Veiller : c'est peut-être le plus difficile à vivre en notre temps où chacun voudrait acquérir « tout, tout de suite », y compris l'amour. Car veiller demande grande modestie et patience. Veiller, c'est ne pas obtenir encore, c'est parfois « durer » dans la nuit et le doute. C'est ne jamais renoncer, même si, à l'image de ceux qui s'aiment, on en vient à s'en prendre directement à celui qu'il nous a été donné d'entrevoir au fond du cœur, sans jamais le posséder : « Ah ! serais-tu pour moi comme un ruisseau trompeur aux eaux décevantes ? […] Tu m'as séduit, Yhwh, et je me suis laissé séduire ; tu m'as maîtrisé : tu as été le plus fort » (Jérémie 15,18 ; 20,7). « Où t'es-tu caché, ami ? », chantera Jean de la Croix en commentant le Cantique des cantiques. « Je sais… mais c'est de nuit. »

Veiller, c'est continuer à creuser le désir et la place, en nous-mêmes et dans toute notre vie, pour l'ami dont nous savons qu'il vient. C'est aussi continuer à marcher dans l'existence avec ses frères et sœur en humanité, comme un pèlerin et chercheur de Dieu.

« On t'a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Yhwh réclame de toi : rien d'autre que d'accomplir la justice, d'aimer avec tendresse et de marcher humblement avec ton Dieu » (Michée 6,8).