DE L’ADORATION EUCHARISTIQUE
CHRISTUS N°227
-
François CASSINGENA-TRÉVEDY
Est-ce une irrévérence que d’aller glaner parmi les Fleurs du mal de Charles Baudelaire (« Harmonies du soir »), dans le dessein de donner matière à quelques réflexions sur l’adoration eucharistique et de leur fournir une amorce inédite ? Si maudit qu’on l’ait par après déclaré ou qu’il se soit cru lui-même, Baudelaire eût-il pu dire cela, si un autre n’avait dit : « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22,19), et auparavant : « Ceci est mon corps » (Mt 26,26), sans user d’un autre ostensoir, ce soir-là, que de ses propres mains ? Car, dans la religion de Jésus-Christ, la chair même – et toute chair à la suite de celle du Verbe – est consacrée comme ostensoir de Dieu. Parce que Jésus-Christ est pauvre, il ne veut pas d’autre ostensoir que celui-là, et ne souffre les autres qu’à condition qu’ils lui soient relatifs.
Pour « adorer en esprit et en vérité » (Jn 4,23), il nous faut toujours vérifier (tant la vie spirituelle est rigoureuse) que la fascination exercée par l’ostensoir de vermeil ne remplace point en nous l’appétit du « pain quotidien » (Mt 6,11), et que l’azyme, confinant à une immatérialité dont nous rêvons si...
Mots clés :
Amour
Corps
Eucharistie
Liturgie
Mémoire
Réalité
Silence
Lire la suite
POUR REPRENDRE ET PERDRE HALEINE ; PETIT ÉLOGE DU CATHOLICISME
CHRISTUS N°226
-
François CASSINGENA-TRÉVEDY
LES NUITS BIBLIQUES
CHRISTUS N°221
-
François CASSINGENA-TRÉVEDY
Dans ses Vespri per l’Assunzione di Maria Vergine, telles qu’un patient travail musicologique en a reconstitué récemment le cycle complet, Antonio Vivaldi, expert dans l’art de varier les procédés d’expression, a confié à la voix de contralto l’exécution intégrale du Psaume 126 (RV 608), lequel faisait traditionnellement partie de la psalmodie de l’office vespéral, aux jours de fêtes mariales. Sur le verset « Cum dederit dilectis suis somnum » (« Le Seigneur donne le sommeil à ses bien-aimés ») traité naturellement comme un andante, le figuratisme musical atteint un sommet de perfection qui, loin de représenter une simple prouesse de théâtralité, reflète la profonde méditation du psaume par celui que l’on appelait le « prêtre roux » : l’auditeur se voit confronté soudain au grand mystère du sommeil, non pas seulement comme fait de nature, mais comme don de Dieu, au point que, s’il écoutait comme il se devrait d’écouter toujours, il y cèderait bientôt lui-même 1.
Mystère proprement biblique du sommeil : celui que Dieu donne, celui où Dieu opère, celui où Dieu se fait jour.
Un sommeil tombé de Dieu
Au commencement était le sommeil, et le so...
Mots clés :
Art (cinéma, peinture, sculpture)
Bible
Dieu
Expérience spirituelle
Grâce
Imagination
Incarnation
Jésus-Christ
Temps
Lire la suite
LA LITURGIE OU LA SAINTE CÈNE DES SENS
CHRISTUS N°211
-
François CASSINGENA-TRÉVEDY
Le site originel des propos livrés ici est une expérience monastique de la liturgie ; mais cette expérience n’est pas à ce point spécifique, croyons-nous, qu’elle ne puisse modestement s’ériger en lieu de rendez-vous beaucoup plus large. De fait, depuis le IVe siècle environ, une liturgie dite « monastique » se distingue, dans l’exercice ecclésial commun de la fonction liturgique, d’une liturgie dite « cathédrale », c’est-à-dire en toute rigueur celle du Peuple de Dieu autour de son évêque ; l’histoire de la liturgie n’en demeure pas moins, pour une bonne part, celle de l’attraction mutuelle que ces deux formes d’exercice ont constamment exercée l’une sur l’autre et qui s’est avérée bien souvent créatrice. L’exercice monastique de la liturgie est d’abord et essentiellement un exercice communautaire, et c’est d’abord ce caractère constitutif qui le rend exportable hors de son site propre, exemplaire — non pas de façon esthétique mais théologique, non pas de façon idéale mais fraternelle — pour toute l’Église, pour toute communauté d’Église qui fait l’effort de se construire et de se penser. C’est donc cette dimension communautaire, cette condit...
Mots clés :
Ascèse
Corps
Eglise
Eucharistie
Jésus-Christ
Liturgie
Louange
Lire la suite
LA LITURGIE, CLÉ DE LA TEMPORALITÉ CHRÉTIENNE
CHRISTUS N°199
-
François CASSINGENA-TRÉVEDY
Le Temps est à rude épreuve dans le monde ; il semble même qu'en raison de ce qu'il est convenu d'appeler le progrès, il doive l'être toujours davantage à l'avenir. Dans les vieilles demeures rurales d'autrefois, même les plus simples, les plus pauvres, il y avait une horloge dont le balancier allait, aussi tranquille que le pas des bœufs, comme un nombre d'or que la mort des êtres chers, seule, arrêtait. Dans ce meuble de la vie quotidienne, on entendait palpiter les intestins du Temps. Peut-être n'entendait-on que cela de tout le jour et, tout doucement, plus profond, plus loin que l'ennui, les êtres s'intériorisaient. On entendait et on attendait. « Priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort. Amen. »
Aujourd'hui, on fait mille injures au Temps : on lui court après, on le tue, on l'annule, on le perd sans même plus savoir — ô ironie — à quoi on l'a perdu. Et pour finir on l'accuse comme un conditionnement intolérable, une fatalité dont il faut absolument s'affranchir, comme si les paradis factices pouvaient remplacer le paradis réel que le Temps nous ouvre, si nous savons, avec une sorte d'émerveillement, perdre notre temps au Temps lui-même.
PETITE HISTOIRE DU TEMPS
Qu'avons-nous fait du Temps ? Car c'était beau Temps, c'était bon Temps que Dieu nous avait cr&eacut...
Mots clés :
Bible
Dieu
Eglise
Jésus-Christ
Liturgie
Sacrement
Temps
Lire la suite