Chaque semaine, ils sont une quinzaine à se réunir au presbytère. Ils sont « l'équipe missionnée » pour animer ce lieu pastoral (Saint-Maurice, à Lille). Chaque année, cette équipe est partiellement renouvelée. Pour en faire partie, il faut y être appelé par les membres de l'équipe missionnée actuelle ou de l'année précédente. Il ne s'agit pas d'animer l'ensemble d'une paroisse, il s'agit essentiellement de l'animation d'une célébration du dimanche soir. Pourquoi se réunir à quinze pendant trois heures, chaque semaine ?

L'essentiel n'est pas de se réunir pour travailler. Il s'agit d'abord de partager un repas et de prendre le temps de prier avec le texte du dimanche suivant. Ce qui scelle leur lien, ce n'est donc pas l'animation du lieu, c'est une vie d'équipe, de prière, de convivialité, d'échanges informels autour d'un repas. La réunion vient à la fin, s'appuie sur ce qui a été partagé plus tôt. Cela doit compter pour la créativité, la confiance mutuelle et l'attention à tous ceux qui viendront célébrer dimanche. Une fois par mois, le temps du repas et celui de la prière sont ouverts à tous ceux qui le souhaitent.

Leur façon de prier avec l'Évangile du dimanche est toute simple. L'un d'eux, en s'y étant préparé, tente de dire ce qu'il ressent à l'écoute du texte. Ils appellent cela une résonance. Il s'agit de dire, avec le plus de simplicité possible, ce que le texte provoque concrètement chez celui qui résonne. Il est possible également de dire les incompréhensions et les difficultés qu'il suscite. Cette habitude leur vient d'une fraternité diocésaine dont l'équipe missionnée fait partie : la fraternité diocésaine des Parvis. Elle rassemble une centaine de laïcs engagés et bien plus de personnes plus ou moins proches qui tentent de vivre une vie chrétienne simple, présente au monde tel qu'il est, en étant sensibles aux intuitions de Madeleine Delbrêl et de Gaudium et Spes. Durant l'année, l'équipe passe trois week-ends ensemble. Le premier week-end est l'occasion pour les nouveaux missionnés de découvrir la charte de cette fraternité diocésaine et la personne de Madeleine Delbrêl.

Quand il y a des choses à mettre en place dans l'église, comme des petites scènes de théâtre à créer, des banderoles à préparer, une crèche à installer ou à fabriquer… ils se retrouvent à d'autres moments dans la semaine (le samedi ou une partie du dimanche après-midi). C'est donc très prenant. C'est tellement prenant qu'ils se disent en début d'année qu'il est autorisé, pour chacun, de lever le pied temporairement, à condition de le dire explicitement.

C'est aussi une équipe qui a choisi de ne pas tout faire. Il y a d'autres personnes qui s'occupent des chants et de la musique, qui préparent la prière universelle, les fleurs, le temps des enfants. Ils n'assurent pas non plus le service de la sacristie. En lien avec l'équipe missionnée et ce qu'elle impulse, il y aurait une cinquantaine de personnes réalisant tous ces services. Bref, l'équipe ne porte pas tout, c'est probablement pour cela qu'elle porte réellement ce lieu tout au long de l'année.

Au sein de l'équipe, il n'y a qu'une personne qui ait un rôle fixe et identifié. Il s'agit de celle chargée du lien avec une association travaillant auprès des migrants. Car le presbytère accueille toute l'année une famille mauricienne, venue en France pour permettre à leur enfant de recevoir des soins, et deux jeunes migrants qui suivent une scolarité. Elle accueille également plus ponctuellement un groupe de mineurs isolés et il faut alors coordonner tout un ensemble de petites choses à faire pour que tout cela se passe bien.

Pour qui vient célébrer le dimanche à Saint-Maurice, plusieurs choses le marqueront probablement. Il y a tout d'abord une atmosphère d'amitié. Bon nombre de personnes ne viennent pas que pour la messe : elles viennent également pour les amis qu'elles y retrouvent, pour discuter avant ou après la célébration. Souvent, le soir, il faut crier dans l'église : « On ferme ! », comme si beaucoup ne voulaient plus partir. Et puis, d'ailleurs, pendant l'accueil, un temps est pris pour saluer ses voisins, se présenter.

La messe se déroule les portes grandes ouvertes. Comme il s'agit d'une église ancienne et que les portes sont majestueuses, l'assemblée est accueillante à tout ce qui vit autour, dans ce quartier de Lille où se trouvent la gare et les principales rues commerçantes de l'agglomération.

Souvent les personnes qui découvrent ce lieu sont marquées par le rythme de la célébration : il y a du temps, de l'espace. Il y a aussi du silence : ça compte, juste après la proclamation de l'Évangile, par exemple. Avant d'entendre l'homélie, chacun peut entendre ce que le texte a produit en lui. Il y a du temps et du silence dans le déplacement de l'assemblée qui se dirige, après le temps de la parole, vers l'autel pour la suite de la célébration. Il y a également de l'espace quand, en réponse au geste du prêtre qui présente les offrandes, un laïc élève un plat où fume de l'encens. Dans cet espace, la prière eucharistique devient visiblement dialogale. C'est comme si toute l'assemblée disait : « Que ma vie, que ma prière du soir s'élève devant toi, Seigneur. » Parmi les offrandes, se trouve également un cahier où les personnes de passage ont pu dans la semaine écrire une prière, une demande… Si l'espace signifie le dialogue entre l'assemblée et le célébrant, il est donc ouvert et accueillant à d'autres.