Le Carême est un temps de joie, qui éclatera avec la résurrection, puis le temps pascal. La joie de découvrir que le Seigneur Jésus nous précède dans nos déserts et nos désirs les plus forts : trouver la personne qui nous rendra vraiment heureux, être sauvé de la menace qui pèse sur notre avenir ou notre profession, faire durer cette confiance personnelle et familiale, si fragile, nous réconcilier avec tel ou telle… La joie de la présence et de l’espérance nous rend accueillants à la vie et à l’événement.
Pour rayonner, cette joie a besoin d’être désencom­brée. Et l’Évangile nous suggère une méthode : le jeûne. La culture du fitness l’a d’ailleurs annexé depuis longtemps pour rendre notre corps plus sain et plus beau. Le jeûne recommandé par Jésus est différent : il consiste à refuser que « les pierres deviennent du pain », que tout soit assimilé à du consommable. Il s’agit donc de suspendre momentanément notre relation aux choses qui nous comblent, afin de creu­ser en nous un sens plus vif de Dieu, des autres, et donc de nous-même.
D’une certaine façon, le contexte social nous y en­courage. La préservation de l’environnement, le souci d’un développement durable, le nécessaire partage des richesses et le refus d’une économie dominée par l’argent, n’appellent-ils pas une forme de renon­cement, au profit d’une solidarité plus réelle avec les générations présentes et à venir ?