CHRISTUS N°209
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Quant à moi, Grégoire, à moitié mort et amputé d'une moitié, arraché à cette grande union et traînant une vie douloureuse dont la course est brisée, comme il est naturel après une telle séparation, je ne sais où j'aboutirai, privé de la direction d'un homme dont je reçois encore maintenant avertissements et corrections dans des visions nocturnes quand il m'arrive de m'écarter du devoir » 1. Ainsi s'exprime Grégoire de Nazianze vers la fin de l'Eloge funèbre qu'il prononça en 382, trois ans après la mort de Basile de Césarée. L'amitié entre Basile et Grégoire est si fameuse qu'on les fête ensemble, le 2 janvier. Elle ne fut pourtant pas sans orages, au point que des historiens ont pu la mettre en doute 2. Il semble indispensable, pour avoir une vue plus exacte de leurs relations, de remonter aux sources. Or là apparaît toute l'étrangeté de cette amitié : sur les rapports entre les deux hommes, nous conservons, de la main de Grégoire, deux poèmes autobiographiques et de quatorze lettres à Basile, et, de la main de Basile, six lettres à Grégoire. La dissymétrie est d'abord dans les sources, et il faut garder cela présent à l'esprit. Ce n'est pas parce que Grégoire s'exprime davantage qu'il nous faut accus...
Mots clés :
Affectivité
Amitié
Ascèse
Eglise
Epreuve
Faute
Humanisme
Temps
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