Pas un jour ne passe sans qu’un slogan attire notre attention, depuis un écran, un mur d’abribus ou un couloir de métro : « Tu le vaux bien ! », « Apprenez à vous affirmer », « Les meilleurs coaches sont ici… » Ou encore l’amie, le collègue ou le voisin vous affirme avoir enfin trouvé la méthode qui permet de gérer les difficultés avec son ado, son voisin, son collègue, son chien… ou son chef. Aujourd’hui, pour faire face à nos difficultés personnelles, pour préparer un changement professionnel, pour vivre mieux, plus efficacement, plus sereinement, il existe une foison de stages, de coaches, de tests, de méthodes et d’outils regroupés sous le vocable de « développement personnel ». Chacun est appelé à donner le meilleur de lui-même, à chercher à réaliser ses rêves, ou du moins ce qu’il porte en lui de possible. Et cela se fait simplement : il suffit de mieux se connaître pour repérer ses propres ressources, acquérir ce qu’il faut de connaissance pour gagner en savoir-être, et ainsi devenir un bon époux, un copain attentif, un collègue bienveillant et efficace. Là est le chemin de la réalisation de soi, de l’épanouissement personnel, du bonheur.

De nouvelles formes de bonheur ?

Il paraît légitime de s’intéresser à ces promesses de mieux être. Nouvelles capacités, liées aux découvertes des sciences humaines, mises à disposition du grand public pour que chacun puise dans des techniques autrefois réservées à quelques-uns ? Nouvelles formes de bonheur ? Ou nouveaux gourous ? Nouvelles escroqueries – d’autant plus difficiles à vivre qu’elles portent non seulement sur l’avoir mais aussi sur l’être ? On trouve sans doute de tout en matière de « développement personnel » et, s’il faut certainement se méfier des promesses illusoires, ces méthodes et outils, proposés par des formateurs, coaches et autres spécialistes dûment formés, permettent de s’approprier des propositions qui font leurs preuves dans des domaines de la sphère privée, du couple, de la famille, de la vie publique ou professionnelle. Cependant, une question se pose quant au bien-être supposé auquel mènent ces pratiques : ne conduisent-elles pas au repli de la personne sur elle-même, à des formes exagérées de narcissisme, délaissant alors le souci des autres pour le souci de soi ?
En France, depuis le début des années 2000, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en garde contre ces pratiques où abonderaient les charlatans et autres gourous du XXIe siècle.
Les accusations portent sur le manque de régulation dans ce domaine – en partie corrigé par la loi sur les pratiques psychothérapeutiques –, sur la mise en danger des personnes vulnérables, et sur l’invitation à une quête nombriliste tournée vers le souci de soi qui détournerait du souci du collectif, de l’autre.

Détour par l’histoire

En faisant un bref détour par l’histoire de ces pratiques, nous nous proposons d’examiner comment se déploie le développement personn...
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