LES PÈRES DE L’ÉGLISE ET LA LITURGIE
CHRISTUS N°229
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Annie WELLENS

Préf. M.-Y. Perrin.
Desclée de Brouwer, coll. « Théologie à l’Université », 2009, 384 p., 32 euros.
« Silence ! On tourne… Moteur… Action ! » L’auteur, qui refuse dans cette étude tout « mirage archaïsant », me pardonnera cette moderne injonction, d’autant qu’il commence par nous faire lever les yeux vers les mosaïques décorant les basiliques comme vers des « écrans grandioses » livrant à notre regard la manière dont les chrétiens de l’Antiquité tardive « se sont représentés dans leur propre acte de célébrer ». Belle façon de préparer le lecteur à rencontrer le « profil intérieur du sujet liturgique » à travers ces deux « lieux-sources » que sont les homélies et les sacramentaires. Derrière les premières, des IVe et Ve siècles, tout un peuple vit et réagit, pendant que les seconds, plus tardifs, représentent un véritable « précipité de la pensée des Pères ». Une pensée nourrie conjointement par la vérité théologale, la confrontation roborative avec le paganisme et le réalisme des situations ecclésiales : s’il est fortement affirmé que l’ass...
L’OEIL DE L’ÂME
CHRISTUS N°225
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Annie WELLENS

Préf. D. alin. Av.-pr. Y. Roullière. Bayard, coll. « Christus », 2009, 265 p., 19,50 euros.
« Qui vive ? Est-ce moi seul ? Est-ce moi-même ? » L’interrogation d’André Breton n’en finit pas de résonner chez Jeanne-Marie Baude. Elle s’émerveille de la créativité littéraire née du questionnement sur ce qui nous fait vivre notre finitude. Différents des routes balisées de la philosophie ou de la théologie, mais non sans croisements avec elles, les chemins multiples de la littérature (et pas question ici de faire la fine bouche quant à la littérature populaire…) invitent tout lecteur à se laisser saisir par une lecture « opérante » : « La littérature agit quand elle laisse à travers les mots transparaître le pressentiment de la beauté… Les moments de rencontre avec une beauté qui se révèle soudain […] ouvrent sur un infini devenu proche, en indiquant la voie d’une plénitude entrevue dès maintenant. »
Sans effets de manches, sans rhétorique fumeuse, la lectrice-avocate plaide pour que l’imagination soit reconnue comme moyen de connaissance nous reliant à ce qui nous dépasse, en citant à comparaître des témoins fréquentés...
JOSEPH THOMAS S.J. (1915-1992)
CHRISTUS N°224
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Annie WELLENS
Le fait d’avoir dédié en 1997 mon premier livre, L’ordinaire des jours, au P. Joseph Thomas (1915-1992), se voulait signe de gratitude. Le Centre pour l’Intelligence de la Foi (CIF) fut notre premier lieu de rencontre, et le travail de vérité engagé pendant ce temps d’études et d’échanges m’incita à des choix fondamentaux, dont celui de l’écriture. Il m’en avait révélé le chemin en me demandant des articles pour Christus. Bien d’autres témoins pourraient rendre compte, à leur manière, de son intelligence de la foi, de son amour indéfectible de l’humain, de sa pédagogie orientée vers la liberté. C’est en praticien qu’il cultiva inlassablement les différents champs où il fut envoyé.
Après quelques années d’enseignement, il devient aumônier national du Mouvement Chrétien des Cadres (MCC). Observateur religieux pendant les dernières sessions de Vatican II, la mise en oeuvre du Concile le passionne, autant que les répercussions de Mai 68. Il fonde le CIF pour les laïcs, tout en acceptant la charge de la formation permanente du clergé parisien, et en assurant la direction de Christus et de Croire aujourd’hui ainsi que la coordination de la revue Vie chrétienne. Premier pr&eac...
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Compagnie de Jésus
Discernement
Doctrine
Eglise
Foi
Humanisme
Jésus-Christ
Liberté
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TRANSMETTRE DE GÉNÉRATION EN GÉNÉRATION
CHRISTUS N°223
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Annie WELLENS
COMMENT SUIVRE DIEU QUAND DIEU N’EST PAS LÀ?
CHRISTUS N°213
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Annie WELLENS

Cerf, coll. « Sagesses chrétiennes », 2006, 107 p., 15 euros.
