Ce petit billet libre vient faire écho à notre revue consacrée à La vie spirituelle des soignants, pour dire à nos soignants : merci...

Nous nous permettons de publier un extrait du livre de Claire Fourcade intitulé 1001 vies en soins palliatifs (Bayard-Christus, déc. 2011). La résistance des soignants à l'immédiateté des émotions dans un respect authentique du malade exprime ici la véritable écoute des familles.

Merci

 
Nous suivons ce patient depuis deux jours. Ce matin, il n'est plus sur la liste des patients hospitalisés. Il est donc décédé cette nuit.
Hier, sa famille est venue trouver mes collègues pour leur dire que « ça » ne pouvait plus durer, qu'il fallait que « ça » cesse.
Cela arrive, de temps en temps.
Prendre le temps d'écouter la détresse, le désarroi, le sentiment d'inutilité, la culpabilité...
Redire que ce temps est celui du patient, pas le leur, pas le nôtre.

« L'agonie ne sert à rien... Et alors ? (Isabelle Marin)

Ce n'est pas toujours facile. Parfois, les plaies sont si vives qu'il semble qu'on ne puisse être entendu ; parfois, rien ne semble avoir de sens.
Parfois, on a juste l'impression de ne pas être dans le ton, de débiter des formules creuses, inutiles, sans lien avec la souffrance extrême déposée par ces familles.
Exactement ce que Géraldine et Agnès disent avoir ressenti face à cette famille.
Il y a des jours où l'on se demande à quoi l'on sert et même si l'on sert à quelque chose...

Ce matin, avec la liste des patients, il y a un petit mot dans une enveloppe.
Déposé par la famille de M.R. juste après son décès.
Pour nous remercier.
« Vous faites un métier difficile. 
Et vous le faites bien.»
Merci à eux de prendre soin de nous.
 
Claire Fourcade, in 1001 vies en soins palliatifs, Bayard-Christus, déc.2011, pp.114-115.