CHRISTUS N°194
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Au commencement était le cinéma muet. La merveilleuse machine inventée par les frères Lumière en 1 895 savait capter et reproduire les images mouvantes du réel, mais pas les sons correspondants. Jusqu'en 1928, on s'en accommoda. Entre deux scènes, parfois entre deux plans, les commentaires ou les répliques s'écrivaient sur l'écran. Langage purement visuel, comme la bande dessinée, le film parlait déjà, à sa manière. Muet, l'était-il vraiment ? D'ailleurs, pourquoi emprunter ce mot au vocabulaire humain pour l'appliquer au cinéma ? Une machine peut être silencieuse. Ce sont les hommes qui sont parfois muets. Mais, de silence, il n'en était pas question. Et quand le son viendra rejoindre l'image sur l'écran, le film deviendra parlant. Rarement on le dira sonore.
Etrange histoire donc, étrange vocabulaire aussi, qui nous étonne aujourd'hui. Etrange déplacement des mots. Car le véritable muet, c'est le spectateur dans la salle obscure. C'est lui, et lui seul, qui est réduit au silence, puisqu'il est là, justement, tapi dans l'ombre, pour écouter les autres parier à sa place. Avec des mots écrits sur la toile blanche, plus tard avec leurs voix, venues de toutes parts dans nos salles « multiplexes », chacune étant équipée du « son sté...
Mots clés :
Communion
Images
Parole d’homme
Silence
Souffrance
Cinéma
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