui-même.Malheurs d'enfance. L'enfant pas voulu, rejeté, méprisé, d...
PSYCHOLOGIE ET SPIRITUALITÉ
CHRISTUS N°274HS
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Maurice Bellet
La question que posent les rapports de la psychologie avec la vie spirituelle (et avec la « spiritualité » qui s'efforce d'éclairer cette vie) est de toute évidence vaste et difficile. Est-il même possible, dans les limites d'un article, de l'aborder en son ensemble ? On peut en discuter. Il est certain, en tout cas, qu'il faudra s'y borner à présenter la question, à tâcher de l'éclaircir ; et, là même, on n'ira que jusqu'au seuil des débats les plus décisifs. Pourtant, même ainsi limité, le propos n'est peut-être pas vain. Une vue d'ensemble, si schématique qu'elle soit, peut servir à débrouiller quelques confusions ou faux problèmes.La question n'est pas neuvePsychologie et spiritualité : disons, d'une part, que ce n'est pas un problème neuf. On ne voit pas très bien comment l'on pourrait vivre la vie spirituelle autrement qu'en homme, et donc avec un psychisme humain. C'est pourquoi les auteurs qui en traitent ont toujours été de quelque façon psychologues, même si leur psychologie demeurait implicite et reprenait tout bonnement l'idée qu'à leur époque, on se faisait de l'homme. Mais, bien souvent, et surtout les plus grands, ont été psychologues de façon beaucoup plus originale. Cela se comprend aisément....