Bruno Frappat

L’HOMME EST L’AVENIR DE L’HOMME
CHRISTUS N°212
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Bruno Frappat
De quoi avons-nous le plus peur ? Des autres ! Très peu de nous-même. Conduisant sur la route (longue route…) de l’avenir, nous sommes obsédés à l’idée que d’autres conducteurs nous attirent de graves ennuis, dans un virage, à un carrefour, sur une longue ligne droite. Nous redoutons les éméchés, les adeptes des cocktails drogue-alcool, les chauffards, les fous du volant, les défoncés de la vitesse et du dépassement. Ah ! si les autres n’existaient pas, si on leur interdisait l’usage des véhicules, si la route était « à nous »...   La peur des autres Cet autre, dans l’actualité, adopte les mille et un masques de la menace. Il est le terroriste sans visage (encore que forcément barbu et oriental…). Il est le capitaliste fourchu et insensible qui veut faire rendre à sa société le maximum de ce qu’elle peut produire en terme de profits et délocalise pour supprimer nos emplois. L’autre des habitants du centre-ville est celui des banlieues « difficiles », des « quartiers », des « cités ». L’autre du jeune est le « flic ». L’autre du flic est le jeune. C’est peur contre peur. Mais les autres et leurs multiples manières de nous menacer, ce peut être l’ex...
Mots clés : Courage Crainte Eglise Humanisme
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TYRANNIE DU REGARD
CHRISTUS N°208
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Bruno Frappat
C’ était au temps de l'actualité en noir et blanc. Il y avait déjà des caméras de télévision pour filmer l'abaissement de l'homme par l'homme. Et pour l'exhiber, supplice antique. La scène se passait au Congo, que l'on n'appelait pas encore « Congo-Kinshasa » ou « Zaïre », mais « Congo ex-Belge ». A l'arrière d'un camion, sur la plate-forme où s'entassaient quelques militaires surarmés, un homme échevelé, les mains attachées derrière le dos, était saisi aux cheveux par un soldat qui lui tirait la tête vers l'arrière. Pour qu'il ne puisse pas pencher son visage vers l'avant et dissimuler ainsi ses traits à l'oeil des caméras. Scène sans parole, sans cris, sans « bruitage », sans son. Mais on devinait le : « Allez ! montre-toi, montre ta gueule, salopard ! » L'homme était célèbre dans toute l'Afrique, et il avait incarné un espoir pour beaucoup. Jusque-là, il portait des lunettes cerclées d'écaillé. On les lui avait évidemment arrachées, comme pour dénuder son regard à lui. Cet homme s'appelait Patrice Lumumba. Dans quelques heures ou quelques jours, il serait exécuté, loin des regards. C'était en 1961. Pourquoi cette image est-elle la première &...
Mots clés : Amour Guérison Humilité Images Media Psychologie Souffrance Littérature
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