Christophe PICHON

Bibliste, enseigne le Nouveau Testament au Centre Sèvres.
A publié Le prophète Élie dans les évangiles (Parole et silence, 2018).
EN VUE DU BIEN DE TOUS
CHRISTUS N°274
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Christophe PICHON
Les dons de l'Esprit sont multiples et diversement attribués. Un seul est adressé à tous : l'agapè. Notre vocation est alors de le déployer sans réserve, notre devoir de lui permettre d'animer tous les autres charismes, car il vise la communion. L'Apôtre Paul connaît bien l'Église qui est à Corinthe. Il a séjourné dans cette ville plusieurs années et y a annoncé l'Évangile. Depuis Éphèse où il se trouve désormais, des nouvelles préoccupantes lui parviennent de Corinthe : de la part des gens de Chloé (1 Co 1, 11), puis par le biais d'une lettre envoyée par des Corinthiens. Paul évoque des « disputes » (1 Co 1, 11), des « scissions » (1 Co 11, 19) et une « déchirure » (1 Co 12, 25). Dès l'entame de sa première lettre aux Corinthiens, Paul les invite à se souvenir qu'ils ont été appelés à une « communion » avec le Fils (1 Co 1, 9). Il leur écrit qu'il ne leur manque « aucun charisme » (1 Co 1, 7). Il ne s'agit pas que d'une formule de politesse. Il constate que Dieu a fait son œuvre dans les Corinthiens et il rend grâce pour cela. Ces dons sont là, constatables. Pourtant, la désunion est patente, le « commun » menacé, les dons reçus par les uns sont jalousés par les autres. Paul entend faire cesser leur ignorance (1 Co 12, 1) et les enseigner (1 Co 4,17). Écoutons Paul s'adresser aux Corinthiens, tout d'abord en cherchant à entendre ce qu'il dit de la répartition des dons de l'Esprit à tous et chacun, ensuite en observant comment Paul invite au « partage » des dons et notamm...
DE DAVID À JÉSUS, DE GUY VANHOOMISSEN
CHRISTUS N°279
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Christophe PICHON
L'auteur est jésuite, ancien professeur au centre Lumen Vitæ (Bruxelles). Son propos poursuit une double finalité. La lecture chrétienne spontanée du Premier Testament tend à considérer des textes bibliques comme d'emblée « messianiques ». Jésus serait alors le Messie entrevu par des prophètes devins. Or, l'examen du contexte historique initial des textes fait sortir d'une apologétique qui omet la quête de leur sens littéral. Sans vouloir reconstituer une histoire du messianisme, l'auteur souhaite retracer chronologiquement l'émergence de l'idée messianique : depuis le temps des rois qui reçoivent l'onction jusqu'à la fin du Ier siècle. Il entend, sur cette toile de fond, examiner le messianisme de Jésus, le second but de l'ouvrage. Pour ce faire, il met en avant les textes retenus par la tradition chrétienne. L'attente messianique multiforme est une expression parmi d'autres de l'attente juive au Ier siècle, « dans un pourcentage minime de l'ensemble de la littérature » (p. 284). Le concept n'est pas central dans les textes juifs au tournant de notre ère et il n'existe pas de « modèle normatif » accepté par tous les Juifs au temps de Jésus. Ils attendent des figures différentes (royale, sacerdotale, prophétique). L'auteur, dans cet ouvrage informé, en forme d'état de la question, permet ainsi de mesurer comment la question messianique résonne dans le Nouveau Testament. Jésus pensait-il être le Messie ? Ses contemporains l'identifiaient-ils ainsi ? Après la mort et la rés...
QUI M A VU A VU LE PÈRE
CHRISTUS N°280
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Christophe PICHON
Le Christ est l'image du Dieu invisible : voir le Christ signifie voir Dieu. Dans l'évangile de Jean, un échange entre Jésus et Philippe témoigne de la difficulté du disciple à comprendre vraiment quelle est l'identité de Jésus. Jésus fait alors œuvre de pédagogie pour lui permettre d'entrer dans la profondeur du mystère de l'Incarnation et de reconnaître en son maître la figure du Dieu vivant.Dans la Bible, le désir de voir Dieu est plusieurs fois exprimé. Dieu dit notamment à Moïse : « Tu ne peux voir ma face, car l'homme ne saurait me voir et vivre » (Ex 33, 20). Dieu peut donc être vu de dos, mais non de face, comme il l'exprime à Moïse, sous forme de compromis : « Alors, quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et, de ma main, je t'abriterai tant que je passerai. Puis j'écarterai ma main et tu me verras de dos ; mais ma face, on ne peut la voir » (Ex 33, 22-23). Au même endroit, le prophète Élie se voile le visage alors que Dieu passe (1 R 19, 13). Le peuple l'a entendu parler du milieu du feu mais ne l'a pas vu (Dt 4, 12). Le prophète Isaïe dit avoir contemplé, dans une vision, le Seigneur assis sur un trône (Is 6, 1), alors que le prophète Ézéc...