Jean-Pierre Sonnet

RISQUER SA VIE SUR DES ÊTRES DE PAPIER ?
CHRISTUS N°225
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Jean-Pierre Sonnet
Les personnages de la Bible sont, à plus d’un titre, de sacrés carac­tères. Ils illustrent, pour le meilleur et pour le pire, les possibles de la liberté humaine lorsqu’elle croise celle de Dieu, et ils le font en s’affirmant de manière têtue dans nos mémoires de lecteurs et de croyants. Qui a croisé, dans une expérience de lecture un peu persévérante, des personnages tels que Rébecca et Jacob, David et Abigaïl, Job, Nicodème, Pierre et Marie-Madeleine, a reçu des compagnons de route, des proches, parfois des « revenants ». Se mesurer à leurs apparitions dans le récit, c’est vérifier le jugement de Robert Alter : « Les écrivains de la Bible ont conféré à leurs per­sonnages une individualité complexe, parfois séduisante, le plus souvent farouchement opiniâtre, parce que c’est dans l’obstination de son humanité et de son individualité que l’homme rencontre Dieu, ou prend parti de l’ignorer, lui répond ou lui résiste » 1. Est-ce dès lors surprenant : dans l’expérience croyante, ces personnages se sont mués en « présences réelles », apparaissant « comme en vis-à-vis » (Gn 2,18) – ainsi qu’ils le font dans les vitraux des...
Mots clés : Action Bible Dieu Eglise Imagination Réalité Silence Universalité Temps Littérature
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DÉPLACEMENTS DE L’HUMANISME
CHRISTUS N°221
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Jean-Pierre Sonnet
«Homme je suis et je crois que rien d’humain ne m’est étranger. » En citant Térence, Montaigne a relayé au seuil de la modernité le credo de tous les humanismes. Mais qu’en est-il aujourd’hui, alors que la pensée postmoderne dénonce l’excès d’optimisme de ce credo et sa facilité à se réclamer de l’universel – notamment en sa forme rationnelle ? Dans bien des cercles de pensée contempo­rains, c’est la pluralité, autant que la radicalité, des points de vue qui désormais donne le ton ; l’évidence première n’est plus celle de la familiarité possible avec l’autre homme, mais celle de l’extranéité, dans l’éclatement des références, rationnelles et autres, à travers l’espace et le temps. À la suite du philosophe Jean-François Lyotard, ces milieux parlent volontiers de « la fin des grands récits », ces macro-intrigues, reli­gieuses ou idéologiques, qui mettaient en perspective et rendaient intelligible l’histoire commune. En d’autres mots, l’humanisme a fait son temps : notre ère est celle de la réalité fragmentée, constituée d’« étrangetés » juxtaposées, de l’expérience...
Mots clés : Art (cinéma, peinture, sculpture) Athéisme Humanisme Imagination Incarnation Liberté Saint Ignace de Loyola Universalité
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