Devant le nouveau-né en qui Dieu tout entier se fait l’un de nous, Ignace de Loyola nous invite en effet à goûter et accueillir la douceur et l’enthousiasme. Ou plus exactement la « suavité », ce vieux mot de la tradition spirituelle où se dit tout l’exquis, toute la joie, tout le goût à sentir, accueillir, partager la présence mystérieuse de Dieu parmi nous.

La douceur et l’enthousiasme nous viennent moins, comme nous le croyons souvent, de nos efforts et méthodes pour réagir positivement aux contraintes ou aux événements, que  par l’amitié et la familiarité, avec la connaissance intérieure de l’autre qu’elles engendrent. La manière dont quelqu’un de proche nous est intérieurement présent se manifeste à la transformation qu’il opère en nous,  et tel est le chemin choisi par Dieu pour demeurer parmi nous. La douceur et la joie sont les fruits de sa présence en nous.  Il habite en nous et nous transforme intérieurement, faisant ainsi, patiemment, de l’ouverture à l’autre et des liens fraternels, la réalité et le signe majeur de sa présence dans le monde. Mandela et François en sont des témoins éloquents, chacun à sa manière.

La présence amoureuse du Christ  en nous dissout l’enfermement de la colère et du ressentiment, qui le cède alors à cette tendresse qui se laisse toucher, à une écoute et une attention réaliste à l’autre, qui prend doucement possession de la terre et la transforme, la nôtre, intérieure, propre à chacun mais aussi la terre des hommes.
Les défenses tombent, l’aigreur de l’amertume ou de la déception cède  alors devant la « suavité »,  la joie qui donne goût  à rencontrer, partager, se réjouir et avancer ensemble le plus souvent dans l’inconfort et le combat, comme Jésus lui-même, mais avec enthousiasme.

Que cette année 2014 soit pour chacun de nous une année de croissance dans la familiarité du Christ, au bénéfice d’une vie fraternelle plus clémente et plus enthousiaste.