Adrien Demoustier s.j. Lyon.
A publié :
Vers un bonheur durable : consolation-désolation selon saint Ignace (Vie chrétienne, 1992) et Les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola : lecture et pratique d’un texte (Éditions Facultés Jésuites de Paris, 2006).
Dernier article paru dans Christus : «
Temps pour Dieu en nos temps d’hommes » (n° 218HS, mai 2008).
Parution initiale du présent article : juin 1993.
 
Notre culture emploie volontiers le terme « fonction ». Ignace aurait parlé de « mode de procéder », de « manière de faire ». Quel est donc l’objectif de la manière de procéder de cette contemplation ? Elle se présente comme un point d’aboutissement de la démarche des Exercices spirituels, mais aussi comme une ouverture sur une forme de prière qui en est le fruit et qui pourra ensuite se pratiquer quotidiennement.
L’apprentissage vécu tout au long des Exercices débouche sur un nouveau point de départ, l’entrée dans l’exercice de la perception de la présence de Dieu en toutes choses et, en retour, de notre propre présence à Dieu en toutes ces choses. La Contemplation pour parvenir à l’amour est une piste d’envol pour entrer dans la découverte de ce qu’opère la Parole de Dieu en celui qui s’offre à son œuvre. Elle est source d’une prière ancrée sur les situations et d’une capacité à se déterminer au jour le jour pour œuvrer conformément à l’action divine.
Finale en point d’orgue, la Contemplation pour parvenir à l’amour correspond, d’une certaine façon, au Principe et fondement (23) et à la présentation des « examens » qui, l’un et l’autre, permettent l’entrée en première Semaine. Notre contemplation se situe à la confluence des deux démarches qu’initient d’une part le Principe et fondement, celle des quatre Semaines, et d’autre part la série des « examens » qui évoluera tout au long du parcours.
Cette contemplation n’est possible qu’au terme du parcours des quatre Semaines. Il conduit à une expérience d’union à Dieu dans la liberté de la prière, qui est aussi une entrée dans le silence du discours et un repos des images, dans un silence et le repos d’où peut naître une parole authentique et efficace ; une parole qui reçoit de se déployer alors dans un discours nouveau. Ce discours n’est plus recherche tâtonnante et onéreuse, mais élan spontané qui proclame le don de Dieu. Pourtant, cette liberté de s’exprimer dans la prière comme dans la relation aux autres reste articulée sur l’effort méthodique et la progression pédagogique qui ont permis d’y accéder. Elle les assume et les transforme. Ils deviennent moyens d’exprimer le don de Dieu qui se rend présent à tout ce qui est vécu.
Le chant du Cantique des créatures du Livre de Daniel est celui de trois hommes éprouvés par le feu d’une fournaise infernale ; celui de François d’Assise est composé par un homme presque aveugle en proie