Mais, à l’inverse, comment les chrétiens ne seraient-ils pas sur une certaine défensive, en tout cas hésitants ? Personnel, trop personnel pour être honnête, ce développement ! L’ego n’est-il pas déjà suffisamment valorisé dans la société contemporaine ? Est-il besoin d’en rajouter ? L’élan, la course à la performance professionnelle ou sportive ? Pourquoi pas. Le développement de toutes ses capacités ? Oui, certainement. Donner plus, toujours plus, à commencer par le service de Dieu et des autres ? Sans doute : en d’autres temps, saint Paul parle bien des « athlètes de Dieu »...
Ne savez-vous pas que les coureurs dans le stade courent tous, mais qu’un seul gagne le prix ? Cours donc de manière à le remporter. Tous les athlètes s’imposent une ascèse rigoureuse : eux, c’est pour une couronne périssable ; nous, pour une couronne impérissable. (1 Co 9,25)
Voici qui rend l’objection facile : la quête est tout autre, l’objectif n’est pas le même. Ne mélangeons pas tout !
On est là en présence d’un phénomène d'attraction – répulsion tout instinctif et fort schématique. Pour en sortir, il semble qu’on doive s’interroger plus avant. Tout nous y pousse : d’abord parce que les parcours individuels de nombreux chrétiens, notamment dans les jeunes générations, passent bien par la case du « développement personnel » ; ensuite parce que l’engagement dans la foi cherche lui-même ses voies d’amélioration, de ténacité, ses voies de passage dans un contexte aujourd’hui largement indifférent. Il ne suffit pas de bonne volonté pour tenir dans la foi, n’y faut-il pas aussi un savoir-faire et des capacités d’endurance ?
La chambre d’échos
S’il est une chose sur laquelle on doit s’arrêter, c’est bien sur la résonance en nous de la terminologie : celle du développement personnel et celle du langage de la foi. Cette terminologie concerne à la fois la théorie et les témoignages. Autour de chaque mot, en effet, rayonnent des impressions, affects, symboles, enchaînements logiques : d’une certaine façon, chaque mot transporte un univers. Et l’on doit reconnaître...
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