Trad. J.-P. Bagot et E. Genêt. Desclée de Brouwer, 2000, 158 p., 92 F.

Le jésuite indien bien connu publie ici une série de conférences qui exposent sa vision chrétienne intégrative des valeurs de l'indianité : l'hindouisme et le boudhisme. Décrivant le chemin spirituel comme quête de la plénitude, expérience résolue et persévérante de vivre en Dieu présence, relations, engagements, il y trouve la joie et l'accomplissement plénier.
Son regard est essentiellement positif, au point qu'on pourrait se demander s'il n'y a point là éclectisme ou syncrétisme... Mais non. Parmi les différentes voies hindouistes, il choisit, de façon tout ignatienne, celle de l'action pour intégrer les autres dimensions de la dévotion, de l'intuition et de la discipline. Fidèle à la vision non dualiste de l'advaita, il voit l'agir humain comme l'expression de l'agir cosmique de Dieu. Le dharma, l'« action juste », sera l'élimination de l'égoïsme et la lutte contre les pesanteurs personnelles et sociales exprimables en terme de karma ou de péché.
La visée du père Amaladoss est bien de « voir Dieu en tout et tout en Dieu ». Il insiste sur les dimensions personnelles et symboliques (sacramentelles) d'une existence suspendue au Dieu Trinité et à Celui qui s'est manifesté dans la condition humaine. Le Jésus de l'Evangile apparaît peu : on n'est pas très loin de la sensibilité d'un Teilhard, d'un Gandhi ou d'un Tagore. L'effort de prise de conscience (le Sadhand) ne va pas aux questions spéculatives, mais au sens de la vie comme jeu divin qui conduit à la plénitude de la communion
Cette quête rigoureuse, ouverte, convient à notre XXI' siècle : l'humanité disloquée, secouée socialement et moralement, ne cherche-t-elle pas un chemin de réintégration dans l'harmonie et l'unité vivante des différences ?