Karlijn DEMASURE

Docteure en théologie, professeure émérite de Saint-Paul (Ottawa, Canada), fondatrice et directrice du Centre pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables de cette université.
A copublié L’Église déchirée. Comprendre et traverser la crise des abus sexuels sur mineurs (Bayard – Novalis, 2021) et La vérité nous rendra libres. Paroles des femmes dans la crise des abus (Médiaspaul, 2022).
LE PARDON EST-IL FACULTATIF ?
CHRISTUS N°277
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Karlijn DEMASURE
Écouter la parole de victimes de crimes et respecter leur expérience permet de comprendre que le pardon est parfois impossible à envisager. Il relève de la grâce et, de ce fait, ne peut se commander. Dans une vidéo disponible sur l'Internet, le rabbin Joseph Telushkin explique ce qu'est le pardon dans la tradition juive1. Il distingue les situations où le pardon est obligatoire, celles où le pardon est facultatif et les conditions dans lesquelles le pardon est interdit. Selon ce rabbin, on est obligé de pardonner dans la majorité des cas, à condition que le tort causé puisse être réparé et que le coupable demande pardon. Lorsque la personne responsable du mal commis demande pardon trois fois, on est obligé de pardonner. Si on n'arrive pas à pardonner, un problème se pose. Il faut alors examiner son propre cœur. Des conditions pour pardonner Le pardon est optionnel lorsque l'auteur de l'infraction ne demande pas le pardon ou lorsque le dommage causé ne peut être réparé, comme dans le cas de la diffamation. Toutefois, le rabbin recommande d'examiner s'il ne vaut pas la peine de pardonner également dans les cas où le pardon est facultatif. En effet, le fait de ne pas pardonner ne clôt pas l'affaire en cause. La personne reste préoccupée par celle-ci. L'idée de vengeance reste très présente et, par conséquent, la personne se fait du mal. Le rabbin raconte une histoire pour expliquer son point de vue. Il la tient du rabbin Harold Kushner. Une femme qui venait de divorcer est v...