Geneviève PERRET

Auxiliatrice, ancienne assistante sociale, a travaillé dans des quartiers populaires en Amérique latine et dans la Pastorale des migrants, termine six années comme responsable de sœurs aînées et va retrouver à Lyon une vie en quartier populaire.
LE POIDS DE LA CROIX
CHRISTUS N°222
-
Geneviève PERRET
C’est un tertre où l’on a l’habitude de crucifier les condamnés. Aujourd’hui, ils sont trois et tant d’autres le long des voies romaines, exposés au mépris et à l’horreur d’une agonie sans compassion. Celui au milieu des « deux autres » semble avoir une stature exceptionnelle, car c’est lui, surtout, qui est gardé, hué par les notables et quelques misérables à leur solde. Mais c’est aussi pour lui que s’attroupent les braves gens, ces « foules qui s’étaient rassemblées pour ce spectacle », ainsi que « ses amis et des femmes, nombreuses, qui regardaient, à distance ».   Déni de justice Quelques-unes de ces femmes se sont approchées. Elles ont rejoint la mère du condamné et son disciple bien-aimé. Parce qu’une ténèbre étrange est tombée en plein midi, elles devaient venir sonder l’inexplicable. Or voici qu’une longue plainte s’élève. Ce n’est pas la lamentation rituelle des femmes de Jérusalem que le Christ a estimée vaine et inappropriée. C’est un gémissement jailli des profondeurs de la foi blessée, un psaume au Dieu vivant qui paraît laisser faire :   « Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je...
Mots clés : Cœur de Jésus  Croix Justice Salut
Lire la suite
LA COMPOSITION DE LIEU
CHRISTUS N°206
-
Geneviève PERRET
« Étais-tu là quand on a crucifié mon Seigneur ? » Negro spiritual Dans les Exercices spirituels, saint Ignace fournit un grand nombre d'indications précieuses pour aider à prier. Un soin particulier s'impose pour « la composition du lieu », définie comme « une certaine façon d'organiser l'espace » (47 V) 1 au début de la prière. L'exercitant est invité à poser le décor, le site de la scène qu'il va d'abord « voir » pour se laisser toucher. Dans les contemplations qui seront proposées par la suite, la place de la faculté visuelle sera prépondérante. C'est dire qu'il ne s'agit pas d'un accessoire facultatif. Examiner en détail Cette manière de procéder n'est pourtant pas sans soulever bien des difficultés. L'objection première provient de l'impression de minutie qui a peu à voir avec le but de la prière : la rencontre de la créature avec son Créateur. Pour fixer l'attention, Ignace nous propose par exemple de regarder « le chemin de Nazareth à Bethléem, en considérant sa longueur, sa largeur, s'il est plat, s'il passe par des vallées ou s'il monte. De même (...) la grotte de la nativité, si elle est grande, ou petite, basse ou haute et comment elle était arrangée » (112...
Mots clés : Exercices spirituels Expérience spirituelle Grâce Images Imagination Incarnation Jésus-Christ Saint Ignace de Loyola
Lire la suite
MARIE-THÉRÈSE DE SOUBIRAN
CHRISTUS N°199
-
Geneviève PERRET
La vie de Marie-Thérèse de Soubiran frappe par ses paradoxes. Elle rêve d'entrer au Carmel, tout en se donnant avec ardeur et finesse à l'apostolat. Son oncle, prêtre plein de zèle, la convainc de se lancer dans la fondation d'un béguinage et l'envoie se former à Gand où subsiste encore cette forme de vie consacrée. C'est un projet aventureux, « tombeau de tous ses attraits ». Marie-Thérèse finit par y reconnaître la voix de Dieu. Voici donc en route le nouveau béguinage. Nous sommes en 1854, à Castelnaudary ; la fondatrice n'a que vingt ans. Et tout va bon train, contrairement à ce qui pouvait être humainement escompté. Mais le béguinage n'a pas vraiment d'avenir. À la suite d'un grave incendie, Marie-Thérèse pressent l'appel à franchir un autre passage. « Mais c'est de nuit » (Jean de la Croix). Ce qui germe à l'obscur, c'est une nouvelle orientation donnée à la fondation, le choix d'une authentique vie religieuse. L'institut de « Marie-Auxiliatrice » y prend naissance en 1864. Pendant dix ans, d'abord à Toulouse puis en d'autres agglomérations urbaines, Marie-Thérèse va « travailler à sa formation et extension ». Formation profondément ancrée dans la tradition ignatienne, avec l'Eucharistie au c&oe...
