« La grâce est partout comme fin la plus profonde du monde et de l'histoire humaine, greffée par Dieu préalablement sur le monde et l'histoire (. ) La grâce est l'ouverture globale et radicale de l'entière conscience humaine vers Dieu (...) ; la grâce ne se manifeste pas ponctuellement ici et là dans le monde, par ailleurs profane, qui existerait sans cette grâce. (. ) Dieu est le but du monde spirituel, en ce sens que, du centre le plus intime de ce monde, il est le moteur de ce mouvement vers lui-même (.. ), et lorsque ce mouvement du monde spirituel qui part de son centre le plus profond devient radical, il y a grâce » 1.
Ces pages thématisent ce que l'on peut appeler une « mystique du quotidien » qui découvre l'existence humaine toute entière inscrite dans l'ordre de la grâce. La vie quotidienne, l'exercice de la responsabilité historique sont ainsi découvertes comme le lieu de réalisation de la vocation chrétienne à la sainteté, une sainteté qui peut être vécue sans quitter le terrain de l'engagement dans la société et du compagnonnage avec les frères et sœurs, de quelque tradition spirituelle ou religieuse qu'ils se réclament. Pour le dire dans les mots des slogans de la pastorale des années 60, « Dieu se laisse rencontrer dans la vie, dans l'histoire, et pas seulement dans les églises ». Mais cela peut se dire aussi dans les mots du poème de Patrice de La Tour du Pin, popularisé par sa mise en musique dans un cantique récent : « Tout homme est une histoire sacrée, l'homme est à l'image de Dieu. »Selon cette perspective, l'homme est une histoire sacrée qui comporte une structure fondamentalement, quoique anonymement, « christique », comme on peut encore le lire sous la plume de Rahner :
« Chaque fois que l'homme, unifié et libre, fait l'expérience de son existence et se risque, chaque fois qu'il s'impose plein d'espérance une tâche en fait trop exigeante pour lui, pour laquelle il ne peut trouver de justification à l...
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