Comment les chrétiens ne seraient-ils pas séduits ? Si cette nébuleuse du développement personnel, dans laquelle s’illustrent pratiques, théories, philosophies et spiritualités, correspond bien à la sensibilité de l’époque, elle en révèle certains des traits les plus vivants. Il y a de l’élan dans cette mouvance et cet élan nous plaît. Au-delà de l’efficacité qu’en escomptent entreprises et organisations, elle témoigne au niveau des individus d’un engagement et d’une recherche active. Dans cette volonté de se prendre en main se reconnaît le goût de vivre, et de vivre d’une bonne et belle vie. Ce n’est pas rien : résistance à la morosité et au défaitisme, résilience, désir de s’améliorer, d’être en harmonie avec les autres, espoir d’être reconnu et même heureux, le tout à partir d’une connaissance de ses fragilités. Le tableau ne peut laisser indifférent.
Mais, à l’inverse, comment les chrétiens ne seraient-ils pas sur une certaine défensive, en tout cas hésitants ? Personnel, trop personnel pour être honnête, ce développement ! L’ego n’est-il pas déjà suffisamment valorisé dans la société contemporaine ? Est-il besoin d’en rajouter ? L’élan, la course à la performance professionnelle ou sportive ? Pourquoi pas. Le développement de toutes ses capacités ? Oui, certainement. Donner plus, toujours plus, à commencer par le service de Dieu et des autres ? Sans doute : en d’autres temps, saint Paul parle bien des « athlètes de Dieu »...
Ne savez-vous pas que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu’un seul gagne le prix ? Cours donc de manière à le remporter. Tous les athlètes s’imposent une ascèse rigoureuse : eux, c’est pour une couronne périssable ; nous, pour une couronne impérissable. (1 Co 9,25)

Voici qui rend l’objection facile : la quête est tout autre, l’objectif n’est pas le même.