Mots clés : Cœur de Jésus  Consolation Choix de vie Désolation Election Jésus-Christ Paix Pauvreté Tentation Vie religieuse
Lire la suite
LES LARMES DANS LA PRIÈRE
CHRISTUS N°185
-
Geneviève PERRET
On répugne souvent à expliquer — au cours des retraites ignatiennes où sont commentées les règles du discernement des esprits — la consolation par les larmes telle qu'en parlent les Exercices. A tout le moins, on hésite à traiter le sujet au-delà de son aspect de « consolation douloureuse ». Ce n'est pas sans raison : trop s'y attarder pourrait conduire les auditeurs à des erreurs fâcheuses, surtout s'ils sont émotifs. Mais aussi les larmes gênent. Beaucoup y décèlent quelque chose de suspect. On aaint le trouble pathologique ou l'égarement d'une sensibilité mal contrôlée. Par ailleurs, se retenir de pleurer est souvent perçu comme une expression de maîtrise de soi. Enfin, ce n'est guère sans embarras que certains accompagnateurs supportent les pleurs pendant les entretiens. Voilà qui ne contribue pas à donner sa vraie place à la fonaion des larmes dans la prière, que saint Ignace situe comme une manifestation de la consolation. Les Exercices spirituels, en effet, font souvent mention des larmes. On peut en trouver dix-sept occurrences dans la version manuscrite, qu'il s'agisse du substantif « Idgnmas » ou du verbe « llorar ». Elles sont toujours considérées comme une chose désirable, une grâce à demander expresséme...
Mots clés : Chair Consolation Désolation Evangile Exercices spirituels Expérience spirituelle Femme Grâce Humilité Larmes Prière Tentation
Lire la suite
CÉLÉBRATIONS DOMESTIQUES
CHRISTUS N°272
-
Geneviève PERRET
Témoignage de confinée Mars 2020, à La Barouillère : la « maison de famille » des sœurs auxiliatrices dans le VIe arrondissement de Paris, habituellement une ruche où l'on croise des personnes et des groupes très divers, se resserre autour des vingt-cinq sœurs qui y vivent, réparties en cinq groupes communautaires. La vie confinée s'organise : solidarité pour les courses, moments de détente, séances de gymnastique… Et une question en particulier : quelle vie liturgique pourra nourrir notre foi en l'absence de culte public ? Nous avons une belle chapelle et aimons nous y retrouver : assez naturellement nous décidons d'y célébrer chaque dimanche une liturgie de la parole, déployée selon l'inspiration des habitantes qui la préparent à tour de rôle. J'aime voir le dimanche matin depuis ma fenêtre les sœurs sortir par plusieurs portes et traverser le jardin printanier : je les rejoins, nous convergeons vers la chapelle et nous rassemblons, nous montons à la maison du Seigneur (Ps 122 [121]) ! La beauté me parle : celle du jardin, celle de la chapelle, celle de la musique. Beaucoup de gens vivent le confinement dans des conditions difficiles et je reconnais que nous sommes privilégiées. Alors je peux prier pour eux et je penserai à eux en retournant à mon travail quotidien, fait de nombreux entretiens téléphoniques avec nos sœurs enfermées en Ehpad ou avec des personnes seules. Je peux aussi être reconnaissante pour les générations qui nous ont précédées et nous permettent de b...