Urs Von Balthasar déplorait le manque d’intérêt des théologiens pour l’oeuvre de Mechtild de Magdebourg. Il saluait en elle « le deuxième sommet de la théologie charismatique du Moyen-Âge, après Hildegarde et avant Eckhart ».
Avec une respectueuse et savante passion, Waltraud Verlaguet nous ouvre la demeure de Mechtild en croisant sa vie et son oeuvre. Des extraits de La lumière fluente de la Divinité (Jérôme Millon, 2001) éclairent de l’intérieur l’apport biographique ainsi que l’analyse de l’évolution conjointe de la société et des formes de la spiritualité au XIIIe siècle. Représentative de ces femmes vivant
une vie religieuse hors couvent, nourrie de littérature courtoise, s’abreuvant aux sources cistercienne, dominicaine et franciscaine, Mechtild n’en suit pas moins un chemin original. Tout au long de sa vie et jusqu’aux dernières années vécues chez les bénédictines de Helfta, elle s’interroge sur l’absence de Dieu. La quête amoureuse du Bien-Aimé qui se dérobe va bien au-delà des règles du jeu courtois : « Je suis sa joie. Il est ma souffrance », écrit-elle. Il ne s’agit...
LA SAVEUR DE DIEU
CHRISTUS N°212
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Annie WELLENS
Cerf, coll. « Cogitatio Fidei », 2006, 558 p., 44 euros.
« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement... » Le conseil évangélique accompagne en sourdine la lecture de ce livre. Reconnaissant comme une « grâce particulière » sa longue familiarité avec les Pères de l’Église et Thomas d’Aquin, Jean-Charles Nault, bénédictin de Saint-Wandrille, fait de son étude « une occasion de contemplation et de prière ». Si sa rigueur est celle d’une thèse, la cordialité de son écriture permet à tout lecteur de bonne volonté d’en ouvrir les pages avec largesse, éprouvant un appétit grandissant pour le sujet. L’invité au festin de La saveur de Dieu peut alors s’engager avec confiance sur la voie de la béatitude balisée par Thomas d’Aquin. Il apprendra à reconnaître, pour mieux les déjouer, les pièges de l’acédie, cette étrange passion qui ronge, jusqu’à vouloir la détruire, l’amitié entre Dieu et l’homme.
Le sommet du livre, la doctrine personnelle de saint Thomas, oriente la première partie qui cerne le vocabulaire mouvant concernant l’acédie et sa place fluctuante dans la liste des passions mauvaises ou vices ou péchés...
TRENTE-SIX QUESTIONS SUR DIEU
CHRISTUS N°212
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Annie WELLENS
Médiaspaul, 2005, 170 p., 13,50 euros.
L’auteur, enseignante en linguistique et accompagnatrice de catéchumènes, sait ce qu’elle doit aux Pères de l’Église qu’elle fréquente assidûment depuis longtemps. Et ce mouvement de reconnaissance lui donne d’ouvrir de nombreux chemins pour qui désire se familiariser avec les écrits patristiques, souvent attirants par leur intelligence spirituelle et leur qualité littéraire, parfois déroutants par leur éloignement dans le temps et leur langage symbolique.
L’autonomie de chaque chapitre, l’index des auteurs et des thèmes permettent une lecture en souplesse, mais n’empêchent en rien une lecture suivie. À privilégier cette dernière, on s’aperçoit que les courts chapitres sont ordonnés selon quatre grandes parties qui correspondent à différentes étapes : Dieu ; la solitude de l’homme ; la rencontre de l’homme et de Dieu ; l’Église. Sans jamais oublier l’importance de l’histoire ni basculer dans la seule érudition, cette pédagogue avertie dose subtilement commentaires et choix de textes suffisamment longs pour permettre de goûter la tonalité particulière de chacun des auteurs proposés.
Même si la couverture du livre est maladroite et le ti...
