Dans le judaïsme, la demande de pardon et le pardon accordé visent à obtenir la levée de tout ce qui pèse sur soi et empêche d'être vivant. L'inquiétude demeure car il ne s'agit pas tant de chercher à avoir la paix, à se concilier les bonnes grâces du Créateur, que de viser à faire la paix et aviver l'alliance qui relie aux créatures et seulement ainsi au Créateur.
Cet article a été préalablement publié sur le site Massorti, le 13 novembre 2008 (www.massorti.com/Le-pardon-dans-le-judaisme).

C'est donc, ce soir, le commencement du jour du grand pardon. Nous commençons ce jour, comme tous les autres d'ailleurs, par la nuit, ce qui est aussi un enseignement qu'il convient de méditer : le jour émerge de la nuit qui, depuis la Genèse, en porte la promesse. Nul ne peut jouir de la clarté du jour sans traverser la nuit, avec confiance, malgré les souffrances qui, trop souvent, la font ressembler aux ténèbres et en dépit des nombreuses associations négatives que les hommes font peser sur la nuit. N'est-elle pas considérée comme le symbole de l'ignorance et des préjugés par ceux qui célèbrent les Lumières, comme celui du péché et du deuil par ceux qui ne perçoivent plus la moindre lueur d'espoir ?

Mais, précisément, la Torah enseigne à voir en elle, dans son obscurité, la promesse du jour. Dès lors, même quand il nous semble être dans une nuit sans issue (pour ce soir, ce sera celle du péché, celui que nous faisons, celui que nous subissons), il s'agit pour nous d'espérer encore l'issue du jour, en l'occurrence celui du pardon – celui que nous recevons, celui que nous accordons – et c'est ce que je voudrais méditer avec vous.

La dernière Mishna du traité talmudique Yoma (85b) enseigne que Yom Kippour a la force propre de « recouvrir » (mékapper) les fautes commises par un homme à l'égard de Dieu (laMaqom) tandis qu'il n'en est pas ainsi pour celles commises à l'égard de son prochain (lehavero). Yom Kippour n'a pas la force propre de « recouvrir » ces fautes-là, sauf si, au préalable, ce prochain y consent (iératsé).

Il semble donc, à méditer cette Mishna, que le jeûne et les prières de Yom Kippour, les demandes de pardon qu'on y expose et les engagements qu'on y prend, dans notre solitude et dans notre proximité à toute la communauté d'Israël, sont suffisants pour réduire la distance qui nous sépare de Dieu. C'est là, en effet, le sens des fautes à Son égard, elles accroissent et approfondissent cette distance, au point même que, parfois, on en perd la conscience, ce qui, évidemment, est le pire. La repentance (techouva) manifeste notre désir de nous rapprocher de Lui, de retourner à Lui. Dès lors, si on peut compter comme faute, à l'égard de Dieu, l'oubli de la Torah et du Shabbat, le culte de l'argent (mammon) ou d'autres idoles, mais aussi le sentiment de désespo...


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