L'EGLISE RASSEMBLÉE POUR SERVIR LE ROYAUME
CHRISTUS N°274
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Dominique WAYMEL

Le Royaume à venir germe déjà. L'Église a pour vocation de participer à ce mouvement. Il implique un combat et un art de mourir à certains liens désordonnés. La démarche synodale en propose un chemin. Ouverture pour nos sociétés quant au bien commun ?
La communauté des premiers chrétiens ne s'est comprise qu'à l'intérieur du cadre de la première alliance, c'est-à-dire de ce peuple saint choisi et élu par Dieu pour être, par pure grâce, lumière des nations1, pour conduire les nations vers la lumière2. C'est bien ce qu'affirme un texte tardif du Nouveau Testament dans lequel on trouve même une formule audacieuse qui applique au groupe des chrétiens ce qui jusque-là était reconnu au seul peuple d'Israël3.
Toutes les affirmations attribuées au peuple de Dieu de la première alliance ont, en quelque sorte, été transférées au nouveau rassemblement du peuple de Dieu, à l'Église. Mais cela moyennant une référence aux réalités nouvelles qui constituent, précisément, le peuple de Dieu en sa nouveauté c'est-à-dire le lien au Christ et l'accueil de l'Esprit saint. Ainsi, l'Église, accueillant le Christ lumière des nations, qui lui donne son Esprit pour la conduire, découvre la mission qui lui est confiée : être au service de la communion et de la réconciliation de tout l'univers créé, abîmé par le péché. La maison commune de tous les hommes est en effet abîmée, par un engrenage de relations vécues dans une dynamique d'exploitation et de domination et non selon le dessein divin d'une a...
PIÉTÉ POPULAIRE ET PRATIQUES DÉVOTIONNELLES
CHRISTUS N°279
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Dominique WAYMEL

Il semble juste de distinguer les « pratiques dévotionnelles » de la « piété populaire ». Pour accompagner l'émergence de leurs expressions, l'appel au discernement synodal, à tous les niveaux, serait le bienvenu.
Notre vie de prière s'exprime à travers diverses formes communautaires : liturgie, piété populaire et pratiques dévotionnelles. Chaque pratique devrait manifester selon son registre notre capacité de croyants à nous laisser rassembler par le Seigneur au-delà de toutes les distinctions (cf. Ga 3, 28) et constituer un moment de joie et de communion en Jésus Christ, pierre angulaire du nouveau rassemblement du peuple de Dieu, à savoir l'Église. Or l'appel à entrer en communion semble trop souvent mis à mal à l'endroit même où devrait s'exprimer de manière privilégiée notre réponse, sous la forme d'un élan vers Dieu. Quels repères proposer pour un discernement en vue d'un dépassement des points de division et de l'édification de l'Église à travers ces multiples pratiques ?
Un nécessaire discernement
Parce qu'il fallait alors redonner toute sa place à la liturgie dans la vie spirituelle des chrétiens, le mouvement liturgique préconciliaire a souvent critiqué les manifestations de la piété populaire. L'éminent liturge italien Romano Guardini (1885-1968), protagoniste majeur de ce mouvement, estimait néanmoins que « rien ne serait en réalité plus faux que de vouloir imposer à la vie spirituelle le cadre exclusif de la liturgie1 ». Reprenant la perspective, le Concile s...