PAUL CLAUDEL À L'ÉCOUTE DE LA BIBLE
CHRISTUS N°208
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Annie WELLENS
Rendre compte de ma lecture des 3865 pages (introductions, postfaces et notes des chercheurs comprises) consacrées par Claudel à la Bible 1, je n'y parviendrai jamais... » A l'enthousiasme qui avait accompagné l'ouverture du premier volume succèdent bien vite l'abattement, puis l'angoisse. Il n'est pas de ma compétence d'ajouter à l'admirable travail de ceux qui ont établi, présenté et annoté cette édition chronologique des « commentaires que le poète a consacrés aux livres saints ». La chronologie, ici, établit la succession des oeuvres « d'après la date de la copie du manuscrit définitif », ce qui implique en de très nombreux cas la consultation comparée de cette copie avec le brouillon et le texte de l'édition précédente chez Gallimard. « Ainsi, indique Michel Malicet, devient plus facile une lecture permettant de suivre l'évolution et l'histoire des thèmes développés » par Claudel.
Reconnaissante envers ceux qui m'ouvrent l'accès à de telles richesses, je demeure effrayée par ce que je dois trouver à en dire. Mais, fidèle au principe ignatien de ne rien changer aux choix fondamentaux en période de désolation, je continue de lire en pleine tourmente, me sentant liée à ces deux énormes v...
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Bible
Corps
Expérience spirituelle
Parole de Dieu
Réalité
Résurrection
Sagesse
Littérature
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LE LIVRE, ACCOMPAGNATEUR SPIRITUEL ?
CHRISTUS N°204
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Annie WELLENS
Le point d'interrogation « accompagnant » le titre manifeste le trouble qui m'a saisie en commençant à réfléchir sur ce thème. Plus précisément, l'écho d'un texte de Bonaventure a précipité une agitation intérieure proche de celle que décrit si bien Ignace de Loyola. Évoquant l'itinéraire de l'âme vers Dieu, du désir humain transformé et transposé en Lui, Bonaventure écrit : « Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture... » 1. « Dur, dur » à entendre pour une libraire. Je me suis ressaisie en pensant que Bonaventure ne s'était guère privé d'études théologiques et que des lecteurs aujourd'hui se réjouissent en lisant ses écrits. Quelque peu consolée, j'ai regardé par-dessus son épaule et j'ai aperçu, au loin, la silhouette d'Ambroise de Milan, ce lecteur silencieux magistralement dessiné par les mots d'Augustin dans les Confessions. Les étudiants d'Ambroise venaient le voir lire en silence (on lisait alors plus souvent à voix haute) et recevaient l'enseignement de cet acte de lecture silencieuse.
Encouragée, j'ai rouvert L'amour des l...
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Expérience spirituelle
Grâce
Vérité
Conversion
Littérature
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LE SENS SPIRITUEL DE LA LITURGIE
CHRISTUS N°204
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Annie WELLENS
Prés. C. Barthe.
Préf. et trad. D. Millet-Gérard. Ad Solem, 2003, 535 p., 45 €.
On demande ici des lecteurs confiants en l'intelligence de ceux qui les ont précédés, aptes à résister aux tentations d'utiliser ce texte comme un désaveu de la réforme liturgique de Vatican II, ou, à l'inverse, de le juger sans pertinence pour aujourd'hui. Dans les deux cas, il serait regrettable de se priver de la polyphonie d'interprétations offerte par cette lecture spirituelle de la liturgie eucharistique.
« Donner les raisons de ce qui se fait dans les offices ecclésiastiques », tel est le projet, au XIIIe siècle, de l'évêque de Mende. La présentation et la préface permettent de se familiariser avec l'histoire de cette œuvre, « dernier mot du Moyen-Age sur la mystique du culte divin ».
Encore faut-il entendre ce que raison veut dire en liturgie. Guillaume en appelle à Bernard de Clairvaux qui demande, pour la célébration de la messe, de « joindre l'intelligence à la parole, le sentiment à l'intelligence, l'exultation au sentiment, la promptitude à l'exultation, l'humilité à la promptitude, la liberté à l'humilité » (Sermon 13 sur le Cantique). Cette dynamique donne du souffle à Guillaume dont le commentaire bondit et s'envole....
SACRÉ ET SECRET
CHRISTUS N°200
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Annie WELLENS
Cerf, coll. « Lire la Bible », 2003, 240 p., 21 €.
Un bibliste hospitalier invite à sa table de travail des lecteurs en connivence ceux que la lecture de la Bible ouvre à la méditation. Une méditation non pas indifférenciée mais située en ce lieu secret de l'homme où travaille l'Esprit Saint.
