La revue Christus, à l'occasion de l'enquête qu'elle a faite sur la perception de la vie religieuse par ses lecteurs, a sollicité la Commission théologique de la CSM-CSMF pour un libre commentaire inspiré de ses résultats.
Nous avons travaillé sur le premier dépouillement de l'enquête fournie par la rédaction de Christus, qui nous a précisé que les 221 réponses reçues correspondaient peu ou prou au lectorat de la revue — familier de la spiritualité ignatienne —, et nous avons tenté de mettre les intuitions perceptibles dans ce dépouillement en corrélation avec notre propre expérience et réflexion. Nous n'avons donc aucunement la prétention de juger de l'enquête, mais plutôt d'y réagir, assez spontanément.
 

Des liens d'amitié


La question posée par l'enquête mérite qu'on s'y arrête : les religieux, vus par d'autres, ce n'est pas la même chose que les religieux vus par eux-mêmes. L'approche a l'avantage d'offrir un changement de point de vue par rapport à ce que des religieux peuvent dire. L'enjeu, très actuel, est celui de la communication. On devine derrière cela qu'une clé de compréhension de la vie religieuse, au-delà de la simple image, sera justement la rencontre.
En effet, un des fils conducteurs parcourant la lecture qui nous a été proposée des résultats de l'enquête est l'expérience de la rencontre, que l'on peut décliner sous deux formes : comme soutien spirituel ou comme simple amitié (les plus jeunes évoquant les religieux en termes de partenariat). La diversité des instituts et des charismes, qui semble parfois difficilement lisible, pourrait être éclairée par cette expérience. Tel ou telle, au contact de telle famille religieuse, va se sentir « chez lui ». Et cette rencontre peut réveiller en lui une façon de croire, d'aimer et d'espérer, qu'il portait mais ignorait. La rencontre, alors, a comme une fonction d'engendrement. Quant à l'amitié avec des religieux, elle est un cadeau partagé où s'inscrit en filigrane la figure du Christ ami des hommes. Or, en un temps où la solitude fait du mal à ceux qui la subissent, il se pourrait qu'en cultivant l'amitié le religieux aide à croire que c'est du côté de l'agapê que la vie de chacun prend sa source et sa force.


La vie spirituelle : gratuité et radicalité


L'enquête est très fortement marquée par la vie spirituelle : on attend beaucoup des religieux en ce sens. C'est intéressant, car il n'est pas certain que l'on aurait dit la même chose il y a cinquante ans. Peut-être alors aurait-on insisté sur les « oeuvres », d'enseignement ou de soin. Ce temps est révolu, nous le savons tous, et l'enquête vient le confirmer. La conséquence, c'est que le religieux ne peut plus se définir par ce qu'il fait, mais par ce qui a déterminé son geste : la gratuité et la radicalité. Il ne s'agit donc pas tant de penser le religieux comme un modèle, mai...

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