Il est assez traditionnel de présenter les différents instituts 1 en s'attachant au moment de leurs fondations et de montrer comment celles-ci, voulues par Dieu, ont été des réponses appropriées, voire prophétiques, à des questions qui se posaient dans l'Eglise ou la société. Cette approche ne manque pas d'intérêt, mais elle risque de faire oublier, comme l'a rappelé Jean-Paul II, « que la vie consacrée n'a pas seulement joué dans le passé un rôle d'aide et de soutien pour l'Eglise, mais qu'elle est encore un don précieux et nécessaire pour le présent et pour l'avenir du peuple de Dieu, parce qu'elle appartient de manière intime à sa vie, à sa sainteté et à sa mission » 2.
Les instituts au sein d'une Eglise locale
Selon Paul Ricoeur, tout corps social est régi par deux fonctions primordiales dont l'une a pour visée l'intégration et l'autre l'innovation 3.
Ceci se retrouve au sein de l'Eglise locale qui est, comme on le sait, l'Eglise universelle en un lieu, mais aussi une communauté de communautés. Au concile Vatican II, ces deux logiques de l'Esprit ont été qualifiées de hiérarchique et de charismatique (cf. Lumen gentium, n° 4), mais aujourd'hui, pour éviter toute ambiguïté, on préfère les nommer pastorale et associative.
Il va de soi que toutes les communautés chrétiennes existant dans une Eglise locale reconnaissent le prélat du lieu comme leur évêque, mais que les liens qui les unissent à lui ne sont pas les mêmes. Relevant de la logique pastorale, sont les communautés de rassemblement ; qu'on les appelle paroisses ou « communautés locales » 4, elles dépendent directement de l'évêque. Quant aux communautés associatives, elles ne reçoivent pas directement leur mission du prélat mais attendent de lui qu'il les « confirme » en les assurant qu'elles sont bien de l'Eglise et vivent profondément de l'Evangile. Remarquons que cette distinction ne peut pas être entendue comme une séparation, voire une opposition, car les chrétiens sont « appelés » à former un seul Corps, fût-ce de manière différenciée.
Lors des débats qui précédèrent la publication du Code (1983), certains canonistes — et non des moindres — proposèrent de rassembler sous un même « titre » les instituts religieux, les instituts séculiers, les sociétés de vie apostolique et les associations de fidèles. L'hypothèse n'a pas été retenue, et c'est bien dommage car elle aurait permis de donner un plan plus clair au livre II du Code, tout entier consacré au « peuple de Dieu ». Cette autre classification aurait sans doute aussi rendu plus aisée l'intégration des communautés nouvelles dans une perspective d'ensemble 5.
Quoi qu'il en soit, nous avons là une première indication en ce qui concerne les communautés associatives 6 où nous trouvons : les instituts religieux, l...
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