Exégète et théologien, le dominicain Maurice Cocagnac puise avec largesse dans le trésor de ses connaissances pour en révéler des saveurs familières ou surprenantes (d., dans la même collection, son récent Le corps et le Temple, 1999, 233 p., 17 €). Nul besoin de lire ce livre crayon en main et de consulter d'autres ouvrages pour le comprendre : les textes bibliques sont offerts, croisés avec de» commentaires spirituels et littéraires de différentes époques. Il suffit de se mettre au diapason de l'auteur (il est aussi musicien) pour entrer dans une « écoute cordiale » qui caractérise l'intelligence spirituelle.
Il fait bon s'attarder à l'ombre lumineuse de ces chapitres thématiques. Ils disent tous quelque chose de façon très personnelle de l'« efflorescence spontanée de la Parole divine dans la lumière de la méditation ». Qu'il s'agisse du temps qui passe de la louange, de la beauté ou... du diable et de ses masq...
APPRENDRE LE CHRIST
CHRISTUS N°200
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Annie WELLENS
Editions de Bellefontaine, coll. Vie monastique », 2003, 372 p., 21 €.
L'objectif d'aider à « lire en profondeur » la règle de saint Benoît ordonne le choix de ces textes écrits par sœur Aquinata en des circonstances diverses. Des connaissances très sûres, inséparables d'une pédagogie éprouvée font de ce livre un savoureux exercice d'écriture monastique. Ainsi le rappel de la libre façon dont Benoît a conçu sa règle en fonction de l'époque violente qui était la sienne et des codes monastiques déjà existants.
Dans la première partie l'auteur pratique une lectio divina de passages fondamentaux (comme le Prologue) en utilisant les méthodes actuelles d'analyse littéraire. Ce qui permet d'éclairer de l'intérieur du texte ses racines bibliques. Parmi les commentaires concernant la vie en communauté, ceux relatifs au « bon zèle », à la prière personnelle aux situations délicates, constituent un régal de finesse psychologique et spirituelle.
La deuxième partie thématique explore l'expérience bénédictine de la vie monastique. L'étude menée sur la discretio intéressera tous ceux qui s'interrogent sur le « discernement spirituel communautaire ». D'autant qu'y...
UNE CHAIR POUR LA GLOIRE
CHRISTUS N°198
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Annie WELLENS
Beauchesne, coll. « Théologie historique », 2001,554 p., 44,82 €.
Au terme de la lecture de ce livre, comme au terme d'une ascension exigeante qui a mobilisé pendant des heures les forces du randonneur, le lecteur éprouve le désir de se retourner sur le paysage traversé en remerciant son guide.
Jérôme Alexandre donne à « entendre », à travers l'étude des œuvres de Tertullien, la naissance et le développement d'une pensée originale quant à la façon de lier foi et raison. Le théologien carthaginois, de la fin du IIe siècle aux deux premières décennies du IIIe, s'affronte aux philosophes païens et aux gnostiques. Contre eux, mais aussi grâce à eux, il bâtit une solide demeure théologique et spirituelle. Une demeure dont les fondations, la charpente et les murs porteurs sont les mêmes depuis les premières œuvres jusqu'aux dernières.
Tertullien apparaît avant tout comme un homme de foi, qui, inlassablement et de manière passionnée, interroge le mystère de la vie chrétienne, ausculte les mots qui le disent, rend compte d'un réel « reçu et cru » avant d'être pensé. Ce « rapport croyant au réel » impose des limites à la curiosité humaine. On peut s'&...
LE CHEMIN DU VRAI BONHEUR
CHRISTUS N°196
-
Annie WELLENS
Presses de la Renaissance, coll. « Sagesse des chartreux », 2 002,220 p., 15 €.
Dès les premières pages, le lecteur sait où il marche : sur le chemin d'un maître des novices. La rigueur de son vocabulaire s'inscrit dans la longue tradition du monachisme oriental et occidental : ce chartreux ne cache pas ses sources, on peut s'y désaltérer avec lui.
