Depuis ma naissance, comme chacun d’entre nous, j’ai eu besoin des soignants : j’en ai rencontré à tout âge pour moi-même, puis pour mes enfants. Mais c’est surtout à partir du moment où j’ai été envoyée en mission ecclésiale dans le monde de la santé que je les ai côtoyés avec intensité.
En pensant à leur spiritualité propre, le premier mot qui me vient à l’esprit est « pudeur ». En effet, surtout en établissement de santé public – dans un cadre de respect de la laïcité –, rares sont les personnes qui osent parler de leurs valeurs spirituelles et surtout religieuses.

Accompagner la souffrance en maternité

En 1991, à la suite d’une mutation professionnelle de mon mari à Lille, j’ai été nommée responsable de l’équipe d’aumônerie catholique à la maternité du CHRU. L’accueil d’une nouvelle vie s’y produit plus de 4500 fois par an. Pour la majorité des cas, c’est l’occasion d’un grand bonheur.
Les visites d’aumônerie ont lieu l’après-midi en même temps que celles des familles. La règle est de sortir de la chambre lorsqu’entre un soignant. J’ai donc eu peu de contact avec eux les premiers temps. Mais, dès les premiers mois, j’ai été confrontée au deuil périnatal. En effet, en ces lieux d’accueil de la vie naissante, le suivi des grossesses, en particulier pour des femmes et des couples qui rencontrent des difficultés, peut révéler des risques de décès accidentels ou des pathologies qui conduisent à la mort du fœtus ou bien à une décision