André Louf

VEILLEUR, OÙ EN EST LA NUIT ?
CHRISTUS N°200
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André Louf
Lors du premier Synode, réuni par Paul VI dans la mouvance du Concile qui venait de se clôturer, un Message de religieux contemplatifs fut lu, à la fin de la session du 8 octobre 1967, par Mgr Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg 1. Celui-ci avait sans doute été .choisi parce que son diocèse totalisait un nombre impressionnant de monastères contemplatifs. Bien que, dans son introduction, le document semble insinuer que l'initiative revenait à « un groupe de moines contemplatifs », c'est en réalité Paul VI lui-même qui, le premier, en avait eu l'idée et avait chargé son secrétaire particulier, Mgr Macchi, de trouver quelques plumes bénévoles. Crayon en mains, le pape en avait ensuite surveillé la première ébauche. Les contemplatifs, experts en athéisme ? Paul VI attendait des moines qu'ils « rendent témoignage » de la possibilité d'une véritable « expérience » de Dieu, alors que le monde moderne sécularisé semblait la contester et que même « certains chrétiens (...) allaient jusqu'à mettre en doute la possibilité d'atteindre le Dieu transcendant qui s'est révélé aux hommes ». Non pas, pensent les auteurs, que les moines aient un privilège particulier...
Mots clés : Athéisme Combat spirituel Discernement Epreuve Espérance Foi Miséricorde Souffrance Spiritualité monastique Tentation
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VIOLENCE CHEZ LES MOINES ?
CHRISTUS N°192
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André Louf
Les moines ne se sont jamais senti à l'aise avec la violence. Celle-d à la fois les attire et les trouble. Comment ne pas la constater autour de soi, et être tenté de s'en défendre ou de répliquer ? L'ambiguïté qui s'y attache remonte à des paroles de Jésus, dont l'interprétation n'a jamais fait l'unanimité — preuve supplémentaire de l'équivoque qu'elles peuvent entretenir : « Le Royaume des deux souffre violence et des violents s'en emparent » (Mt 11,12 ; cf. Le 16,16). Pourtant, ni les Béatitudes ni le Discours sur la mission ne font allusion à une telle violence liée à la proclamation de l'évangile. Au contraire, c'est comme des agneaux au milieu des loups, dépouillés des commodités d'une publicité efficace, que les disciples sont envoyé prêcher, et ce n'est même pas du pouvoir qu'ils exercent sur les esprits qu'ils pourront se réjouir, mais de savoir leurs noms inscrits dans les deux (Le 10,3.17s). De même, saint Paul, pourtant si fier de ses succès, ne les attribue pas à son savoir-faire mais à la grâce de Dieu qui l'accompagne (1 Co 15,10), et ce n'est pas une hymne à la force qu'il entonne, mais une hymne à la faiblesse dans laquelle, par un brillant exercice littéraire, force et faiblesse sont à tel point assimilées l'une à l'autre que la première semble disparaître derrière la seconde : « La force se déploie dans la faiblesse », et, plus provocateur encore : « Lorsque je suis faible, je suis fort » (2 Co 12,9-10). Excès de l'autorité A l'intérieur de la vie monas...
Mots clés : Eglise Grâce Guérison Violence
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À L'ÉCOLE DES PSAUMES
CHRISTUS N°266HS
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André Louf
La prière chrétienne ne naît pas d'abord du besoin que l'homme éprouverait de s'adresser à Dieu. Elle vient plutôt de ce qu'un jour, Dieu s'est adressé à l'homme. Cette parole de Dieu à l'homme commande toute prière. Dieu prend l'initiative. À l'homme de se rendre attentif et d'accueillir dans la joie et l'action de grâces.Or, l'Écriture l'atteste, Dieu « a fréquemment parlé aux hommes, et de multiples manières » (Hébreux 1,1). Mais il ne s'est pas contenté de prononcer et d'inspirer les paroles qu'il voulait dire aux hommes. Il a lui-même formulé les paroles qu'il voulait entendre de leur part lorsque ceux-ci répondraient à son interpellation. C'est là ce que signifie la présence de la prière des psaumes dans la Bible canonique.Ceci pourrait étonner à première vue. La prière n'est-elle pas essentiellement cette parole que l'homme adresse à Dieu ? Mais cette prière, du fait qu'elle appartient aux Écritures, semble avoir été reconnue principalement comme une parole de Dieu, une parole que lui-même a déposée dans le cœur et sur les lèvres de l'homme. Chrétiens et Juifs disposent ainsi d'une école et d'une méthode de prière qui leur viennent directement de l'E...