Si les béatitudes ponctuent les chapitres, la force du courant biblique en déborde allègrement le cadre. La Bible répond à la Bible : l'auteur met en œuvre ce qu'il enseigne au sujet de la lectio divina. C'est une erreur de croire que l'on peut négliger l'étude de la parole divine ou, plus tard, l'abandonner, et malgré cela atteindre directement l'union intime avec Dieu. Tout au long de ces instructions court l'avertissement salutaire de ne pas brûler les étapes, de respecter l'économie de la foi, pour vivre cette lente croissance en Dieu de la personne humaine : « Visons haut, le plus haut possible... Mais assurons-nous que nos pieds sont bien plantés sur le sol avant de nous élancer. » Le même réalisme spirituel brasille au cœur des chapitres consacrés à la pureté : « Il n'y a guère de pureté absolument innocente comme il n'y a pas d'innocence définitivement perdue. »
L'enseignement d...
DES LIVRES POUR DEMEURE
CHRISTUS N°187
-
Annie WELLENS
Jeune libraire, j'avais le sentiment d'inviter les auteurs, par le biais de leurs oeuvres, à demeurer dans ma librairie. Plus le temps passe — ma librairie, spécialisée en littérature religieuse, fêtera ses vingt ans en octobre 2000 —, plus je prends conscience d'habiter maintenant chez les auteurs qui peuplent mes rayons. En fin de journée, après la fermeture du magasin, je penserais manquer à la politesse si je partais immédiatement. Il me faut prendre le temps de faire le tour de mes véritables propriétaires. En redassant un ouvrage, en redressant un deuxième, en savourant quelques lignes d'un troisième, je retrouve une émotion de lecture, je revois le visage d'un client ou découvre de nouveaux horizons. C'est le moment où les livres respirent pour eux-mêmes. Lorsque je quitte la librairie, je les imagine alors bruissant de toutes leurs pages, bourdonnant comme une ruche. L'essaim des livres cisterciens est assez volumineux pour justifier cette image. Saint Bernard, maître en lectio divina, reçut le nom de « Docteur melliflu » pour son art de butiner et de transformer en miel les textes bibliques, ceux des Pères de l'Eglise et le livre de l'expérience quotidienne.
Ce temps de simple visite réoriente la finalité de mon métier parfois occultée par le souci financier : proposer...
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Bible
Ecoute
Eglise
Media
Méditation
Prière
Tradition
Littérature
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LES PIÈGES DE LA LECTURE
CHRISTUS N°117
-
Annie WELLENS
JOB
CHRISTUS N°111
-
Annie WELLENS
LE SERVITEUR DÉFIGURÉ
CHRISTUS N°105
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Annie WELLENS
AMOUR ET SILENCE
CHRISTUS N°233
-
Annie WELLENS

AMOUR ET SILENCE Et autres textes.
Éd. et prés. N. Nabert. Ad Solem, coll. « Spiritualité », 2010, 225 p., 25 euros.
Saisissante et pertinente offrande au lecteur que cette brassée d’oeuvres cartusiennes dont la paternité est désormais connue. Apprendre que dom Porion, chartreux du XXe siècle au monastère suisse de La Valsainte, longtemps procureur de l’Ordre à Rome, spécialiste de la mystique rhéno-flamande, est celui qui signait « Théophile », « un chartreux », ou même « ******* », relève, non d’un « scoop » médiatique, mais d’une mise en lumière de la cohérence entre l’écriture de l’auteur et « la profondeur de sa vocation cartusienne toujours décelable dans sa modestie éditoriale ». L’enquête menée par Nathalie Nabert sur la genèse et la composition des différents textes proposés ici révèle, à travers les étapes de sa vie et les amitiés stimulantes comme celles de Charles Journet, Stanislas Fumet ou les Maritain, un portrait intérieur de l’homme qui écrivait, trois ans avant sa mort, dans un sermon pour la fête de saint Jean-Baptiste : « Accepter pour nous-mêmes l’obscurité est un aspect d...
PRÉSENCES ANIMALES
CHRISTUS N°241
-
Annie WELLENS
Arrêt sur images : la première, une photographie, inaugurale quant à ma relation aux animaux, remonte à 1947, année de ma naissance. Elle serait aujourd’hui montrée du doigt comme l’exemple même d’un comportement parental fautif : âgée de quelques mois, je dors dans mon berceau en compagnie d’une chatte couchée sur mes pieds. Certes, il ne s’agit pas d’une chatte quelconque, mais de Caroline qui a « gardé » la maison familiale désertée, rive droite de la Sèvre Niortaise à Marans, lorsque mon père était prisonnier de guerre en Allemagne et ma mère « évacuée » en Vendée. Une si bonne gardienne (la maison fut retrouvée intacte) ne pouvait que protéger un nourrisson. De ce lien originel avec Caroline, je n’ai aucun souvenir personnel, sinon sous forme de l’histoire racontée par mes parents et attestée par la photographie, ce qui n’interdit pas le travail souterrain des impressions sensorielles enfouies.
