Marie-Hélène Congourdeau

BASILE DE CÉSARÉE ET GRÉGOIRE DE NAZIANZE
CHRISTUS N°209
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Marie-Hélène Congourdeau
Quant à moi, Grégoire, à moitié mort et amputé d'une moitié, arraché à cette grande union et traînant une vie douloureuse dont la course est brisée, comme il est naturel après une telle séparation, je ne sais où j'aboutirai, privé de la direction d'un homme dont je reçois encore maintenant avertissements et corrections dans des visions nocturnes quand il m'arrive de m'écarter du devoir » 1. Ainsi s'exprime Grégoire de Nazianze vers la fin de l'Eloge funèbre qu'il prononça en 382, trois ans après la mort de Basile de Césarée. L'amitié entre Basile et Grégoire est si fameuse qu'on les fête ensemble, le 2 janvier. Elle ne fut pourtant pas sans orages, au point que des historiens ont pu la mettre en doute 2. Il semble indispensable, pour avoir une vue plus exacte de leurs relations, de remonter aux sources. Or là apparaît toute l'étrangeté de cette amitié : sur les rapports entre les deux hommes, nous conservons, de la main de Grégoire, deux poèmes autobiographiques et de quatorze lettres à Basile, et, de la main de Basile, six lettres à Grégoire. La dissymétrie est d'abord dans les sources, et il faut garder cela présent à l'esprit. Ce n'est pas parce que Grégoire s'exprime davantage qu'il nous faut accus...
Mots clés : Affectivité Amitié Ascèse Eglise Epreuve Faute Humanisme Temps
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DE L’EXIL À LA MIGRATION
CHRISTUS N°230
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Marie-Hélène Congourdeau
 MARIE-HÉLÈNE CONGOURDEAU, CNRS, Paris. Spécialiste de Nicolas Cabasilas, elle a traduit et édité un grand nombre d’ouvrages des Pères grecs, surtout chez Migne dans la collection « Les Pères dans la foi ». A publié chez Brepols : Le livre des saints (avec J. Fournier, 1995), et aux Presses de la Renaissance deux romans : Le silence du roi David (1999) et Quand viendra le Jour de Seth (2004).Dernier article paru dans Christus : « Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze : l’homme d’Église et le poète » (n° 209, janvier 2006). Philon d’Alexandrie, juif de la diaspora et contemporain du Christ, fut un modèle pour les premiers exégètes chrétiens 1. Juif de lan­gue grecque, il fut le premier à tenter une synthèse entre la pensée hellénique et la révélation biblique. Dire qu’il tenta une synthèse est d’ailleurs inexact : Philon lisait la Bible grecque (la Septante) comme un juif pieux de langue grecque, et se mouvait dans les deux cultures avec l’aisance d’un autochtone. L’inculturation est chez lui naturelle, et c’est pourquoi il fut précieux aux premiers chrétiens grecs qui eurent à expliquer la Bible à leurs semblables : un chemin était esquissé. C’est donc en f...
Mots clés : Bible Dieu Expérience spirituelle Judaïsme Sagesse Théologie Universalité Connaissance
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