La proposition de développement personnel, faite à l’homme d’aujourd’hui, avance en territoire conquis. Personne ne peut réfuter qu’elle répond à un authentique besoin. Du point de vue de l’offre et de la demande, c’est sans conteste. Est-ce pour autant une bonne réponse ? Pour juger de sa pertinence, il faudrait retrouver l’énoncé de la vraie question qui a donné naissance à ce nouveau besoin. Quête d’une vraie question qui, à son tour, nous incite à nous interroger sur cette expression de besoin de l’homme d’aujourd’hui.


Développer notre identité ou bien plutôt la révéler ?


Qui suis-je ?

Tout propos qui touche de près ou de loin à la psychologie s’inspire d’une certaine conception de l’homme. On parlera d’un profil anthropologique. Il me semble que le point de départ de l’idée d’un développement nécessaire s’appuie sur l’hypothèse a minima d’une certaine consistance du moi. Pour qu’il y ait développement, il faut s’assurer de la présence d’une identité – certes inachevée, d’où l’idée même de développement – mais en attente d’un possible perfectionnement.
Or ce fameux moi demeure une hypothèse bien embarrassante, à tel point que certains philosophes ou psychanalystes le récusent ou discutent de son existence. La question ne date pas d’aujourd’hui. Freud et ses disciples n’auront de cesse de revoir à la baisse les prérogatives d’un moi qui se réduit à une véritable peau de chagrin au fur et à mesure des théories qui se succèdent. Elles contribuent aux doutes quant à la certitude d’une identité à développer… Déjà délogé de son propre logis par les instances du çà et du sur-moi, qui lui mènent la vie dure, le moi deviendra suspect au point qu’on parlera avec les lacaniens du sujet de l’inconscient ou du parlêtre. Ce qui reste du moi, et on parlera davantage du je, devient alors