Les images suivantes, non photographiques, datent de mes quatre ou cinq ans et demeurent toujours vives en ma mémoire :
• Un énorme coq blanc échappé de la basse-cour familiale pourchasse la petite fille que je suis. Je tombe et je hurle.
• Une p...
QUAND PASSE LE VENT DE L’ESPRIT
CHRISTUS N°242
-
Annie WELLENS

Saint Bernard, dans son troisième Sermon pour la Pentecôte, déplore que, trop souvent, nos « étroitesses » nous suffisent et que nous ne fassions aucun effort, même pas celui du désir, « pour respirer dans cette liberté » offerte par l’Esprit. Ce n’est pas le cas de Françoise Callerot et d’Étienne Baudry, tous deux cisterciens, qui nous apportent la preuve, de la première à la dernière page de ce livre, que lecture studieuse, recherche historique et méditation spirituelle peuvent dialoguer de manière libre et féconde, pour autant que les textes initiaux soient respectés. Leur enthousiasme est communicatif, car ils nous font participer au dynamisme de leurs découvertes, n’hésitant pas à convoquer avec reconnaissance d’autres commentateurs qu’eux-mêmes (Joël Chauvelot, Philippe Nouzille ou Bernard-Joseph Samain), et risquant des hypothèses sur la manière dont se sont construits les trois sermons : la conversion à l’œuvre dans le premier, la mise en place des vertus théologales dans le deuxième et la tension vers la réalisation eschatologique dans le troisième. Sans pour autant enfermer la théologie de Bernard dans des catégories figées, comme le prouve la qualificat...
L'ESPACE INTÉRIEUR
CHRISTUS N°247
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Annie WELLENS

En guide expérimenté des multiples manières de « se figurer » l’intériorité de l’homme – l’âme selon les Anciens, la conscience selon les Modernes – Jean-Louis Chrétien invite ses lecteurs à cheminer de « la chambre du coeur » au « temple de l’Esprit », à visiter les « demeures de l’âme » sous forme de « maison, château, appartements », le soi supposant toujours un « chez soi » à la fois déjà là et à construire. La diversité de ces bâtiments et le foisonnement de leurs descriptions incitent à tourner les pages avec gourmandise comme on tournerait celles d’un livre d’images. Attitude que ne rejetterait pas Origène qui médita longuement le verset 7 du psaume 38 de la Septante : « C’est dans l’image que chemine l’homme. » Mais il s’agit, pour lui et pour bien d’autres Pères de l’Église, d’images actives, émanant des profondeurs de l’homme, non sans retentissement sur le monde. Origène conseille vivement de « scruter nos actions une à une, et nous examiner nous-mêmes : par cet acte ou cette parole, est-il peint en notre âme une image céleste ou une image terrestre ? » Augustin n&rs...
LE RIRE SALUTAIRE
CHRISTUS N°251
-
Annie WELLENS
Trois significations sont attribuées à l’adjectif « salutaire » selon les sources du CNRTL1. La première?: qui aide à conserver ou à rétablir un bon état physique ou moral?; qui est nécessaire pour garder un bon équilibre. L’un des emplois littéraires cités m’enchante?: « Elle faisait toujours garder pour moi une bouteille de ce célèbre vin de Bordeaux, si salutaire à mon estomac. » (Taine, Notes sur Paris, 1867, p. 341). Le deuxième sens?: qui est bénéfique, profitable, utile à la conduite, au comportement de quelqu’un ou à l’évolution de quelque chose. Et le troisième?: qui est propre à assurer le bonheur éternel, le salut de l’âme. Le dictionnaire Le Littré, à propos de cette dernière définition, cite le début du psaume 24, extrait des Psaumes du bréviaire romain traduits par « le Grand Corneille », dramaturge et poète?: « Élevons avec joie et nos cœurs et nos voix / Au vrai Dieu, notre Salutaire. » Cette triple définition ne m’apparaît pas comme progressant de la plus triviale à la plus haute, mais j’y reconnais en filigrane la relation créatrice et salvatrice qui unit le Très-Haut avec l’humanité. « Qui offre le sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire?: sur le chemin qu’il aura pris, je lui ferai voir le salut de Dieu », chante de nos jours le psaume 50 (49), 23, dans la traduction liturgique. Reconnu ou non, « Notre Salutaire » nous accompagne donc sur les chemins de l’hilarité que nous prenons, ou, bien plus souvent, qui nous prennent heureusement au dé...
