Le Campus de la Transition, créé en janvier 2018, a pour objectif de proposer un mode nouveau de formation de qualité qui soit à la hauteur des enjeux écologiques et qui s’appuie sur une pédagogie impliquant la tête mais aussi les mains afin de toucher les cœurs !

Nantes, 30 novembre 2018. Une soirée de remise de diplômes comme il en existe tant d’autres en France et dans le monde : une scène, de jeunes femmes et jeunes hommes sur leur trente-et-un, un public fier et heureux, un maître de cérémonie… Jusqu’ici tout est « normal ». Un des étudiants, Clément Choisne, s’avance pour le discours d’usage. Mais voilà que son propos sort de la « normale »1. Après avoir cité Albert Camus, Clément continue : « Comme bon nombre de mes camarades, alors que la situation climatique et les inégalités de notre société ne cessent de s’aggraver, que le Giec pleure et que les êtres se meurent, je suis perdu. Incapable de me reconnaître dans la promesse d’une vie de cadre supérieur en rouage essentiel d’un système capitaliste de surconsommation. »

Coup de blues d’un étudiant anticonformiste ? Non. En réalité Clément met en scène ce que toute une génération d’étudiants dans le Supérieur pense largement. En trois minutes à l’oral, il reprend la dynamique de fond qui anime le Manifeste étudiant pour un réveil écologique, lancé à la rentrée 2018 et qui a été rapidement signé par plus de 25 000 étudiants en France2. Clément n’est donc pas un cas isolé, et le discours qu’il prononce ne date pas de quelques semaines. Depuis une bonne dizaine d’années, il se fraie un chemin et se généralise au fur et à mesure que nos sociétés se désolidarisent et échouent à transformer leurs grands discours écologiques et sociaux en actes concrets et significatifs. « Perdu, […] je m’interroge sur le monde et le système que nous soutenons, je doute et je m’écarte » : cet appel lancé par Clément et sa génération demande une