LA COMPOSITION DE LIEU
CHRISTUS N°221
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Jean-Philippe PIERRON
Mots clés :
Affectivité
Corps
Dieu
Exercices spirituels
Expérience spirituelle
Images
Imagination
Réalité
Universalité
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S'EXPOSER A LA PERTE
CHRISTUS N°271
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Jean-Philippe PIERRON

Perdre est un arrachement à ce à quoi nous tenons mais également à ce qui nous fait tenir intérieurement. Penser nos existences sous le sceau de la perte, n'est-ce pas questionner celui qui se perd dans ce qu'il perd ?« Trouver. Perdre. Est-ce vous avez bien réfléchi à ce que c'est que la perte ? », demandait le poète Rainer Maria Rilke à un jeune enfant, qui deviendra le peintre Balthus. Ce dernier, quelques jours après avoir trouvé un chat qu'il nomma Mitsou, le perdit. Nos villes sont hantées de petits panonceaux désespérés, descriptifs d'une familiarité généreuse, lançant un avis de recherche après la perte d'un chat. Perdre est un arrachement à ce à quoi nous tenons et également à ce qui nous fait tenir. Trouver et perdre sont les deux faces d'une même expérience : qu'est-ce qui nous appartient, qu'est-ce que la possession ? Car si on peut se croire propriétaire d'une chose inanimée, on ne peut l'être d'un vivant, à commencer par un chat, sauf à le réduire au rang de chose. Sa perte fait éprouver qu'il y a de l'inappropriable. « Il faut un chat pour nous enseigner ce mystère un peu douloureux […]. Tous les objets, tous les êtres sont des chats. Ils arrivent et s'en...
UNE CHARITÉ CHRÉTIENNE MAL COMPRISE
CHRISTUS N°277
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Jean-Philippe PIERRON

L'appel à exercer la charité chrétienne en tout temps a pu conduire à une malencontreuse injonction à pardonner. Or la grande variété des situations convoque à reconnaître que la démarche est complexe. Une vigoureuse réflexion philosophique est bienvenue en ce domaine.
Nous avons appris à nous méfier de l'appel au pardon comme d'une recommandation douteuse. C'est qu'il pourrait être une facilité : celle d'une « charité chrétienne » mal comprise qui supposerait « d'aimer l'ennemi » ou le violenteur, au nom d'un amour perverti ; d'accepter le mal qui nous est fait parce que « l'amour serait plus fort que la mort ». De telles formules « toutes faites », restes culturels d'un christianisme devenu un corpus mais qui ne fait plus corps, en édulcorent, jusqu'à l'insupportable, leur portée pourtant subversive et rénovatrice. Elles sont devenues douteuses parce qu'on a fini par confondre le don du pardon avec le sacrifice. Pourtant que serait une vie, voire une société, sans pardon ? Sur quels territoires de l'humain et du tragique de ses relations nous fait-il entrer si on ne veut pas faire du pardon une manière de s'accommoder trop facilement de la violence ? Sans doute sur le terrain d'une implacable tension qui, peut-être, dessine un chemin d'humanité : on ne peut pas, par amour de l'humain, ne pas pardonner, sous peine d'un inlassable ressentiment ; mais on ne peut pas, au nom de l'opposition humaine, trop vite pardonner toute méchanceté, sans faire injure à ce même humain. S...