Le 15 octobre 1933, jour de la fête de sainte Thérèse d'Avila, Madeleine Delbrêl arrivait avec deux compagnes à Ivry-sur-Seine. Elle devait y rester jusqu'à sa mort, en 1964. Le groupe que ces jeunes filles avaient fondé s'appelait « la Charité de Jésus ». Elles étaient guidées spirituellement par un prêtre de Paris, Jacques Lorenzo, vicaire à la paroisse Saint-Dominique, où elles étaient engagées dans le scoutisme. D'autres vinrent les rejoindre, ce qui leur permit de s'implanter en plusieurs régions de France et même plus tard en Afrique, mais elles ne dépassèrent jamais la vingtaine. Malgré cette dimension modeste, le rayonnement spirituel de Madeleine Delbrêl, responsable du groupe, et la trace que les membres de l'équipe d'Ivry ont laissée dans cette ville marquée par le communisme ont donné à leur expérience une ampleur considérable ; en témoignent aujourd'hui l'intérêt grandissant pour les écrits de Madeleine, non seulement en France, mais aussi à l'étranger, ainsi que les nombreuses études sur la pensée spirituelle de cette mystique missionnaire et sur les liens de cette entreprise avec le mouvement missionnaire qui animait la France à cette époque.
C'est précisément dans ce cadre que se situent ces quelques pages. Elles voudraient attirer l'attention sur ce que ces jeunes femmes, laïques, ont voulu réaliser en vivant l'Evangile au milieu des incroyants et des pauvres. Quelle était l'intuition fondamentale qui inspirait leur