PETIT RECUEIL ASCÉTIQUE
CHRISTUS N°253
-
Annie WELLENS

Abbaye de Bellefontaine, coll. « Spiritualité orientale », n° 91, 2013, 416 p., 29,90 €.
En 355, Basile revient de ses études à Athènes et arrive à Césarée, en Cappadoce. Un an plus tard, Grégoire de Nazianze revient à son tour d'Athènes et rejoint le domaine où vivent ses parents, en Cappadoce également. Les deux amis entrent alors dans la vie ascétique solitaire, ce qui ne va pas sans malaise pour Basile qui se compare à un navigateur atteint par le mal de mer : « Tel est un peu notre cas : transportant avec nous nos passions intimes, nous éprouvons en tout lieu les mêmes troubles, au point de n'avoir pas tiré profit de cette solitude », écrit-il à Grégoire, avec lequel il espérait partager ce retrait du monde. Ils se rendront seulement visite, non sans alterner ensuite les critiques sur le lieu de vie de l'autre : « Vais-je admirer ta tanière du Pont […], ce "trou à rat" décoré des noms pompeux de "centre de méditation", de "monastère" et d'"école" ? », répond Grégoire à Basile dont la lettre mordante, à en juger par la réponse du destinataire, est malheureusement perdue.
Des années plus tard, Basile écrira dans le Grand...
LE VERTIGE DIVIN
CHRISTUS N°256
-
Annie WELLENS

Invitation au voyage en Syrie, Palestine et Mésopotamie, mise en situation et en perspective des personnages, le préambule de ce vertige divin sonne comme une composition de lieu, chère à Ignace. Très vite, nous sommes invités à regarder vers les hauteurs pour contempler les stylites sur leurs colonnes, en goûtant les récits que nous distille Philippe Henne à partir de six hagiographies dont il a étudié avec rigueur les sources et la transmission. Deux autres précieux documents sont étudiés à la fin de l'ouvrage, rédigés par « deux stylites non vénérés comme des saints », celui de « Josué le stylite ou le stylite chroniqueur », au début du VIe siècle, qui porte sur l'histoire de son temps un regard de théologien, et celui de « Serge le controversiste ou la polémique avec les Juifs », au VIIIe siècle, qui va de l'écrasement de l'adversaire juif au dialogue qui le pousse à reconnaître ses torts, non sans intransigeance de la part de Serge. Henne, dominicain, ancien chercheur à l'Université de Fribourg (Suisse) et à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, actuellement professeur de patrologie à l'Université catholique...
CATHERINE DE SIENNE, D'ANDRÉ VAUCHEZ
CHRISTUS N°264
-
Annie WELLENS

Des cercles d'interprétation et de compréhension qui vont s'élargissant à partir des données de base dont nous disposons, ainsi progresse le travail du médiéviste André Vauchez sur la « biographie historique et spirituelle » de Catherine de Sienne. Pour retracer ce parcours singulier, André Vauchez décrypte les textes de ses hagiographes (les dominicains Raymond de Capoue et Tommaso Caffarini), les œuvres de Catherine (Le dialogue, les Lettres, les Oraisons) et les différentes manières dont sa figure a été traitée ou maltraitée au cours des siècles suivants. Dans le but de faire reconnaître la sainteté de Catherine, Raymond de Capoue met l'accent sur les services qu'elle a rendus à l'Église alors que Tommaso Caffarini insiste sur sa vie mystique authentifiée par la réception des stigmates. Par ailleurs, l'un et l'autre ont cherché à « atténuer ce qu'il pouvait y avoir d'atypique dans son personnage ». Autant de raisons qui entraînent André Vauchez « à la recherche de Catherine » qu'il nous fait découvrir comme « une personnalité transgressive, sinon problématique pour des hommes et des femmes du XXIe siècle », si l'on se contente d'en rester à...
LE DISCERNEMENT SPIRTITUEL À TRAVERS LES ÂGES DE MARIETTE CANÉVET
21 OCTOBRE 2019
-
Annie WELLENS

L'alliance de la rigueur historique et de l'intelligence spirituelle fait merveille dans ce livre qui nous offre, non pas un froid déroulé chronologique, mais un chaleureux repérage des périodes-clefs marquant une évolution du discernement spirituel chrétien. C'est une joie de suivre l'auteur, spécialiste des Pères de l'Eglise et particulièrement de Philon d'Alexandrie, tant dans le décryptage des mots auxquels nous sommes parfois trop habitués, tels que discernement du bien et du mal, discernement des esprits, tentation, loi naturelle, conscience, libre arbitre. Ces appellations sont saisies au vif de l'histoire des fondateurs et de leurs disciples en Orient, puis en Occident. La question du discernement ne s'est vraiment posée qu'après le temps des persécutions, quand le christianisme a pris sa place dans la société : Le but n'est plus seulement de se détourner du mal moral mais de devenir « homme de Dieu »[...] Cet acte ne relève plus seulement de la raison, mais aussi de la foi. Les critères changent aussi inévitablement de nature puisqu'ils vont caractériser non la bonté de l'acte objectif mais la qualité du rapport de l'homme à Dieu.
Dans la première moitié du III ème siècle, Origène, héritier lui-...
HILDEGARDE DE BINGEN
CHRISTUS N°265
-
Annie WELLENS

Salvator, 2018, 188 p., 19,90 €.
Le rythme de la Liturgie des heures ponctue l'ouverture des sept chapitres dévoilant au lecteur les étapes de la vie de Hildegarde de Bingen (1098-1179), mystique, femme de lettres, musicienne, abbesse de monastère au rayonnement intense. L'auteur précise d'emblée le « parti pris » de son travail : non pas « actualiser » Hildegarde mais « la comprendre à travers le monde qui était le sien », dont les affrontements souvent violents, au sein de l'Église, entre pouvoir spirituel et pouvoir temporel. Il analyse les « miroirs déformants » qui, au fil des siècles, en ont fait « la sibylle du Rhin » annonçant la fin du monde ou un « médecin inspiré par Dieu », sans compter certaines interprétations féministes contemporaines. Puisant avec reconnaissance aux sources des travaux universitaires sans dédaigner celles des hagiographies, mettant les unes et les autres à leur juste place, Daniel Elouard dessine avec une sobriété respectueuse le portrait de cette femme étonnante. Elle témoigne d'une grande liberté dans l'exercice de ses charges, en quittant, par exemple, le monastère où elle vécut quarante ans pour fonder le sien, o...
LE SERVITEUR DÉFIGURÉ
CHRISTUS N°250HS
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Annie WELLENS
« De même que des multitudes avaient été saisies d'épouvante à sa vue,car il n'avait plus figure humaine,et son apparence n'était plus celle d'un homme… » (Is 52,14).Le peuple d'Israël, en exil à Babylone, se reconnaît à travers les mots du Second Isaïe. Ces mots brûlent le cœur des plus fidèles, ceux qui continuent de croire en l'alliance, malgré les heures sombres de leur histoire. Six siècles plus tard, ce même texte prend une densité nouvelle à mesure que Jésus avance vers la certitude de sa Passion. Les auteurs du Nouveau Testament, aussi bien les évangélistes que Paul, soulignent, par des références fréquentes à Isaïe (en le citant ou en s'inspirant de sa pensée), l'identification qui s'est faite entre Jésus et le Serviteur souffrant. Cette identification n'est pas obéissance à un modèle, mais rencontre, au plus profond, d'une expérience de vie, celle de Jésus, et d'une tradition, celle d'Israël, dont Jésus est nourri. Par lui, le Serviteur souffrant accède à une autre dimension ; sa passion en devient l'exégèse.Jésus a vécu la laideur déshumanisanteLe texte d'Isaïe insiste sur l'aspect défiguré du Serviteur, défigur&eac...